AccueilLa UNEL'archipel Kerkennah, région tunisienne la plus exposée à la montée des mers

L’archipel Kerkennah, région tunisienne la plus exposée à la montée des mers

Les îles  Kerkennah risquent d’être gravement affectées par le changement climatique et plus particulièrement par l’élévation du niveau de la mer. L’alerte a été lancée par le géologue environnementaliste tunisien Adel Azouni qui note que les communautés locales s’organisent pour résister et s’adapter à ces changements écologiques.

C’est que l’archipel, caractérisé par un relief plat d’une altitude maximale de 13 mètres, est particulièrement vulnérable à la montée du niveau de la mer, qui conduirait vraisemblablement à une submersion sous-marine partielle, voire totale. En effet, selon le rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat en 2019, le réchauffement climatique est responsable d’une élévation du niveau des mers observée depuis la fin du XXe siècle et davantage anticipée dans le futur. Des îles comme Kerkennah sont les plus touchées par ce phénomène, bien qu’elles aient à peine contribué au réchauffement climatique ; l’impact de l’élévation du niveau de la mer pourrait être important d’ici 2020-2050 et pourrait potentiellement atteindre plus de 50 centimètres d’ici la fin de ce siècle, selon une étude scientifique, citée par le scientifique dans une analyse publiée par le think tank Institut Tahrir pour la politique au Moyen-Orient (TIMEP).

« Plusieurs parties de l’archipel des Kerkennah vont disparaître d’ici quelques années ; la montée du niveau de la mer représente un réel danger pour les îles et la population locale », déclare, pour sa part,  Mehdi Ben Haj, vice-président de l’association Blue Season qui s’engage pour la protection du littoral et de l’environnement maritime en Tunisie.

Une  carte de Climate Central illustre l’impact de l’élévation du niveau de la mer s’il atteint 50 centimètres au-dessus de la ligne de marée haute. Dans ce cas, des parties importantes de Kerkennah disparaîtront, ayant un impact incommensurable sur leur faune, leur flore et la communauté locale.

De plus, la Méditerranée devient vite la mer qui se réchauffe le plus rapidement, avec des températures qui augmentent de 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale et le niveau de la mer qui devrait augmenter de plus d’un mètre d’ici 2100. En conséquence, de nouvelles espèces adaptées aux températures plus chaudes de l’eau ont migré vers la mer Méditerranée, menaçant les espèces locales.

Et pour ses habitants, la vie sur ces îles devient de plus en plus difficile, la mer devenant de moins en moins généreuse à cause de la pollution, de la surexploitation des ressources, ainsi que des crabes bleus envahissants venus d’Asie astucieusement surnommés « Daesh » en raison de leur impact destructeur sur l’écosystème de l’île. « Ils l’appellent Daesh parce qu’il détruit tout », explique Souhail Baabaa, membre de l’association Jeunes Sciences Kerkennah.

Survie et conservation

Le seul espoir pour les insulaires de Kerkennah aujourd’hui est de s’adapter aux impacts du changement climatique. Plusieurs associations environnementales des îles travaillent à sensibiliser la population locale au changement climatique, comme la Young Science Association Kerkennah, une association d’éducation à l’environnement et au développement durable qui travaille avec les pêcheurs pour améliorer leur résilience face au changement climatique. En particulier, ils visent à soutenir leur adaptation au crabe bleu envahissant. « Nous travaillons fréquemment avec des pêcheurs, qui sont au premier rang des personnes les plus touchées par les effets du changement climatique sur l’île. Le crabe bleu représente une barrière pour leur travail ; il est considéré comme leur ennemi, mais nous organisons quand même des événements scientifiques afin d’encourager l’adaptation aux espèces envahissantes ainsi que la protection des espèces en voie de disparition comme les tortues marines », explique Baabaa.

Le travail de la société civile à Kerkennah a joué un rôle majeur dans la conservation des tortues marines sur les îles. Les pêcheurs sont aujourd’hui les principaux acteurs de la sauvegarde de ces espèces menacées, réalisant parfois des opérations de sauvetage qu’ils partagent en ligne avec les membres de l’association TunSea, une plateforme de sciences participatives qui vise à promouvoir les initiatives pédagogiques et l’échange d’informations sur les sciences marines. « Notre objectif via TunSea est de créer un écosystème où divers acteurs comme les scientifiques, les pêcheurs, les associations, les jeunes, tout citoyen amoureux de la mer, sont interconnectés et réunis autour d’une passion commune. Notre objectif est d’échanger des informations, de renforcer la coopération, ainsi que d’éduquer et de sensibiliser la communauté », explique Emna Derouiche, membre de l’organisation.

Entre la menace du changement climatique et l’aggravation de la situation économique en Tunisie, Kerkennah est devenue très vulnérable, tandis que l’État reste silencieux et apparemment non préparé à sauver l’île. Plus inquiétant encore, l’État reste impuissant à protéger une population attachée à sa terre.

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