AccueilCultureBourguiba sur le divan du psychanalyste Fethi Ben Slama

Bourguiba sur le divan du psychanalyste Fethi Ben Slama

« Bourguiba est une figure tragique du destin humain, il passe de la gloire a la descente aux enfers de la souffrance psychique », une phrase du psychanalyste Fethi Ben Slama qui résume le portrait d’un homme et d’un président hanté par  » l’idée de l’exception « .
C’est l’un des éléments majeurs qu’on puisse retenir de l’exposé de cet universitaire et auteur de plusieurs ouvrages, présenté au démarrage, jeudi, du Colloque international « Habib Bourguiba, le fondateur » qu’abrite les 1er et 2 juin le siège de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beit al-Hikma. Ce colloque de trois jours est organisé par l’Académie en partenariat avec l’Association des études bourguibiennes et les Archives nationales de Tunisie qui accueilleront les travaux du samedi 3 juin.
Des aspects et des traits de la personnalité de Bourguiba, peu connus, étaient délicatement révélés et méthodiquement abordés par le psychanalyste dans son intervention qui s’intitule  » Bourguiba, le destin psychique d’une ambition « .
En se basant sur des faits et des confessions de Bourguiba lui-même, dans ses discours et notamment ses fameuses conférences de l’IPSI (Institut de presse et des sciences de l’Information), le psychanalyste brosse le portrait d’un Bourguiba que peu de gens connaissaient « .
« La maladie de Bourguiba est une réalité « , admet l’orateur, tout en expliquant qu’ » il n’y pas un jugement moral sur une maladie psychique « .
Ben Slama présente une analyse qui met en cause divers éléments dans ce qu’il qualifie de  » conséquences politiques  » d’un président qui luttait sur tous les fronts, physique et psychique. « L’affaissement et la maladie psychique de Bourguiba a fait prendre du retard à notre pays », estime le conférencier.
Cette déduction a été faite suivant une chronologie des événements marquants dans la vie d’un président et d’un homme habité par la culpabilité. Il luttait contre le fait d’avoir été  » un enfant de malheur « .
Dans son intervention Ben Slama, lève le voile sur la hantise de l’enfance ayant plané sur un grand chapitre de la vie de Bourguiba, le président et avant tout l’homme. La santé psychique du premier président tunisien est une question qui préoccupe Ben Slama d’un point de vue scientifique basé sur  » la vie psychique de Bourguiba et de son ambition ».
Dans un exposé fort intéressent et en se référant toujours à des éléments biographiques, il a évoqué la personnalité puissante de Habib Bourguiba et sa grande ambition qui s’est affirmée, dit-il, au sortir de l’adolescence quasiment « . Les interprétations scientifiques font le lien entre cette ambition et la maladie psychique de Bourguiba dans la dernière partie de sa vie.
Avec le temps, les luttes et les combats successifs,  » l’idée d’exception  » qui le motivait notamment depuis sa brillante réussite scolaire au baccalauréat, a été elle aussi usée « .
Ben Slama tient à souligner que ces éléments sont importants mais n’expliquent pas tout sur Bourguiba. Dans sa lecture du personnage, il suit une méthode d’interprétation qui part de la maladie psychique de Bourguiba. Cette méthode adoptée par les psychanalystes, part des  » symptômes psychiques qui dit-il, nous permettent d’aborder le mieux les structures d’une personnalité. « 
Deux évènements ont contribué au déclenchement de sa maladie psychique;  » la crise de 1967, ensuite l’échec politique de la collectivisation en 1969 que Bourguiba a vécu très cruellement « .
Bourguiba était ensuite entré dans plusieurs phases allant de  » la mélancolie « , à  » la psychose maniacodépressive « , ancienne appellation de « la bipolarité ». Ben Slama explique une maladie  » circulaire  » que Bourguiba va endurer pendant 17 ans au moins jusqu’à ce qu’il fini par perdre ses moyens malgré les traitements, notamment à Genève, auprès des meilleurs médecins de l’époque.
Le traumatisme chez Bourguiba s’est lié au deuil impossible de sa mère qui l’a beaucoup marqué. Celui qui a toujours été l’incarnation du héro pleurait toujours sa mère du haut de ses 70 printemps.

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