Expliquant dans une note de justification les notes attribuées à la Tunisie placée sous surveillance avec perspective abaissée de stable à négative, l’agence de notation Fitch affirme que le sort de ces notes est tributaire de la cadence à laquelle les incertitudes politiques iront à leur terme et de la mesure dans laquelle sera contenu l’effet négatif sur l’équilibre budgétaire et celui des comptes extérieurs.
L’activité économique enregistre un retour à la normale, mais Fitch s’attend à ce que la croissance recule à 2% en 2011 en raison d’une baisse du tourisme, des perturbations affectant l’économie en général, et un recul de la croissance des prêts consentis par le secteur bancaire La poursuite de l’incertitude politique serait négative pour la croissance.
L’agence constate qu’il y a eu peu d’incidence sur les réserves de change en raison de la crise politique, et le dinar a été stable. Le nouveau gouverneur de la banque centrale a réaffirmé la continuité de la politique monétaire. Le système financier fonctionne à peu près normalement. Cependant ,l es prêts improductifs peuvent augmenter en raison de dommages physiques et des répercussions sur le tourisme.
Fitch s’attend à ce que le déficit budgétaire soit porté à 3,5% du PIB en 2011.
À court terme, les pressions de financement externe vont s’accentuer, les recettes touristiques chuteront et les flux d’investissements directs étrangers faibliront. En outre, il a été décidé de reporter l’émission obligataire prévue pour début 2011 sur le marché financier international, mais la Tunisie est en état de rembourser ses dettes aux échéances dues en puisant 1.6 milliard de dollars dans ses réserves en devises.
Fitch note encore que la dette publique se situait à 39,7% du PIB à la fin de 2010, et a convergé sur la note médiane de la catégorie ‘BBB’ (souverains notés ‘BBB +’, ‘BBB’ et ‘BBB-‘), alors que le gouvernement a progressivement réduit ses ratios de la dette chaque année depuis 2001,à travers un total de 20 points de pourcentage (pp) du PIB.
Dans quels cas la note sera rétrogradée?
L’agence Fitch prévient qu’elle rétrogradera ses notes à la Tunisie dans le cas où il y aurait une reprise des troubles. Un affaiblissement dans la politique macroéconomique ou une détérioration des finances extérieures pourraient également constituer un motif de préoccupation.
Il ya cependant peu d’indices suggérant que le gouvernement se départira de ses politiques économiques prudentes, mais ceci n’en demeure pas moins un risque.
En revanche, une transition en douceur vers un nouveau gouvernement élu qui édicte des politiques budgétaire et monétaire prudentes serait susceptible de conduire à une affirmation des notes.
Points forts
•La notation de la Tunisie est étayée par sa stabilité macroéconomique se déclinant dans une faible l’inflation et sa résistance aux chocs extérieurs. Egalement à l’actif de la Tunisie une faible volatilité de la production et une croissance réelle du PIB dépassant la médiane ‘BBB’ depuis 2006.
• Les finances publiques sont aussi relativement résistant aux chocs, comme en témoignent la faible volatilité des recettes.
•L’absence de la dépendance des banques vis-à-vis des financement extérieurs a permis à la Tunisie de se protéger de l’impact direct de la crise financière internationale.
• les déséquilibres macro-économiques excessifs ont pu être évités.
Points faibles
• La dette publique qui s’est élevée, fin 2010, à 39,7% du PIB, a régulièrement diminué et est en convergence avec la médiane ‘BBB’. Cependant, elle est supérieure à la médiane ‘BBB’ sur 10 ans. Elle dépasse toujours la médiane en termes de recettes des administrations publiques.
• Le système bancaire est grevé par de niveaux élevés quoiqu’en recul des créances douteuses, qui ne sont pas entièrement provisionnées.