Sarah Rjeb, la secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport, a tenu le 8 novembre 2017 la deuxième réunion pour examiner les moyens de redressement et même de sauvetage de la société des travaux ferroviaires, en présence notamment du PDG de la Sotrafer, Abdellah Nagati, un cheminot de carrière comme il est de coutume à la SNCFT, presque très peu ouverte aux compétences extérieures (derrière son ordinateur blanc sur la photo).

La Sotrafer est un établissement public créé en 1984, presqu’inconnu et dont on ne parle presque pas. La Compagnie des chemins de fer nationaux tunisiens (SNCFT) détient la totalité de son capital. Elle est spécialisée dans la construction et la maintenance des chemins de fer et la mise en œuvre de tous les travaux liés à la rénovation et l’entretien du chemin de fer. Comme l’OACA pour le transport aérien ou l’OMMT pour le maritime, sans pour autant en avoir l’aura et le prestige, c’est elle qui est en charge de l’infrastructure du transport ferroviaire en Tunisie et de sa maintenance.

En 2016, le chiffre d’affaires de la Sotrafer était de 18 MDT. Cependant, avec un total d’employés de 969 personnes, dont uniquement 25 cadres, et un très important parc de machine et de moyens de transport, l’entreprise terminait l’année avec une perte cumulée de 11,4 MDT. Il faut cependant noter que le bilan de cette entreprise publique a été fortement grevé par des charges de personnel d’un montant de 16 MDT au très faible taux d’encadrement qui en fait principalement une société de main d’œuvre et ne lui donne que très peu de marge de diversification de ses revenus et l’empêche de faire par exemple de la prospection et de la projection.

Comme toutes les entreprises publiques, les difficultés économiques et financières de la Sotrafer ont démarré après l’année 2011. La performance de l’entreprise a connu une baisse marquée, impactant de manière très perceptible et significative ses équilibres budgétaires. Et pourtant, cette situation n’est pas irréversible et il reste encore possible de redresser l’entreprise et d’en faire même un fer de lance, comme pour la Steg-International, dans l’exportation du savoir-faire tunisien. L’entreprise a déjà réussi à remporter certains projets sur les marchés étrangers, notamment au Cameroun où elle construit et renouvelle une moyenne de 100 kilomètres de voies ferrées par an, et en Arabie Saoudite où elle est sous-traitante de l’adjudicataire du marché de construction du marché d’une voie ferrée. Tout cela, sans oublier le budget de 15 MDT, annuellement prévu par la SNCFT pour les travaux sur ses sites.

Une des pistes de ce redressement dans le cadre d’une possible nouvelle vision globale du secteur des chemins de fer sur laquelle ne s’est toujours pas penché le gouvernement de Youssef Chahed, serait de couper le cordon ombilical avec une SNCFT qui l’étouffe et qui est l’une des causes de ses difficultés financières. Il n’est un secret que pour très peu, l’existence d’incidents de paiement et même d’impayés de sa maison-mère et son donneur d’ordre de travaux. L’Etat, propriétaire du site des chemins de fer depuis le début des années 2000 et qui fixe annuellement le fameux budget des 15 MDT, pourrai ainsi par exemple lui concéder ces sites et devenir son donneur d’ordres direct en lieu et place de la SNCFT pour le renouvellement des voies. Sotrafer pourrait ainsi devenir gestionnaire directe des voies de chemin de fer et pourrait réaliser les projets d’extension, les travaux de réalisation des voies sur la base du programme de la SNCFT qui en restera l’exploitant. Cela aidera à une meilleure gouvernance des sites ferroviaires par la séparation entre l’exploitation, et la construction et la gestion, évitera les gaspillages, en temps et outils de travaux, et allégera la SNCFT.

Khaled Boumiza

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