AccueilLa UNEChedly Ayari affiche son indépendance à l’égard du gouvernement

Chedly Ayari affiche son indépendance à l’égard du gouvernement

Lors d’une conférence de presse tenue, ce lundi, à Tunis, le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, a réaffirmé son engagement à soutenir l’économie tunisienne : « Je m’engage à relever toutes les difficultés », a-t-il dit en soulignant que plusieurs pays d’Europe ainsi que le Japon ont exprimé leur intention de soutenir la transition et la Révolution en Tunisie. Et de préciser que les difficultés par lesquelles passe la Tunisie ne sont pas insurmontables et que le vrai problème aujourd’hui tient à l’instabilité de la situation politique et sociale du pays qui pénalise, entre autres, la machine de l’économie.

Toutefois, en dépit de cette situation, Chedly Ayari a indiqué que les banques tunisiennes commencent à afficher de bons indices. En effet, la BCT injecte quotidiennement 3 milliards de dinars dans ces banques. Ces injections s’élevaient, auparavant, à 5 milliards de dinars quotidiennement, ce qui témoigne que la situation des banques tunisiennes commence à se stabiliser.

Bien encore, les banques tunisiennes ont pu récupérer les 1,2 milliard de dinars, retirés par leurs clients suite à la Révolution, a précisé le gouverneur de la BCT en soulignant, cependant, que la confiance des Tunisiens dans les banques n’est pas rétablie à 100%.

La croissance pénalisée par le bassin minier!

Concernant les causes du ralentissement de la machine économique, Chedly Ayari a expliqué que la reprise de l’activité économique est pénalisée, principalement, par la baisse de l’activité du bassin minier et non par la crise de la zone euro. C’est ainsi qu’il a précisé que la BCT a décidé de réduire le taux de réserve obligatoire sur les crédits de consommation de 20 points pour avoisiner les 30%, ce qui donne une plus grande marge aux banques en matière d’octroi de ces crédits. Toutefois, il a précisé que ce taux peut être carrément supprimé d’ici 3 ans, si la BCT atteint les objectifs escomptés.

En effet, la BCT avait pris, début octobre 2012, des mesures relatives à la rationalisation des crédits de consommation, portant notamment sur l’augmentation du taux de réserve obligatoire de 50 %. Ces mesures avaient pour objectif de rationnaliser l’octroi par les banques des crédits de consommation. Il s’agit de contribuer à réduire le déficit de la balance commerciale et de maîtriser l’inflation.

Au sujet de l’octroi des prêts, Chedly Ayari a précisé que le taux d’épargne en Tunisie très faible, représentant 16 ou 17% du PIB contre des taux avoisinants les 30 ou 40%, durant les dernières années, représentant de ce fait, le taux le plus faible du tiers-monde.

Des besoins de 5 milliards de dinars

Il a souligné que la Tunisie a besoin de fonds extérieurs comme ceux provenant du FMI, de la BAD ou de la BIRD. Et de préciser que la Tunisie a besoin principalement de dons ou de crédits avec une garantie internationale, ce qui se traduit par un abaissement du taux d’intérêt.

Il a précisé que l’endettement n’a pas dépassé les 50% et que ce taux reste faible par rapport à plusieurs pays comme le Maroc, la Jordanie, l’Egypte ou encore la Turquie.

Au total, la Tunisie a besoin de 5 milliards de dinars en prêts et aides de l’extérieur. 2 milliards de dinars seront levés sur le marché mondial dont 1 milliard de dinars en sukuks. A préciser, dans ce cadre, que la loi sur les obligations islamiques, qui est encore dans la phase d’étude, une fois adoptée, offrirait au gouvernement la possibilité de recourir aux emprunts obligataires islamiques et de convoiter les fonds d’investissement généreux des pays du Golfe et des pays adoptant les systèmes de la finance islamique.

Fusion et privatisation

Chedly Ayari a évoqué, en outre, la possibilité de fusionner les trois banques publiques, à savoir la Banque de l’habitat (BH), la Banque Nationale Agricole (BNA) et la Société tunisienne de Banque (STB) et d’en vendre une partie des actifs à des privés. Il s’agit de faire de ces banques un pôle bancaire privé pour les financements des petites et moyennes entreprises (PME), a-t-il précisé.

Un travail d’audit sera prochainement effectué afin de diagnostiquer les différentes difficultés et proposer, entre autres, des solutions.

« J’ai souffert de la manipulation médiatique »

Chedli Ayari a dénoncé ce qu’il a appelé la manipulation médiatique avouant que « les titres dans la presse me font mal ». Il a fait savoir, en outre, qu’il a été irrité par « certains articles de presse déformant la réalité et induisant en erreur les citoyens, citant un article paru dans un journal de la place sous le titre : «Souveraineté à l’encan».

Il a ajouté que la Tunisie a besoin, aujourd’hui, d’un discours qui apaise les tensions quelles que soient les difficultés et non pas d’un discours pessimiste : « On est obligé à redonner de l’espoir », a-t-il dit.

« On est indépendant du gouvernement »

Sous un autre angle, Chedli Ayari a déclaré : «Je suis indépendant, le gouvernement est indépendant et la BCT garde son indépendance. Nous ne nous faisons pas d’éloge. Ainsi, j’ai critiqué, à maintes reprises, le gouvernement et nous n’avons jamais nié les difficultés » avant d’ajouter que « les rapports de la BCT avec le gouvernement reposent sur la coopération tout en préservant l’indépendance de l’institution. »

Il n’a pas caché non plus que la situation de l’économie tunisienne est très difficile et les obstacles demeurent nombreux.

Il a précisé enfin que les dépenses destinées à la compensation ont atteint le  1/5 du budget total du pays, soit autant que le budget du développement pour l’année 2013.

Khadija Taboubi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -