Secouée ces dernières années par diverses crises dont la pandémie du coronavirus, l’activité touristique en Tunisie n’en affiche pas moins une évolution depuis quelques mois, selon les données officielles.
Mais pour que le secteur rebondisse, il est impératif d’œuvrer à sortir de la saisonnalité, améliorer l’environnement autour des unités hôtelières, miser sur une approche inclusive et changer les textes de loi, estiment plusieurs experts dont Narjes Bouasker, présidente de la Fédération régionale de l’hôtellerie à Nabeul.
« C’est vrai, il y a une reprise progressive de l’activité avec des réservations même pour le mois d’octobre prochain mais les chiffres jusque-là réalisés sont toutefois loin de ceux enregistrés en 2019, avant la crise du coronavirus », a-t-elle affirmé à l’Agence TAP.
Le résultat est presque le même pour toutes les zones touristiques (Djerba, Hammamet, Sousse,…) et ce grâce au retour graduel des marchés traditionnels (français, italien, allemand, belge et anglais).
« Malgré cet optimisme, il faut rester vigilant car le secteur ne pourra plus supporter une nouvelle crise surtout avec la réapparition de nouveaux cas de coronavirus », a-t-elle conseillé.
Nouveau profil de touriste
Pour elle, il est temps pour que notre définition de la profession change et œuvrer à adopter une approche inclusive du tourisme, en fonction de laquelle tous les partenaires (hôtels, agences, municipalités,…) travaillent en étroite coordination, collaboration et interaction pour créer un environnement diversifié et riche (parcs d’attraction, festivals, sites culturels, valorisation du patrimoine,..).
Il s’agit également de stimuler un nouveau profil de touriste curieux, qui fait lui-même sa réservation, qui ne veut pas passer toute la journée à l’hôtel, qui préfère sortir et découvrir l’environnement et l’extérieur de l’hôtel car pour un touriste le voyage c’est avant tout une destination et non pas un hôtel, a-t-elle fait remarquer.
Secteur inondé de textes
Les textes et lois actuels ne sont plus adaptés aux besoins de l’activité et ne permettent pas d’opter pour des choix stratégiques qui développent le secteur dont l’adoption du principe de l’Open Sky à l’instar du Maroc et la mise en place des crédits de campagne aux unités hôtelières qui ont connu des difficultés financières pendant le coronavirus.
En plus d’être lestée par les textes, estime Mme Bouasker, l’image du secteur s’est dévaluée auprès de la main d’œuvre et des jeunes formés en tourisme qui ne croient plus en cette activité en tant qu’avenir surtout avec son aspect de saisonnalité.
Ces problèmes et bien d’autres ont certainement un impact négatif sur la qualité du produit. Pour y remédier la profession propose des suggestions et l’Etat élabore des stratégies.
Quelle valeur ajoutée pour le secteur ?
Dans ce sens, ajoute la même source, l’effort devra être axé sur les moyens d’apporter de la valeur ajoutée pour le secteur, attirer un grand nombre de touristes sur toute l’année et éviter de se limiter à la saisonnalité.
Elle a cité l’exemple de la nécessité de se préparer à l’avance au niveau de la logistique et la fourniture de produits pour accueillir les touristes venus des pays voisins et mener des actions pour drainer davantage de touristes russes.
Autre créneau, renforcer le partenariat public privé et l’approche inclusive dans le secteur du tourisme, de manière qui permettra de diversifier les activités culturelles dans la ville (carnaval, festival cinéma,…), créer des programmes d’animation pendant toute l’année, mener des campagnes de propreté près des plages et des trottoirs (collecte des plastiques, interdire, des déchets de construction,..) car jusqu’à présent les retours des clients sur l’environnement aux alentours des hôtels ne sont pas positifs et par conséquent le touriste renoncera à sortir de l’hôtel et à dépenser de l’argent à l’extérieur et ce qui représente une perte de ressources pour les artisans et petits métiers de voisinage, a-t-elle déploré.
Par ailleurs, la même source a souligné le besoin d’instaurer des contrats de permanent-saisonnier qui a vocation à combler le manque en main d’œuvre dans plusieurs spécialités (femmes de chambre, cuisiniers, réception, accueil, barmans,..).
A noter que le Cap Bon concentre le quart de la capacité totale d’hébergement touristique de la Tunisie, avec environ 152 établissements hôteliers disposant de plus de 52.000 lits.