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4 doubles-ministres, un joker, un Chahed qui joue double, et toujours pas de chef de gouvernement

La Choura d’Ennahdha l’a avoué dimanche. Les négociations pour la proposition d’un chef de gouvernement, trépignent et trébuchent. Ennahdha veut la totale, le perchoir (Poste de président de l’ARP) et la Kasbah. Ennahdha les a laissés tomber, ou ils ont refusé la cohabitation, mais Qalb Tounes et Tahya Tounes resteront dans l’opposition. Il ne restait donc à Ennahdha qu’Attayar de Mohamed Abbou, et le MP (mouvement Populaire) de Maghzaoui, pour accepter, à leurs conditions, de mettre la main dans le cambouis politique du parti islamiste. Ce dernier tient à avoir la totale et se retrouve ainsi, jusqu’à dimanche, dans l’impossibilité de trouver «l’oiseau rare». On n’est pas sorti de l’auberge. Mais souriez, vous êtes en démocratie !

  • La démocratie tunisienne, du rêve aux désillusions

La démocratie « made in Tunisia » aura finalement été unique, et s’est même surpassée en cette année 2019. Elle nous a d’abord donné cette image idyllique d’un chef d’État auquel son peuple dit au revoir dans le plus beau des tableaux d’un réel chagrin rayonnant de compassion et d’empathie. C’est ensuite cette autre image solennelle d’une jeune démocratie qui n’a rien à envier aux plus ancrées dans l’histoire, où président de l’ARP et chef de gouvernement, émus presqu’aux larmes, décident d’appliquer la Constitution à la lettre et installent un président temporaire dans l’attente d’élections anticipées. Le tout dans le calme le plus absolu, sans police ni armée dans la rue.

Une jeune démocratie, où la transition se fait sereinement et dans le plus stricte respect de la Constitution, avec un passage de témoin qui a ébahi quelque part le monde.

Ce sont ensuite des élections, rocambolesques, avec presqu’une trentaine de candidats qui se déchirent avec les moyens les plus technologiques, dans des conditions des plus débridées. Tellement débridées qu’on verra y participer des personnes louches de tous genres, avec des antécédents judiciaires et qui ne paiement pas leurs impôts. Le tout dans une impunité de fait, et acceptée par tous dans un silence des plus coupables. Et plus on avançait dans cette élection, plus on aura de burlesque, avec un second tour qui aurait de quoi faire une pièce de théâtre surréaliste, ou film de fiction «politico-comico-judiciaire», où l’un des candidats était en prison, alors que l’autre le défendrait presque, en décidant de ne plus faire campagne. On passera sur le résultat qui punira toute la classe politique et portera au pinacle un antisystème qui ne possède du programme que l’idée, pour qui libérer la Palestine était plus important que de libérer la Tunisie de sa grave crise économique. Nous disons cela, nous ne disons rien, car chacun est libre de ses conversations. Presque tous les rois et chefs d’État salueront le nouveau venu en politique, sauf Donald Trump.

Le nouveau chef de l’État prendra gauchement ses quartiers hors du palais et commence à s’occuper de tout, sauf du plus urgent. Mais cela ne semblait déranger personne. Politiciens de tout bord étaient d’abord occupés à faire recours auprès de tous les tribunaux du monde pour un siège de plus. Ils se sont ensuite occupés à palabrer sans fin sur le sexe (politique) de l’ange qui ira au paradis de la Kasbah, alors que le parti politique « gagnant » savait qu’il ne le fera arriver à la kasbah sans les 109 voix qu’il n’aurait pas sans faire encore plus de concessions dangereuses pour son avenir.

Et c’est tout cela qui fait encore la spécificité d’une démocratie, encore sous entraînement. Une démocratie-simulacre dans un pays, pour qui, il est plus important libérer la Palestine que de travailler encore plus pour produire encore plus, exporter encore plus, diminuer sa dette et réaliser la vraie dignité par la vraie indépendance de décision qui ne peut venir que de l’indépendance financière. Il est vrai que le nouveau chef de l’Etat n’a jamais promis ou donné un projet pour faire tout cela !

Une nouvelle spécificité de la démocratie à la tunisienne, où l’Etat se retrouve dirigé par un chef de l’Etat qui palabre et fait plus de câlins plus qu’il ne fait d’action ou ne prend de décisions pour sortir de « Ounk Ezzoujaja », ou «goulot de la bouteille».

Un chef de l’Etat, qui refuserait presque de se prendre au sérieux, en se faisant représenter à l’étranger par son ancien concurrent et chef de gouvernement sortant. Un gouvernement, toujours en place, et qui termine son mandat, en révoquant deux de ses membres à quelques semaines de la fin officielle de leurs ministères, et démissionnera 5 autres de leurs fonctions, pour changement de résidence, du palais de la Kasbah au palais du Bardo.

Et alors que son chef fait double jeu entre Carthage et la kasbah, ne travaillant presque qu’entre deux voyages (Russie, Algérie et la France, et qui sait encore), il a dans son équipe, qui se rétrécit comme peau de chagrin (ce qui n’est pas mauvais après tout), 4 ministres à double casquette, travaillant entre deux bureaux, et jouant les apprentis sorciers dans une économie à l’agonie. Ce n’est pas pour les diminuer, mais juste pour mettre l’accent sur le très peu de ce qu’ils pourront faire de concret dans une position d’entre deux chaises. Il ne faut pas, non plus, oublier les deux autres personnalités de l’équipe de Youssef Chahed. Il y a d’abord Iyed Dahmani, qui n’est plus porte-parole dans un Etat (la présidence aussi, n’a plus de porte-parole) qui n’a manifestement rien d’intéressant à dire. On ne finira pas sans oublier Radhouane Ayara, le joker que Chahed sort de sa poche, pour le remettre en selle au ministère des Domaines de l’Etat, après l’avoir démis du ministère du Transport. On ne sait pas s’il battra le record de ses deux précédents en recouvrement de parcelles de terrains de l’Etat, impunément usurpés par les privés. Et il y a, enfin, le conseiller du dossier fiscal, Fayçal Derbel, démissionnaire aussi pour raison de députation sur les listes d’Ennahdha. Qui a fait mieux que cette démocratie à la tunisienne ?

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