AccueilChiffreEst-ce qu'Ennahdha croit vraiment au dialogue ?

Est-ce qu’Ennahdha croit vraiment au dialogue ?

Le Dialogue national était destiné à créer un climat de confiance entre les participants . Et l’idée de réunir les dirigeants des partis politiques pour choisir le prochain chef du gouvernement et trouver les accords au sujet des points sur lesquels l’élite diverge, visait à fédérer les approches et à élargir les bases du consensus .Cette démarche qui s’ajoute au maintien de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) avec ses prérogatives fondamentales, avait pour but de rassurer toutes les parties, et constituait, de ce fait, le meilleur investissement pour l’avenir .

Le prochain gouvernement avait besoin d’un consensus qui lui garantit un climat politique serein et un appui indéfectible de la part de tous les courants politiques du pays, loin de la bipolarisation et des tiraillements qui ont caractérisé la vie publique, depuis la révolution et surtout ces derniers mois.

C’était là l’approche théorique, mais dans les faits , les choses se sont , malheureusement , développées autrement . Déjà, lors de la discussion du choix du chef du gouvernement , beaucoup d’éléments sont apparus qui ont révélé que les partenaires ne tenaient pas de la même manière au succès du dialogue . La règle d’or de toute discussion ou dialogue politique de ce genre, consiste à établir, à l’avance, des normes claires et une règle de jeu reconnue de tous, et s’engager de la manière la plus solennelle à les respecter et assumer tout ce qui en découle.

Toutes les parties ont annoncé, dès le départ, leur accord de principe à adhérer au Dialogue national , et les critères du choix du chef du gouvernement faisaient l’ objet de consensus, dès la première séance . Mais, sitôt le tri a mis en évidence une tendance majoritaire qui penche vers le choix d’un candidat qui ne cadre pas avec les attentes d’Ennahdha , on a commencé à remarquer des comportements qui indiquent que le parti islamiste est prêt à dénoncer le résultat du choix . Déjà , Ahmed Mestiri qui est candidat d’Ennahdha , s’est désisté , le jeudi 31 octobre, lorsque qu’il a compris qu’il allait être éliminé par une majorité conséquente de participants , et Ennahdha a élargi le champ des candidats pour s’accommoder de la nouvelle donne .Mais tout d’un coup Mestiri et son mentor ont décidé d’enfreindre la règle du jeu et revenir à la compétition , faisant miroiter un coup de force . Ennahdha est allé jusqu’à dire que seul Mestiri doit être choisi, insinuant que l’ANC où elle a toujours une majorité qualifiée à laquelle devrait s’ajouter un groupe de 40 députés qui conteste le processus de Dialogue national, fera tomber tout autre candidat .

Evidemment , dans les pourparlers et les discussions , il est permis de manœuvrer et de jouer sur les nerfs des partenaires pour avoir le plus d’acquis , mais il y a manœuvre et manœuvre . Les manœuvres qui sont fomentées actuellement, par Ennahdha et Ahmed Mestiri touchent aux fondements de la règle du jeu adoptée auparavant , et dévoilent que ces deux partenaires , qui ne font réellement qu’un seul , sont de mauvais perdants . Car la démocratie, comme règle de jeu spécifique , ne peut réussir que lorsque les perdants reconnaissent leur défaite et s’y conforment en assumant tous les résultats qui en découlent .

Or ce à quoi on a assisté justement, c’est une volonté délibérée, de la part d’Ennahdha et de son candidat, de passer outre tout accord ou consensus qui ne va pas dans le sens de leur vœu . Et ce comportement dénote que le parti islamiste s’en tient à son statut de parti majoritaire, qui a une mission historique de mettre en œuvre son programme idéologique, politique et de société quels que soient le rapport de force, le degré d’adhésion des gens et l’état d’esprit des partenaires .

Aboussaoud Hmidi

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