AccueilLa UNETunisie : «Non, rien de rien (…) C’est payé, balayé, oublié»

Tunisie : «Non, rien de rien (…) C’est payé, balayé, oublié»

A réécouter les deux allocutions du nouveau chef du gouvernement, Youssef Chahed, devant l’ARP, on croirait entendre Edith Piaf chanter son «non, rien de rien. Non je ne regrette rien. C’est payé, balayé, oublié …».

Devant les députés, le fringuant quadra a presque tout dit, avec quelques chiffres que tout le monde connait. Il a, presque, bien diagnostiqué, mais n’a presque rien dit des moyens, précis et concrets, qu’il mettra en œuvre pour sortir de l’ornière de la bouteille où la Tunisie se trouve depuis 2011. A aucun moment il n’a essayé de donner une perspective ou des objectifs chiffrés. Et pour cause.

Chahed prend en effet les rênes dans l’espace exigu et déjà balisé dudit «Document de Carthage» qui lui fixe sa feuille de route sans lui donner, explicitement, la liberté des moyens. D’ailleurs, l’UGTT tout comme Ennahdha n’ont pas tardé à le lui rappeler, la première dans un communiqué officiel en date du 27 août où l’UGTT a renouvelé son engagement à respecter uniquement le programme du pacte de Carthage, et la seconde par la voix de son Cheikh.

  • Qui a parlé d’austérité ? Pas Youssef !

Youssef Chahed l’a peut-être oublié, lorsque dans son allocution de présentation de son gouvernement il se permettait de dire que «en 2017, nous serons obligés à une politique d’austérité » où «l’Etat sera obligé de réduire ses dépenses dans la santé, la sécurité sociale, obligé de licencier des milliers d’employés et d’augmenter les taxes. Une austérité à laquelle nous serions obligés si nous ne faisons rien en 2016».

L’après-midi même de cette journée, Chehed se rappelle qu’il est là pour un vote de confiance et qu’à ce jeu des chaises musicales où tout se paie au comptant, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire et qu’une reculade vaut mieux qu’une débandade. Et le quadra de se débiner pour affirmer, en le martelant deux fois, que «le gouvernement d’union nationale ne sera jamais, ne sera jamais un gouvernement d’austérité et ne fera aucun licenciement. Je n’ai jamais dit qu’on appliquera une politique d’austérité. J’ai dit si on ne fait rien aujourd’hui».

Le 7ème chef de gouvernement depuis la révolution avait pourtant avoué, le matin de la même journée, que la masse salariale dans la fonction publique était passée de 6,7 à 13,4 milliards DT, que 112 milles nouveaux recrutements ont été faits dans le public, sans compter les entreprises publiques, que le gouvernement doit faire face à des engagements d’augmentation salariale supplémentaire d’un montant de 1.615 MDT «auxquels il faut trouver une solution alors que le budget 2015 n’est pas encore clôturé», que la dette était passée de 25 à 56 milliards DT représentant 62 % du PIB, en augmentation de 21 points de base entre 2010 et 2016 !

Pensait-il résoudre tous ces problèmes dans les quatre mois qui restent de l’année 2016 pour remettre en cause, de manière aussi tranchée, l’option de l’austérité pour 2017 ??

  • C’est payé, balayé !

Chahed serait-il si naïf pour croire que les IDE reviendront au galop pour saluer son entrée à la Kasbah, que les investisseurs locaux débourseront aussi facilement les millions DT dans des régions aussi instables, politiquement et socialement, que le Sud ou le Sud-ouest et alors que le leader de l’UPR appelle à «décapiter l’Utica», que le phosphate se remettra dans les 4 prochains mois à couler sereinement de source remplissant de nouveau les caisses de l’Etat, que le FMI et la BM vont encore donner crédit à un Etat incapable de serrer sa propre ceinture pour redevenir bancable et capable de rembourser les 56 milliards DT qu’il ne génère plus, que l’UGTT lui fera cadeau de la trêve sociale de 2 ans au moins sans laquelle rien n’est possible et que l’ARP, source de tous les pouvoirs et véritable gouvernant du pays, le laissera gérer l’argent public par simple décision administrative ?

Monsieur le chef du gouvernement, réveillez-vous et souriez, vous êtes en Tunisie. Rappelez-vous aussi, en bon musulman, ce verset du Coran qui dit que Dieu ne change pas l’état d’un peuple si les individus ne changent pas ce qui est en eux !

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