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Dons marocains et tunisiens au profit des fonds de lutte contre le Covid-19 : Comparons le comparable !

*Fayçal Derbel

La vitesse affolante de la propagation du coronavirus, partout dans le monde, a semé un vent de panique et suscité une psychose, avivés par le nombre de personnes atteintes et de décès, qui ont augmenté rapidement et exponentiellement.

L’impossibilité pour les gouvernements de maîtriser cette pandémie et le désarroi des populations ont donné lieu à un élan de solidarité sans précédent pour faire face aux dépenses sanitaires exceptionnelles et soutenir les secteurs sinistrés par cette crise inédite. Du coup, des entreprises, des hommes d’affaires, des artistes et sportifs, des citoyens toutes classes confondues, ont pleinement et volontairement adhéré à un grand élan de solidarité nationale.

La Tunisie n’a pas échappé au coronavirus, et n’a pas été non plus privée du privilège de connaître une remarquable mobilisation des citoyens et leur adhésion à l’élan de solidarité et d’entraide, reflet des nobles valeurs du peuple tunisien.

Dans ce cadre, un fonds « 18-18 » dédié à la lutte contre le COVID 19 a été ouvert en vue d’alimenter le « compte de la prévention de la lutte contre les pandémies » créé par le ministère de la Santé.

De l’avis de certains, les dons collectés et avoisinant les 200 millions de DT, ont été jugés dérisoires, provoquant un tollé de colère notamment contre les hommes d’affaires, par comparaison au montant collecté par le fonds marocain et qui s’élève à l’équivalent de 9.522 millions de DT1 (soit 48 fois !).

Au premier abord, la comparaison des deux montants a donné libre cours à l’estime et le mérite des entrepreneurs marocains au mépris de leurs homologues tunisiens qui ont été la cible d’attaques virulentes mettant en cause leur patriotisme et leur générosité en raison d’une contribution jugée modique et insignifiante.

Des jugements injustifiés

Ces jugements simplistes, voire absurdes et injustifiés dénotent d’une manifeste méconnaissance de la consistance, de la nature et des détails des dons des uns et des autres, ce qui a conduit à une comparaison de l’incomparable.

En effet, les dons totalisant l’équivalent de 9.522 millions de DT et ayant alimenté le fonds marocain dédié à la gestion et à la lutte contre le coronavirus, proviennent d’une multitude de donateurs de tous les secteurs (public, privé, associatif et des fondations…..). Ils proviennent également du budget général de l’Etat, de l’Union Européenne, de la caisse des dépôts et de consignation etc….

La littérature marocaine traitant de cette question classe les donateurs en trois catégories : les institutionnels (8.326 MDT), les entreprises privées (1.080MDT) et les personnes physiques (116 MDT).

En plus de certaines entreprises du secteur privé (ayant contribué pour 56 MDT), les institutionnels regroupent des institutions de l’Etat, des entités du secteur public ou à majorité publique (y compris les banques et les assurances) ainsi que les fondations, fédérations et associations. Leurs contributions s’élèvent à l’équivalent de 8.270 millions de dinars, se détaillant comme suit :

Le reliquat (dons totaux 9.522 millions de DT – dons des institutionnels relevant du secteur public 8.270 millions de DT), soit 1.252 millions de DT se répartit entre dons de personnes physiques pour l’équivalent de 116 millions de DT (3 personnes physiques) et les entreprises privées pour l’équivalent de 1.136 millions de DT (1.080 MDT + 56 MDT)

Si comparaison devrait être faite, elle doit couvrir de façon limitée les dons faits par les secteurs privés et les personnes physiques des deux pays.

Les 1.136 millions de DT de dons du secteur privé marocain incluent les dons de la Holding royale, de la société Afriquia (distribution de pétrole) et de la Centrale Automobile Chérifienne pour respectivement 580 millions de DT, 290 millions de DT et 145 millions de DT. En déduisant ces trois montants, le reliquat représentant les dons du secteur privé proprement dit, s’élève à 121 Millions de DT, ajouté aux dons des trois personnes physiques (dont un membre de la famille royale), le total des dons du secteur privé (hors institutions étatiques et/ou publiques) serait de  237 millions de DT

Ce montant de 237 millions de DT doit être comparé au montant des dons du secteur privé tunisien (hommes d’affaires visés) s’élevant à 174 millions de DT (200 MDT – dons des banques publiques).

Toutes choses égales, par ailleurs, les dons du secteur privé marocain représentent 1,3 fois ceux du secteur privé tunisien, sachant que (pour une comparaison non influencée et pertinente) :

1- La population marocaine représente 3,27 fois la population tunisienne ;
2- Le PIB du Maroc représente 3,1 fois le PIB tunisien ;
3- Les dix plus grandes fortunes de marocains représentent 90% du budget de la Tunisie ;
4- Les chiffres d’affaires des 20 plus grandes entreprises marocaines représentent 70% du PIB tunisien ;
En raison des fortes dissimilitudes entre les montants et la consistance des données des deux pays objets de la comparaison, les inférences tirées à partir de cette comparaison sont totalement injustifiées.
*Député rapporteur de la Commission des finances de l’ARP

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