Avec la formation d’un gouvernement consensuel et neutre, chargé de conduire le pays vers les prochaines élections, quel serait l’agenda politique du parti islamiste qui a abandonné, sous la pression, la gestion du gouvernement qu’il dominait, depuis les élections de 2011 ?
Houcine Jaziri, dirigeant du parti islamiste et secrétaire d’Etat chargé de l’Immigration dans le gouvernement démissionnaire, a affirmé qu’Ennahdha, qui a beaucoup sacrifié pour réaliser la concorde nationale, est appelé à opérer un recul.
Dans une interview accordée à Africanmanager, il a relevé qu’il s’agit d’une étape prospective par rapport au pouvoir exécutif. « Désormais, notre mouvement veut être rassuré sur la révolution et le processus transitionnel », a-t-il noté avant d’ajouter que « la participation au pouvoir nécessite actuellement l’implication de toutes les forces politiques pour réussir la démocratie et le développement, question stratégique qui reste tributaire du concours de toutes nos compétences ».
D’après Jaziri, le parti au pouvoir vient « d’acquérir une nouvelle légitimité et le peuple pourrait compter sur lui, d’autant qu’il a cédé le pouvoir ».
C’est une nouvelle étape pour la Tunisie qui est en train de passer un nouvel examen, avec son départ du gouvernement.
«La Tunisie était au bord d’un danger porteur de violence bien que le peuple ne soit pas prêt pour une autre révolution étant donné qu’il est en train de payer la facture de celle du 14 janvier », a indiqué le dirigeant islamiste qui a souligné l’importance de trouver un nouveau compromis politique surtout que la Tunisie ne pourrait plus supporter d’autres crises.
Dans cette optique, il a considéré qu’il est impérieux d’arriver à un consensus. Cela nécessite, selon Houcine Jaziri, l’adoption de la constitution et l’investiture du gouvernement de Mahdi Jomaa. « Ennahdha veut certainement la réussite de ce gouvernement puisque la continuité de l’Etat est une obligation notamment dans pareille situation », a-t-il insisté
Ennahdha mettrait en place un nouveau programme proche du pouvoir
Dans ces affirmations, Houcine Jaziri a l’air d’exposer la nouvelle stratégie de son mouvement qui « serait sans doute prêt aux prochaines échéances électorales en mettant en place un nouveau programme proche du pouvoir ».
Le défi est de taille, a dit Jaziri, au motif que « la révolution se trouve aujourd’hui face à des défis structurels alors qu’on est dans une étape transitionnelle, jugée gérable eu égard aux concessions faites par Ennahdha et l’opposition ».
Dans ce contexte, Houcine Jaziri s’est dit confiant quant à la capacité de tous les acteurs à trouver des compromis grâce à la présence des personnalités garantes de la liberté, et ce, malgré le conflit avec le mouvement destourien républicain qui ne croit pas encore à la démocratie, selon ses dires. D’après lui, son adhésion dans le nouveau paysage politique de la Tunisie demeure une condition sine qua non, notamment pour ce qui concerne le parti « Al Moubadara ».
Interrogé sur une possibilité d’une alliance avec des nouveaux partis politiques, Houcine Jaziri a souligné que son mouvement pourrait traiter avec d’autres forces. « L’élargissement de l’alliance est probable et notre parti pourrait aller dans ce sens notamment avec Al Joumhouri, Al Moubadara et l’Alliance Démocratique », a-t-il conclu.
Wiem Thebti
