AccueilLa UNEDéjà enterrée avec sa loi d’urgence, l’économie n’est toujours pas une priorité

Déjà enterrée avec sa loi d’urgence, l’économie n’est toujours pas une priorité

C’est confiné dans ses nouveaux bureaux de la ZUN (Zone Urbaine nord), et en bras de chemise, que nous avons rencontré Slim Azzabi, ministre du Développement, de l’investissement et de la coopération dans le gouvernement d’Elyes Fakhfakh. Dans son titre officiel, il n’y avait plus l’usuel adjectif économique qui précédait habituellement le mot développement. Une absence qui s’expliquait par le désir de son chef d’orienter le développement vers les régions. « Quand on avait commencé, début mars avec le nouveau gouvernement, l’idée était de mettre le développement régional au cœur du ministère, et mettre la coopération et l’investissement au service du développement », nous a indiqué le jeune ministre de 42 ans, issu du parti Tahya Tounes.

La crise du Coronavirus avait surpris tout le monde. Mais la pandémie avait aussi rendu l’économie encore plus lointaine dans les soucis du gouvernement, où Azzabi devint plus chasseur d’aides financières étrangères que de projets économiques. Il est vrai que tout le gouvernement où il siège, a désormais plus à cœur de sauver les vies de ses concitoyens que de leur assurer les moyens de la survie après la fin de la pandémie. « En parallèle, nous avons mis en place des équipes pour la préparation de l’après Corona, où le développement économique retrouvera sa priorité dans le travail du ministère », confirme Azzabi. L’économie et la loi d’urgence économique que l’ancien ministre de Développement Fadhel Abdelkefi défendait bec et ongles, aura ainsi disparu avec lui, et le développement de l’économie restera, au moins pour quelques mois encore, un parallèle. Mais peut-être que ce n’est tout à fait cela. « Nous sommes en train de finaliser le cadrage macroéconomique, pour essayer d’avoir une estimation réelle de cet impact sur le secteur privé pour les quelques mois à venir ».

  • Le clin d’œil prononcé pour le secteur privé

Fin politicien et fils d’un ancien DG de l’ONTT (Tourisme), il connaissait l’importance du secteur privé, il ne manque pas à l’occasion de rebondir sur la cabale dont fait l’objet, sous le gouvernement Fakhfakh dont il est ministre, le secteur privé tunisien. Et Slim Azzabi de confirmer d’abord « qu’il y a aujourd’hui une certaine opinion publique hostile au secteur privé », avant de « féliciter les entreprises privées pour leur mobilisation et la solidarité dont elles ont fait preuve durant cette crise, et qui viennent corriger, et démentir l’ensemble de la campagne de diabolisation du secteur privé »

Pour l’instant, ce qui compte, pour lui comme pour le gouvernement, c’est de mobiliser le plus de ressources possibles pour faire face à l’urgence du Coronavirus. Et comme le chef du gouvernement, le ministre s’ingénie à donner le moins de chiffres possibles… aucun. « Je pense que les chiffres peuvent induire en erreur, car les besoins sont énormes (…). Je préfère (donc) ne pas parler de chiffres », zappe le ministre lorsque nous lui demandons les chiffres des aides, jusque-là mobilisés. Slim Azzabi préfère rester générique, ce qui lui permet de positiver et d’affirmer avec un optimisme assuré que « Tunisie ne manquera pas d’un millime ».

  • Azzabi, plus chercheur d’aides que de projets

Pour l’instant, comme pas beaucoup des ministres d’Elyes Fakhfakh, le bureau de Slim Azzabi ne désemplit pas, où se bousculent ambassadeurs et représentants de fonds internationaux. Il ne recherche pas toujours l’appui direct financier, encore moins des projets pour créer de l’emploi, mais surtout des appuis « politiques auprès des instances internationales et dans les conseils d’administration » de bailleurs de fonds, comme la Banque Mondiale, la BERD, ou encore le FMI, peut-être pour le convaincre de lui accorder la bouffée d’oxygène d’un report du paiement de ses crédits. Nous le supposions, partant de cette « opinion » attribuée à Fakhfakh et publiée sur CNN mais Azzabi ne l’a pas dit ainsi, lorsque nous l’avions rencontré.

En attendant, Azzabi se fait fort d’annoncer 300 M€ de la BERD pour les entreprises publiques, corrige les 250 M€ de l’UE et les 50 M€ de l’Italie en simples anciens crédits dont le déboursement sera accéléré. Quant à notre « amie » la France, elle a ses propres urgences à gérer. « Pour la France, nous sommes en discussion avec l’AFD, pour accélérer les décaissements de projets en cours » a ainsi précisé Slim Azzabi. Pour le Milliard DT, promis par l’ambassadeur Blome, il dit que « je ne suis pas au courant (…) et les promesses, il faudra les étudier sérieusement ».

L’actuel ministre était, en novembre 2016 qui est la date de la fameuse réunion des donateurs 2020, premier conseiller de Béji Caïed Essebssi qui avait inauguré cette parade de chefs d’Etat et de gouvernements étrangers, et se rappelle certainement le très peu de retombées de ce genre de promesses.

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