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Cette politique économique qu’il faut vite ranger au magasin des accessoires !

Plus d’une décennie durant, chevillée à une approche comptable  érigée en dogme de stabilisation macroéconomique, l’économie tunisienne aurait de moins en moins de chances de sortir de l’ornière dans laquelle elle est engluée. L’avis est quasi unanime  qui plaide pour y substituer, et sans plus tarder, une logique de croissance et d’investissement. Les intervenants au webinaire organisé, samedi, par le Think Tank « Global Institute 4 Transitions » (GI4T) ont, à des degrés divers mais voisins, pris ce parti.

C’en fut  ainsi de l’analyse faite par  l’universitaire et économiste Fatma Marrakchi Charfi qui, après avoir rappelé les graves dérives des finances publiques, a estimé que  « même en lançant  les réformes maintes fois annoncées, on pourrait dégager un certain espace fiscal mais qui sera insuffisant pour relancer l’investissement ». Mettant l’accent sur la nécessité de rebooster l’investissement aussi bien public que privé, elle  a considéré qu’il faut trouver l’espace budgétaire nécessaire, mais surtout adopter les bons mécanismes d’exécution qui font toujours défaut.  Il faudrait également, trouver la bonne approche pour relancer l’investissement privé, en améliorant le climat des affaires, en révisant la politique des autorisations et en s’attaquant aux situations de rente ».

Pour sa part, le gérant associé d’Ernst & Young EY Tunisie, Noureddine Hajji a  déploré que «  la Loi de Finances 2022 ne comporte pas des mesures pouvant relancer l’investissement- clé de voûte pour relancer la croissance-  ou redonner confiance aux investisseurs, hormis les quelques mesures de soutien à  certaines entreprises face aux répercussions de la pandémie ».

Et d’enchaîner « mais la mesure qui fait le plus mal dans la LF 2022, c’est celle relative à la suppression du régime suspensif de la TVA  pour les entreprises de services totalement exportatrices et  les sociétés de commerce international. C’est une mesure qui pénalisera tout un pan de l’économie nationale qui va se trouver dans une situation de crédit chronique de TVA auprès de l’Etat».
 

Hajji s’inquiète davantage de l’intention affichée par certains responsables de généraliser cette mesure aux entreprises industrielles totalement exportatrices, assurant que « ce serait  la catastrophe ». Estimant  que «  la fiscalité reste un levier important pour la relance de l’investissement », il a indiqué que « les investisseurs ont besoin d’un signal clair de stabilité fiscale. Il faut qu’il y ait une affirmation claire que le maintien, par exemple,  des taux d’imposition des bénéfices des entreprises à 15% ou du taux de l’impôt sur les dividendes à 10%, soit stabilisé».

Des règles suffisamment claires pour être respectées !

 
Il faudrait, toujours selon lui, « activer les instruments effectifs d’incitation à l’investissement, au réinvestissement et à l’innovation »  .« Dans l’attente de la transition économique, le secteur privé a besoin d’une mise en confiance et d’une reconnaissance de la part des autorités. Il a aussi, besoin de règles claires pour être respectées.  Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait une véritable volonté d’aller dans ce sens, mais j’invite, tout de même,  le secteur privé à tenir bon, à continuer à investir et à innover et à ne pas rester dans l’expectative, malgré le contexte hostile ».

L’économiste, Abderrahmane Lahga a, lui,  axé sa réflexion, sur la nécessité de redresser les secteurs stratégiques (phosphate, agriculture) pour dégager plus de marges budgétaires, de renforcer la mobilisation des ressources à travers une lutte plus ferme contre la fraude et l’évasion fiscale et de revoir la répartition primaire de l’effort fiscal pour que le poids fiscal soit équitablement réparti et d’élargir l’assiette fiscale.

Dans l’optique d’une relance de l’investissement, il a mis en exergue l’importance de rompre avec l’approche graduelle de la levée des obstacles entravant l’investissement, considérant que si des simplifications sont décidées sur le plan réglementaire ou procédural, celles-ci doivent être mises en œuvre immédiatement. En guise de réformes structurelles, il a proposé d’axer l’effort sur les domaines de l’éducation et de la santé pour améliorer la qualité du capital humain mais également sur les domaines de l’énergie et des ressources hydrauliques pour éviter les gaspillages.

«Toute réforme impliquant des perdants à court terme », l’économiste a considéré « qu’il faut prévoir les mécanismes appropriés pour assurer une compensation à ces perdants, tout en leur mettant en confiance quant à l’utilité des réformes mises en place, sur le moyen et long termes ».

Plaidoyer pour une politique de l’offre

L’économiste et ancien ministre, Abderrazak Zouari,  a quant à lui, plaidé pour une politique de l’offre, car « une politique de relance par la demande ne pourrait pas être envisagée dans un pays qui a besoin de stabiliser ses équilibres macroéconomiques, elle serait catastrophique pour la Tunisie « . « Une politique de l’offre, nécessite une accumulation du capital physique, une nouvelle politique sectorielle axée sur les nouveaux secteurs, un gain de productivité et un saut technologique de la part du secteur privé ainsi qu’une meilleure formation du capital humain et des réformes institutionnelles ».

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