AccueilLa UNEDialogue national : De quoi sera fait demain ?

Dialogue national : De quoi sera fait demain ?

Les observateurs les plus optimistes ne parviennent pas à prévoir une issue positive au Dialogue national au regard du climat politique lourd qui prévaut dans le pays et des divergences qui persistent entre partenaires. Et même les dossiers qui devraient faire l’objet d’un large consensus, comme la nécessaire lutte contre le terrorisme et l’urgence du retour de la stabilité et du redressement économique, donnent lieu à d’inexplicables tiraillements politiques.

Et ces mêmes observateurs ne cessent de se poser la question : comment les choses vont-elles évoluer pour les prochains jours ?

Certains partis participant au Dialogue national ont appelé, dans un communiqué commun rendu public, samedi 9 novembre, le Quartet à mettre fin au flou de la situation et à accélérer les concertations pour choisir un chef de gouvernement, avant le 15 novembre, qui correspond à la date de démission du gouvernement d’Ali Laarayedh.

Béji Caïed Essebsi, leader de Nidaa Tounes a déclaré à la chaîne de télévision « Al Arabia », que le Dialogue national est totalement paralysé , accusant le groupe parlementaire d’Ennahdha d’avoir fomenté , par les derniers amendements du règlement intérieur de l’ANC, un coup d’Etat contre le Dialogue national et le président de la Constituante .

En fait, l’UGTT , commence à parler d’un plan B, dans le cas où le dialogue national n’aboutirait pas, et affirme sans plus de précisions que le scénario est fin prêt . Ennahdha, pour sa part, renforce l’option de fuite en avant .

Houcine Abassi, parlant, à la fois, au nom de l’UGTT et du Quartet ,est resté laconique sur la mise en œuvre du scénario alternatif , se contentant , pour le moment , d’affirmer que les deux candidats qui ont illustré les tiraillements partisans sont déjà hors compétition .Il s’agit d’Ahmed Mestiri et de Mohamed Ennaceur .

Le parti Ennahdha, de son côté, élargit le champ de ses préparatifs pout le jour « J », en s’activant sur de multiples axes : institutionnel, médiatique et proprement politique .

Sur le plan institutionnel, il fait tout pour renforcer sa mainmise sur l’ANC, source, à ses yeux, de toute légitimité .Le règlement intérieur de la Constituante a été amendé de manière à lui permettre en tant que parti majoritaire de mener le jeu comme bon lui semble .Un groupe parlementaire de 35 députés a vu le jour sur la base d’une plate-forme qui rappelle la période antérieure au démarrage du Dialogue national. Ce groupe appelle au maintien, sans modification, de la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics, l’adoption de la loi sur l’immunisation de la révolution, etc., scellant ainsi l’alliance du parti islamiste avec ses alliés les plus radicaux , et palliant à la dislocation de la troïka , avec les hésitations d’Ettakattol et la disparition presqu’annoncée du CPR .

Le parti Ettahrir monte au créneau en organisant, vendredi 8 novembre, une manifestation assez importante dans les artères principales de la capitale, prônant le Califat , la Chariâa et l’adoption du Saint Coran comme unique constitution . Une semaine avant , une attaque avait été menée contre Kamel Ltaief à son domicile pour l’arrêter dans une affaire douteuse portant sur un complot contre la sécurité extérieure de l’Etat .Cette attaque menée de manière musclée et en présence d’un juge d’instruction et couverte directement par la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera , fait suite à plusieurs autres initiatives ,de même genre menées par la nébuleuse des ligues de protection de la révolution(LPR) , et de l’islamisme en général , visant en fait à envenimer un climat déjà tendu .

Ces manifestations et démonstrations de force sont destinées à brouiller les cartes et créer de nouvelles réalités en dehors des résultats du Dialogue national.

Parallèlement, Ennahdha, mène une campagne médiatique contre tous ceux qui la critiquent ou expriment des désaccords avec ses thèses ou analyses .La gauche, les libéraux et les démocrates sont du lot, mais également elle prend pour cible des secteurs entiers : les médias, les magistrats et la haute administration. Les corps sécuritaires qui sont en guerre contre le terrorisme et tiennent à se conformer aux normes de gestion et de régulation qui leur sont propres, sont eux aussi les cibles de campagnes systématiques.

Et dans un tournant inédit d’irrationalité , qui dénote que le climat à l’intérieur du parti islamiste devient de plus en plus délétère ,les médias proches d’Ennahdha , et même quelques députés , donnent des versions qui laissent perplexe sur le terrorisme .Ils avancent , sans gêne , que les évènements de Goubellatt sont un affrontement entre des gens qui se livrent en commun à la recherche des trésors et à la fouille archéologique illégale d’une part, et les agents de la Garde nationale et les habitants de la région, de l’autre .Le kamikaze de Sousse s’est donné la mort parce qu’il était pourchassé par les vigiles qui voulaient l’arrêter , après l’avoir empêché d’accéder à l’hôtel par la porte principale et par l’issue donnant sur la plage . Des politiciens proches d’Ennahdha ont affirmé que les affrontements avec les terroristes de Goubellatt et de Sidi Ali Ben Aoun marquent le déclenchement du coup d’Etat contre la légitimité , laissant entendre qu’ils sont agencés par des parties hostiles à la légitimité .Des médias islamistes insistent sur les éventuelles tortures exercées par les services de sécurité lors des interrogatoires des terroristes .Toutes ces versions et thèses , qui expliquent le terrorisme et le banalisent et présentent les terroristes comme des victimes directes de la répression, ou des gens manipulés par l’opposition pour servir des plans qui prennent pour cible la légitimité , indiquent qu’il y a un manque d’adhésion de la part des partisan d’Ennahdha à la volonté générale de mettre fin au terrorisme , surtout que les instances du parti n’ont pas donné de précisions sur ces déclarations ou annoncé des mesures contre ceux qui les ressassent .

Or , s’il n’y a pas accord sur un dossier si unificateur , comment peut-on espérer que le dialogue entre des partenaires si éloignés par les analyses et les visions , pourra être fructueux ?

Aboussaoud Hmidi

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