AccueilLa UNETunisie : Oups ! Chahed se déjuge déjà.

Tunisie : Oups ! Chahed se déjuge déjà.

Une chanteuse tunisienne connue disait que «si les paroles étaient d’argent, le silence serait d’or». Il y a quelques jours, devant l’ARP dont il demandait la confiance, Youssef Chahed montait sur ses grands chevaux en évoquant la situation du secteur du phosphate. «Nous serons intransigeants à nous opposer à tous les sit-in non réguliers, tout en garantissant le droit à la grève tel qu’il figure dans la Constitution (…). Nous n’accepterons pas qu’un groupe se permette d’arrêter le travail dans une usine, une unité de production, en complète contradiction avec les lois du pays».

Personne ne fera remarquer alors au nouveau chef du gouvernement qu’il n’y a pas de Sit-in régulier puisqu’il s’agit généralement d’un acte délibéré pour arrêter le travail ou la production dans une entreprise ou un site. Personne ne lui fera aussi remarquer que le droit de grève, tel que donné à l’UGTT par la Constitution, qui ne protège par ailleurs pas le droit au travail, est absolu et sans aucune condition sauf celle de l’information.

Sitôt sa menace dite, manifestement avec légèreté et de manière frivole, la réponse lui vient du bassin minier où la production (qui a par ailleurs diminué de 60 % et se trouve au niveau de celle de … 1928, comme l’a dit le chef du gouvernement lui-même) a été une nouvelle fois arrêtée par un énième Sit-in. Il y a quelques jours en effet des manifestants empêchent les ouvriers de monter dans les bus pour rejoindre les sites de production et bloquent toute entrée et sortie du bâtiment de la compagnie à Metlaoui. Ils en voulaient à l’ancien chef de gouvernement, Habib Essid, de ne pas avoir tenu des promesses d’embauche. C’est donc un arrêt, intempestif et irrégulier du travail, tel que décrit par le nouveau chef du gouvernement lorsqu’il parlait de la volonté de son gouvernement à s’y opposer. Qu’a-t-il fait ?

Le chef du gouvernement en train de s’opposer, avec vigueur comme promis, à l’arrêt du travail dans les mines
Le chef du gouvernement en train de s’opposer, avec vigueur comme promis, à l’arrêt du travail dans les mines

Pour s’y opposer avec la rigueur promise devant des députés, Youssef Chahed (YC) réunit deux ministres, un député de la région et quelques représentants de la société civile avec, tous, la mine des mauvais jours selon la photo mise en ligne sur la page fb de YC. Comme son prédécesseur, le nouveau chef du gouvernement refuse d’agir et de faire prévaloir l’autorité de l’Etat sur les intérêts particuliers d’un groupe qui sait qu’il bénéficie, comme depuis 2011, de l’impunité. Chahed se déjuge ainsi, perd son premier bras de faire, avant même de l’avoir entamé, et lance un mauvais signal de mollesse et de fragilité à toutes les forces qui tenteront de l’empêcher, comme avec son prédécesseur, de sortir le pays de l’ornière.

Chahed (synonyme de témoin en langue arabe) a pourtant été témoin de l’issue de plus d’un bras de fer entre son ancien patron et la toute puissante centrale syndicale, comme s’en vantait mardi son SG en marge de la réunion de son BE. Manifestement, Chahed est un «témoin qui ne voit rien» !

Bientôt, il devrait aussi être témoin de nouvelles grèves et de Sit-in prévus par le syndicat de l’enseignement qui demande aussi l’application d’accord pris avec le prédécesseur de son prédécesseur. Après Gafsa, Chahed ne pourra être qu’un témoin passif.

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