AccueilLa UNEAutogestion agricole : Le prototype oasien !

Autogestion agricole : Le prototype oasien !

une date qui offre l’opportunité de se pencher sur les problèmes, manifestement nombreux et complexes, qui secouent l’agriculture du pays. Il y est rituellement question de sous-production, de défis climatiques, de morcellement des propriétés,  d’endettement, mais rarement de réforme agraire et de gestion des terres.
Pourtant-et les observateurs étrangers commencent à s’y intéresser-, il se développe dans le Sud du pays un prototype de gestion agricole  dont le cadre est une palmeraie, située à Jemna  où les palmiers produisent certaines des meilleures dattes du pays d’Afrique du Nord.

La localité, qui compte environ 8 000 habitants, est devenue  une expérience unique d’autogestion agricole en Tunisie, un projet à but non lucratif géré par une communauté locale qui réinvestit tous les bénéfices localement.

Les habitants ont fondé l’Association pour la protection de l’oasis de Jemna (ASOJ), qui gère le bosquet où  une cinquantaine de personnes travaillent à plein temps, recense un reportage de l’AFP, relayé par maints sites dont phys.org.

Pendant la saison des récoltes, les 12 000 palmiers-dattiers fournissent du travail à 160 personnes, soit 10 fois plus qu’auparavant. Les deux tiers d’entre elles sont des travailleurs saisonniers.
« La situation est bien meilleure qu’avant », se félicite un résident qui y travaille. « J’ai un emploi stable ».

Des résultats visibles

Les résultats sont visibles au-delà du bosquet lui-même, la production ayant généré près de 14 millions de dinars (environ 4,5 millions de dollars) au cours des 15 dernières années.

Un marché couvert, un terrain de sport, des laboratoires informatiques dans les écoles, des bourses et des fonds pour d’autres groupes… l’association a créé davantage d’opportunités dans une Tunisie très endettée où les ONG ne reçoivent que peu ou pas de financement du gouvernement.
« Ils aident même les étudiants à obtenir une aide financière », a-t-il déclaré à propos de l’ASOJ.
UTAIM, une autre association locale qui travaille avec des enfants handicapés, dispose d’une source de revenus constante depuis que l’ASOJ lui a fait don de 50 palmiers.

« Ils nous ont donné une source stable de revenus », a déclaré à l’AFP la directrice de l’UTAIM, Halima Ben Othman.

Sit-in pacifique

« Les jeunes de Jemna ont décidé de réclamer la terre de leurs ancêtres », qui, selon le  directeur de l’ASOJ, Tahar Ettahri, a été pillée depuis la colonisation française.

Pendant ce temps, ils devaient continuer à produire des dattes.

Des citoyens ordinaires ont donc formé une coalition, et une collecte de fonds communautaire a permis de réunir quelque 34 000 dinars (environ 10 000 dollars) auprès de plus de 800 contributeurs, afin de financer le projet dès son lancement.

« Nous nous sommes réunis dans le but d’améliorer le bien-être de notre communauté », a déclaré  Ettahri.
« Nous venions d’horizons idéologiques différents, mais notre intérêt commun pour Jemna nous a unis. C’est peut-être pour cela que nous avons réussi.
Dans son livre « Jemna, l’oasis de la révolution », le sociologue Mohamed Kerrou l’a qualifiée d’héritage unique des idéaux qui ont déclenché le printemps arabe.

Selon  Ettahri, ces idéaux découlent d’un sens aigu de la justice sociale et d’une propension au bien commun.
La ville dispose d’un espace public, l' »Agora Jemna », où les gens reçoivent un micro et s’expriment librement pour discuter d’un problème ou pour proposer des projets que les habitants soumettent au vote.
Station de triage

Malgré son succès, avec des revenus de 1,8 million de dinars dès la quatrième année d’autogestion, Jemna a dû se battre contre les gouvernements post-révolution pour préserver son modèle.
Aujourd’hui, 15 ans plus tard, les habitants attendaient toujours de « régler légalement la question avec l’État ». Il ne s’agissait pas d’une lutte contre les autorités : les habitants ont demandé à louer le bosquet et étaient prêts à payer 15 ans d’arriérés de loyer.

Pour se conformer à un décret instaurant des « entreprises citoyennes », qui citait Jemna en exemple, l’ASOJ a créé une « société communautaire ».
Elle compte 334 membres – bien plus que le minimum requis de 50 membres – et tous insistent sur le statut de bénévole, un autre aspect unique parmi les entreprises de ce type. « C’est beaucoup de membres, mais l’idée est de représenter sociologiquement tout le monde », a déclaré Ettahri.

Le groupe vise maintenant à lancer une usine pour trier et emballer les dattes localement, offrant ainsi un emploi toute l’année à 100 femmes.

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