AccueilLa UNECe n’est pas assez, mais cela sera suffisant

Ce n’est pas assez, mais cela sera suffisant

Partie le 9 octobre 2022 à Washington, avec sous les bras un gros dossier de réformes à financer, la délégation tunisienne aux AG d’automne du FMI (Fonds Monétaire International) ne rentrait pas les mains vides, contrairement à ce que prédisaient tous les Cassandre financiers en Tunisie. Et c’est l’essentiel.

Le 15 octobre 2022, une semaine après le marathon des réunions à Washington, le FMI annonçait que « les services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenus à un accord au niveau des services pour appuyer les politiques économiques de la Tunisie par un accord au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) d’une durée de 48 mois et pour un montant d’environ 1,9 milliard de dollars ».

  • Bouden, Nemssia et El Abassi ont cassé les prédictions des Cassandre

En éternels insatisfaits, ceux qui critiquaient ce jour-là le faste du cortège présidentiel, à Bizerte pour célébrer le 59ème anniversaire de l’évacuation, en temps de crise de carburants, ne retenaient que le chiffre des 1,9 Milliard USD (Plus de 6, 196 Milliards DT), le comparant aux 4 Milliards USD attendus par le gouvernement tunisien, et le jugeant insuffisant.

Ces mêmes critiques acerbes en oubliaient cependant de célébrer, en ce même 15 octobre, la réussite de la même Tunisie d’avoir pu convaincre le gotha mondial des finances de la capacité de l’économie tunisienne à rebondir et dépasser la crise. Comme toute banque, le FMI ne prête pas aux entreprises dont les perspectives sont non-bancables. Et même s’il va falloir passer par plus d’une Revue trimestrielle pour que le décaissement des 1,9 Milliard USD ait lieu, la performance de confirmer les bonnes impressions laissées par la rencontre Bouden-Kristalina en mai dernier, et de les concrétiser désormais par un « « nouveau programme, élaboré par les autorités tunisiennes et appuyé par le FMI, qui vise à rétablir la stabilité macroéconomique, à renforcer les filets de protection sociale et l’équité fiscale, et à accélérer les réformes favorisant un environnement propice à une croissance inclusive et la création d’emplois durables » selon les termes de l’accord. 

  • Les bienfaits du SLA et ses véritables objectifs

La ministre des Finances Sihem Nemssia l’avait dit à plusieurs reprises, et le gouverneur de la BCT Marouane El Abassi l’avait longuement répété lors de sa dernière rencontre informelle, le 6 octobre, doit 3 jours avant de s’envoler pour Washington, avec la presse. Ce n’est pas tant le montant de l’accord avec le FMI qui compte que le SLA (Staff-Level-Agreement) qui est le sésame qui devra ouvrir les portes des bailleurs de fonds pour la Tunisie. Un document, non seulement capable de réviser vers la hausse la note de certaines agences de Rating, comme Moody’s qui menaçait de rétrograder la note souveraine de la Tunisie, en cas d’absence d’accord avec le FMI.

Le SLA signé, il est désormais permis d’espérer que la cabale de Moody’s contre la Tunisie cessera  ou au moins observera un break. Et c’est là, à notre sens, le 1er véritable bénéfice, au-delà de tout montant qui ne sera jamais assez suffisant pour toute économie qui ne compterait que sur le FMI pour se relever, du dernier accord signé avec le FMI.

Le 2ème bénéfice majeur du dernier SLA, et non des moindres, est de faire bénéficier les finances tunisiennes d’une trêve, capable de retenir la glissade du Dinar tunisien vers plus de dévaluation par rapport aux monnaies étrangères, et on connaît tous l’effet change sur les importations tunisiennes, notamment en produits de base.

