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Etat endetté compense le sucre, le café, le thé et même le tabac. Souriez, vous êtes en Tunisie?

Expliquant la portée de la compensation, l’OCT (Office du commerce de Tunisie), écrit sur son site Internet qu’en « 1996, et dans le cadre de l’assainissement de la situation financière de la caisse générale de compensation, il a été décidé de procéder par l’application de la règle du service fait lors de l’octroi de la subvention aux entreprises bénéficiaires. D’autres part, pour mieux cibler la compensation vers les catégories des ménages à revenu faible, des produits profitant moins à ces catégories ont été exclus du champ d’intervention du système de compensation (sucre en morceaux, aliment de bétail, huile acide, viande, engrais).

Or, selon l’OCT même, « la multiplicité des objectifs assignés à la caisse générale de compensation (soutien des prix à la production, des prix à la consommation, stabilisation des prix, fluidité et continuité de l’approvisionnement) rend ces objectifs pas toujours conciliables. Ainsi, la portée de la politique de compensation s’étend au-delà de la protection du pouvoir d’achat des couches à faible revenu contre les aléas du marché mondial, à la garantie d’un revenu minimum aux agriculteurs concernés. En outre, le système de compensation permet d’assurer l’approvisionnement régulier du marché local par les produits subventionnés à des prix relativement stables, qui tiennent compte du pouvoir d’achat des citoyens ».

  • A qui profite « le crime » ?

A l’heure où se pose encore la question de la pénurie de sucre en poudre et de café notamment, il est important de préciser que cette pénurie est structurellement liée au monopole, accordé par l’Etat à l’OCT d’être l’importateur exclusif de ces deux matières, socialement, commercialement et industriellement, essentielles en Tunisie. De ces deux matières, dépendent, en effet, des milliers de cafetiers et leurs employés, des centaines de Salons, Lofts et autres genres de commerces dédiés au thé, au café et aux douceurs. De ces deux matières, dépendent aussi les centaines d’hôtels, et les industriels, et autres « laboratoires » et confiseurs.

Officiellement, les produits qui bénéficient de la compensation par l’Etat tunisien sont les céréales et dérivés, les huiles végétales, le lait demi écrémé, le sucre, les pâtes et couscous, le papier pour cahier et livre scolaire et le sucre. Bizarrement, c’est le sucre en poudre qui est compensé, et non le sucre en morceaux, le café, le thé ne sont pas compensés et le tabac non plus. Et ce sont, en premier lieu, ceux-là qui tirent profit de cette compensation du sucre.

Officiellement aussi, l’importation du sucre, du café et du thé, sont du seul ressort de l’OCT. Ce dernier importe annuellement environ 370 mille tonnes de sucre blanc et 31 mille tonnes de café de toutes sortes, en plus de 27 000 tonnes de riz et 14 000 tonnes de thé, pour un coût total estimé à environ 800 MDT. Et c’est l’OCT qui est le distributeur, officiel et exclusif, de ces produits pour tous les circuits de distribution en Tunisie. Dans une déclaration de presse, en septembre 2022, le DG de l’OCT a expliqué ce monopole par le fait que « l’Etat considère que les prix de certaines denrées impactent le pouvoir d’achat du citoyen (Ndlr : Y compris son Expresso, son Capuccino, et son café américain), ce qui le pousse à en faire un monopole ».

L’Etat-providence dans toute sa splendeur, et dans un pays qui croule sous la dette, qui est boudé par les bailleurs de fonds, et qui polémique depuis quelques jours sur une possible entrée au sinistre Club de Paris. C’est aussi cela l’exception tunisienne dans le pays de Kais Saïed !

Le haut fonctionnaire de l’Etat ne dira jamais que c’est le manque de moyens financier, d’un Etat qui peine chaque mois à mobiliser l’argent des salaires et des retraites, qui l’oblige à faire des arbitrages d’importation, et créer ainsi la pénurie.

Il est vrai que le sucre destiné aux industriels (200 mille tonnes) est un produit à part, mais on est dans un marché déstructuré, où par exemple la semoule des ménages se retrouve en petits pains vendus dans les marchés parallèles, sur des circuits parallèles et le long des routes et des autoroutes.

  • La scandaleuse compensation du tabac

Or, comme pour les cigarettes étrangères, dont l’importation est un monopole de la RNTA (Régie nationale du tabac  et des allumettes en Tunisie) qui reçoit par la suite une décision commune des ministères des Finances et du Commerce, pour vendre à un prix inférieur que celui de l’importation, c’est à l’OCT que se fait la compensation du thé, café, et sucre. L’Etat compense, par la suite, à ces deux entreprises publiques, le manque à gagner. Une compensation déguisée, dans un marché déstructuré, sous couvert « d’assurer l’approvisionnement régulier du marché local par les produits subventionnés à des prix relativement stables, qui tiennent compte du pouvoir d’achat des citoyens », comme le dit la présentation de l’OCT sur son site. Pour 2021, l’OCT a enregistré une dette de 80 MDT que lui doit l’Etat, et ses pertes globales ont été d’environ 460 MDT qui représentent les impayés de la compensation de produits officiellement exclus de la compensation depuis 1996, et qui continue dans les faits.

Scandaleusement aussi, l’Etat tunisien et les contribuables, compensent le tabac (Des cigarettes étrangères importées) à hauteur de plus de 371 MDT par an du budget de l’Etat, comme nous l’écrivions depuis mai 2019, dans le silence du gouvernement tunisien. En 2017 déjà, la marge de la RTNA sur les cigarettes étrangères importées était négative de 27,8 MDT. Et c’est aussi là une exception tunisienne dans un monde où le tabac est une manne financière pour ses commerçants !

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2 Commentaires

  1. « C’est aussi cela l’exception tunisienne dans le pays de Kais Saïed ! »??? c’est aussi cela l’exception tunisienne dans le pays de l’UGTT qui ne laisse rien fonctionner convenablement et menace le gouvernement par les grèves qui ne cesse toujours pas surtout quand on parle de la privatisation de la RNTA et d’autres organismes similaires ou L’UGTT à la main mise. C’est aussi la Tunisie d’un peuple qui n’aime pas travailler etc…

  2. Vu la situation financière difficile de l etat tunisien il est de son devoir de stopper les compensations pour certains articles tel que sucre café thé…et maintiendra la compensation pour les denrées de base farine pain macaronis lait…

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