AccueilLa UNEIl y a quelque chose de malsain au royaume du balnéaire !

Il y a quelque chose de malsain au royaume du balnéaire !

Ménagère, industrielle, chimique, la palette de la pollution en Tunisie a rarement été limitée à quelques désagréments. En prenant ses quartiers en bord de mer, et si insidieusement, elle révèle ce qu’elle a de plus nocif, pour devenir un véritable danger de santé publique. On sait, pourtant, que nos plages n’ont pas bonne mine, surfréquentées, peu ou mal entretenues, ravagées par le béton, parfois par le goudron. On a cependant vu comme une petite lueur d’espoir surgir à la faveur des dernières élections municipales, avec des édiles décidés à renvoyer au magasin des accessoires des pratiques qui avaient valu à leurs prédécesseurs leurs places et bien des déboires. Rien de tel ne s’est produit. Surtout autour du golfe de Tunis où les déchets domestiques et industriels des 600 000 habitants et plus de la capitale, ainsi que ceux qui provenant des ports et des zones industrielles qui bordent le golfe, se déversent dans les eaux en dehors de Tunis, touchant les populations de poissons et présentant un risque évident pour la santé humaine.

C’est le célèbre quotidien britannique « The Guardian » qui le constate et s’en alarme dans un article où, en abondant dans ce sens, se remémore que « Les problèmes de pollution en Tunisie ne sont pas nouveaux. Ses industries lourdes ont un impact sur la qualité de l’eau depuis des années ».

Des eaux usées nocives

Officiellement, environ un quart des eaux usées de la Tunisie sont recyclées, destinées, entre autres, à irriguer les terres agricoles du pays. Le reste (environ 247 millions de mètres cubes par an) est rejeté  des stations d’épuration du pays directement vers la mer et les voies navigables intérieures. Conformément à la réglementation environnementale, les eaux usées industrielles doivent d’abord être traitées à la source, avant d’être transférées pour un traitement ultérieur. Cependant, les militants de la société civile s’interrogent sur la rigueur avec laquelle ce principe est appliqué.

Trois stations d’épuration des eaux usées opèrent autour du golfe de Tunis, à Raoued, à Radès, et Soliman. « C’est de la folie « , dit Morched Garbouj, président du groupe de pression environnementale SOS BIAA, au Guardian. « Nous avons testé l’eau entrant dans ces stations de traitement et nous l’avons testée et, je peux vous dire, il y a très peu de différence. » « Nous avons trouvé des niveaux accrus de nitrates, de particules de manganèse, de phosphate, de coliformes fécaux et de streptocoques – tous deux présents dans les déchets humains – parmi d’autres matières. Tous ces produits sont nocifs pour la santé », a-t-il affirmé.

Tout passe par l’Onas

« Le traitement des eaux usées en Tunisie est entièrement centralisé. Tout passe par l’Onas, y compris les prêts au développement de la Banque mondiale, par exemple, de l’Union européenne et de la Banque allemande de développement. « Il semble que personne ne se soucie vraiment de la performance des stations d’épuration. L’Onas, qui exploite les stations, relève du ministère de l’Environnement », a souligné Garbouj, ingénieur de l’environnement de son état.

Coordinatrice de programme au sein du groupe environnemental RAJ Tunisie, Wafa Hmadi, est tout aussi sentencieuse. « Ce n’est pas seulement le golfe de Tunis », dit-elle au Guardian. Elle affirme qu’autour de la ville industrielle de Sfax, et Gabès – près du bassin d’extraction de phosphate de Gafsa – des pans entiers du littoral étaient « inutilisables ».

« De nombreuses voies navigables tunisiennes sont également malmenées par l’industrie lourde, comme la fabrication du papier. Les polluants de l’industrie se retrouvent dans l’environnement local, affectant les populations locales, avant de se diriger vers la mer. Les poissons, en particulier les plus gros, meurent. Certaines zones sont totalement mortes.

« Il n’y a pratiquement pas de surveillance. Les pollueurs industriels peuvent expulser leurs déchets en grande partie sans les traiter, car il n’y a pas d’inspections et personne ne les tient pour responsables « , dit-elle.

Deux témoins ordinaires approchés par le Guardian disent ne pas être au courant de tout cela. Ces personnes et leurs familles vivent depuis des années avec les conséquences de l’augmentation de la pollution de l’eau. Cependant, dans un pays aux prises avec un chômage endémique et qui veut désespérément lutter contre un coût de la vie de plus en plus élevé, l’un et l’autre sont tout aussi conscients du besoin désespéré d’industrie et d’emplois, conclut le Guardian..

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