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Ce que nous cachent les djihadistes ?

Les téléspectateurs ont été surpris par l’attitude et les propos du djihadiste Abou Zaid Ettounsi , sur la chaîne Ettounsia , dans la soirée de jeudi 21 mars 2013.

Son physique de dandy avec une chevelure gominée et bien entretenue réfléchit l’image d’une jeunesse apolitique, désœuvrée et dorée, ce qui ne semble pas convenir à la vocation de djihadiste qu’il s’emploie à cultiver . Son parler levantin tranche avec l’homme de principe qu’il affiche, et il est vite trahi par des lapsus qui dévoilent non seulement son train de vie en terre de révolution, mais ,également ,les véritables motivations de son engagement « révolutionnaire  » . Il possédait en Syrie une voiture, de l’argent , une maison , et peut-être une famille . En un mot, il menait une vie de nabab , dans un pays meurtri, où les citoyens n’ont pas de quoi vivre . Ces biens provenaient du butin de guerre.

Abou Zaid reconnaît , lui , l’adepte du font Ennosra, filiale maison d’Al Qaida , qu’il a dévalisé uniquement des casernes , mais ceux qui spoliaient les familles , ce sont les gens de l’Armée libre qui sont des supplétifs de Bachar , déserteurs et le plus souvent agents doubles , selon ses dires .

Par-delà ses dehors de farfelu et son discours , se profilent des vérités qui interpellent .

D’abord, l’atmosphère générale de cette Révolution. Engagée par un peuple assoiffé de liberté, elle est vite pervertie par les puissances et les lobbies régionaux et mondiaux, et dénaturée par des enjeux géopolitiques globaux. On n’est pas en présence d’une révolution portée par un idéal et régie par une discipline rigoureuse , comme on en a vu au Sud -est Asiatique, en Afrique ou au Moyen-Orient, mais d’un creuset de bandits où on entre et en sort , à sa guise et où tous les coups et marchandages sont permis . L’argent coule à flot, on en prend et en donne comme on veut, les armes viennent de partout, elles sont à utiliser pour tuer , et aussi à vendre .

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Les « révolutionnaires « ,eux, sont d’une autre extraction .Ils s’apparentent à des mercenaires. Chaque Etat a les siens, et un agenda propre qui les guide . Sur le terrain, ces « révolutionnaires  » sont, d’après Abou Zaid, de deux sortes : ceux qui sont sur le front , et il est de ceux-là , et ceux qui se barricadent en retrait , pour engranger les dividendes , passer les marchés , et recevoir des galons . Il schématise, pour illustrer ses propos : les étrangers sont en première ligne , les qualifiant , au passage , de Mouhajirines avec une forte connotation sacrée ,et , en face, les Syriens qui laissent les autres faire la guerre civile à leur place . On est là donc devant une hiérarchie amusante : les européens, américains et responsables des pays du Golfe qui donnent argent et armes aux syriens pour faire la Révolution, et voici ces mêmes syriens qui font venir des étrangers pour faire cette Révolution à leur place. Le schéma classique de la division internationale du travail, où les « traders « , pour puiser dans le nouveau jargon à la mode, ne sont autres que les réseaux installés et activés à la faveur de l’accès des partis islamistes au pouvoir dans les pays de la région.

Une question cruciale, a été unanimement soulevée , et que Néji Bghouri a fini par poser de manière crue sur le plateau  » d’Ettasia Masaan  » : Si une formation laïque prend le pouvoir en Tunisie ,aux prochaines élections , est-ce que vous prenez les armes pour la combattre ? La réponse de Abou Zaid Ettounsi est sans équivoque : oui, nous le ferons.

Sous cet angle, on comprend que les réseaux de recrutement de djihadistes ne se livrent pas à un jeu . Ils savent ce qu’ils font, et le font avec méthode. Ils inscrivent leur effort dans le grand projet de l’islamisation de la région et de la Tunisie, spécialement. La conjoncture actuelle qui a propulsé les islamistes au pouvoir, doit être, selon eux , exploitée au maximum , pour rendre cet état de choses irréversible . L’essentiel pour la Tunisie, c’est que cela ne se termine pas comme en Algérie, en 1991, et que la porte de l’alternance se referme à jamais. Les formations et les alliances politiques, qui peuvent faire évoluer le pays vers ce scénario doivent être démantelées ou mises hors d’état de nuire , par la méthode classique de la carotte et du bâton. La carotte, c’est associer ces partis au processus politique en guis de strapontin. Le bâton, c’est les Ligues de Protection de la Révolution (LPR), c’est aussi ces djihadistes qui peuvent rentrer de partout pour combattre les démocrates, les libéraux, la gauche et les syndicalistes, pour que l’ordre établi règne pour toujours.

Aboussaoud Hmidi

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