Mais aussi, une trêve qui ouvre grandes pour la Tunisie, les portes d’autres emprunts, politiquement moins contraignants, et donc plus facilement dépensables dans d’autres rubriques du budget, comme les salaires et les retraites, sans que le FMI ne s’en préoccupe et n’en réprimande le gouvernement tunisien. D’ailleurs Les obligations internationales de la Tunisie ont bondi de 4 cents pour atteindre des sommets mensuels lundi. Celles libellées en euros émises par la BCT ont enregistré les gains les plus importants, l’obligation 2023 ayant gagné 4 cents en euros pour s’échanger au-dessus de 82 cents, selon les données de Tradeweb. Les obligations libellées en dollars ont également progressé, l’obligation 2027 ayant gagné 2,8 cents en dollars pour s’échanger à un peu plus de 64 cents.

  • Payer la dette n’est pas le plus important. Financer la relance, oui !

Au jour d’aujourd’hui, la Tunisie dispose de plus de 23 Milliards DT en devises, quatre fois le montant en DT de l’accord avec le FMI et couvrant 105 jours d’importation pour un pays qui n’a jamais arrêté de payer au comptant ses dettes, locales et étrangères, rubis sur l’ongle. Ce n’est donc pas l’urgence de payer sa dette qui préoccupe l’Etat tunisien, ni les moyens financiers pour le faire, mais plutôt les moyens de relancer l’économie, sans arrêter de payer sa dette, et sans trop de dommages sociaux sur les catégories les plus fragiles aux réformes à entreprendre. Et c’est ce à quoi, nous assure-t-on du côté de la délégation tunisienne à Washington, seront dépensés les 6 Milliards DT que déboursera le FMI, certainement par tranches et au prorata des réformes réalisées par le gouvernement. Pour le reste de ses besoins urgents, la Tunisie aurait déjà reçu des offres financières, notamment de l’Arabie Saoudite et de l’Union Européenne, qui étaient auparavant conditionnées par le SLA. Ce dernier obtenu le 15 octobre 2022, les promesses, saoudienne et européenne, ne tarderaient pas à se réaliser et se mettre en place. Fort du SLA aussi et de ses effets induits que nous énumérions plus haut dans cet article, ministère des Finances et BCT ne devraient tarder non plus à partir en « road-shows » sur les marchés financiers, pour mobilier plus aisément, et certainement à coûts plus bas qu’en juin ou juillet derniers, ce qui reste des besoins financiers qui feront l’ossature du budget de l’Etat pour l’exercice 2023 et sa loi de finance. Mais …  

  • Le Warning, à juste titre, d’un ancien ministre

« Que chacun comprenne que le fonds n’est pas une solution en soi. Il nous a donné 750 millions de dollars en 2020, sans conditions et au motif de la lutte contre le Corona. Il nous a donné en 2022 l’équivalent de 750 millions de dollars ou l’équivalent de notre part en DTS et gratuitement. En deux ans, sans réformes ni autres conditions, nous avions obtenu à peu près le montant que nous obtiendrons dans cet accord pour une période de quatre ans et par tranches. Le montant est le plus bas qui puisse être obtenu dans la catégorie de l’accord prolongé. Mais il est égal à ce que nous avons obtenu en 2013 dans le cadre « Stand-by » pour une durée de 18 mois », fait remarquer l’ancien ministre Taoufik Rajhi dans un Post fb.

Et Rajhi d’ajouter, à juste titre, que « ce que nous avons obtenu précédemment n’a pas empêché la catastrophe qui s’abat sur l’économie nationale depuis le Coronavirus, et ce que nous obtiendrons ne résoudra pas les problèmes de l’économie tunisienne, et essentiellement la détérioration des grands équilibres. La solution est claire et évidente, et c’est de faire ses devoirs de réformes par nous-mêmes ». Le FMI les résume pour la Tunisie en 9 points. Tout cela devrait se faire, mais pas avant la fin de l’agenda politique du chef de tout l’Etat qui ne se terminera pas avant la constitution de l’ARP à la Saïed.

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