AccueilLa UNEJebel Châambi : La foire d’empoigne!

Jebel Châambi : La foire d’empoigne!

Comment se présente la situation sur les hauteurs de Chââmbi? Personne ne peut répondre à présent à cette question élémentaire.

Les dernières informations indiquent que les 3 personnes arrêtées, pendant le week-end, ont été relâchées, ce lundi ; et nous nous acheminons, paraît-il ,vers une longue période de suspense et d’attente , avant que l’opinion publique ne parvienne à comprendre les dessous de l’affaire .

Pendant les premiers jours de l’opération, fin avril 2013, tout le monde s’est exprimé sur la question. Et on a découvert plusieurs connaisseurs dans le domaine militaro-sécuritaire. Beaucoup de journalistes d’investigation et d’experts stratégiques se sont dépensés, sur les plateaux de télévision et les ondes des radios, en analyses peu dissemblables, mais qui, à bien y regarder, ont tout l’air d’une compilation de théories puisées dans la littérature qu’on retrouve dans les manuels et les encyclopédies. Leur « stratégie » consistait à combler le manque de données fiables et de première main, par des arguties générales et approximatives, convaincus qu’ils étaient que la crise allait se dénouer en quelques jours . Mais à partir du moment où les évènements se sont prolongés, les réservoirs des connaissances ont vite tari, l’assurance du savoir laisse sa place à l’attentisme hésitant du citoyen lambda.

Evidemment, on peut distinguer trois cercles distincts : le premier est celui des acteurs, les djihadistes, les forces militaires et de sécurité, les décideurs nationaux et les acteurs régionaux et internationaux qui suivent les évènements et interagissent pour leur donner à la fois contenu et orientation. Ces acteurs doivent être pleinement au fait des tenants et aboutissants de l’affaire, et même les éléments qui leur auraient fait défaut, à l’instant (T) peuvent être rattrapés à l’instant ( T+1 ) , et sur cette base , ils procèdent individuellement ou par alliances à faire valoir leurs intérêts sur l’échiquier .

Le deuxième cercle est celui dont on a on a parlé tout à l’heure, et qui est constitué par cette cohorte de stratèges, d’analystes qui donnent l’impression de tout savoir sur la situation. Ils ont misé sur l’analyse pour compenser le manque de données, et sur la célérité du dénouement de l’affaire. Or, l’affaire s’éternise et les données manquent toujours. Dès lors, ils s’en sont pris aux acteurs réels du dossier, nommément l’armée et les forces de sécurité pour les traiter de tous les maux : incurie, manque de préparation, absence de stratégie pour venir à bout du djihadisme.

Seulement, tout ce beau monde a oublié le seul reproche qu’il est en droit de faire à ces acteurs, qui est celui de donner aux hommes des médias et aux experts l’information dont ils ont besoin pour faire leur travail . Au lieu de cela, ce quarteron d’analystes et de stratèges a pris la place des décideurs et a commencé à décerner des bonus- malus comme s’ils étaient dans des salles d’opération et avaient entre les mains toutes les données du problème. Cerise sur le gâteau, un certain Mohamed Abbou dont les connaissances militaires sont , de l’avis unanime, d’une indigence absolue, s’est manifesté pour troquer sa robe d’avocat contre le treillis d’un général en campagne, pour exiger un changement à la tête de l’état major de l’armée.

Cette fausse route a amené ce deuxième cercle à jouer un rôle négatif, surtout vis-à-vis de l’opinion publique et du moral du citoyen , au seul motif que les tenants de ce cercle ne savaient pas ce qu’ils voulaient et ont, ce faisant, usurpé le rôle d’autres parties, sans tenir compte de leur revendication fondamentale qui tient à leur droit à l’information .

Le troisième cercle est celui des citoyens, qui veulent comprendre ce qui se passe sur les hauteurs de Châambi , et être rassurés sur l’avenir du pays . Ces deux obligations ne peuvent être remplies qu’à la condition que les rapports entre les deux premiers cercles soient huilés. Or, ni le premier cercle n’a pris la peine d’expliquer ce qui se passe réellement et pourquoi les progrès dans le dossier ne sont pas réels, ni le second cercle n’est parvenu à prendre conscience de cette carence et à s’être employé à la combler en posant le problème de l’information de manière claire aux décideurs.

De ce fait, on a constaté que le Tunisien n’a jamais été habité par l’indifférence à l’égard de ces évènements, et on a même été témoin d’un certain accès de fébrilité à chaque explosion de mine faisant des morts et des blessés. Mais, à mesure que les évènements s’accélèrent sans que le citoyen parvienne à les comprendre on remarque qu’il balance entre inquiétude et scepticisme.

Il s’offusque qu’aucun des terroristes n’ait été arrêté, et ne prête nul crédit aux explications déjà contradictoires fournies par les différents départements (défense et intérieur).  » Si la zone est encerclée, comment des éléments terroristes ont-ils pu en sortir pour poser les bombes loin du périmètre de sécurité « , s’interroge-t-il.

Les trois cercles doivent non seulement être en harmonie pour que chacun des partenaires joue son rôle, mais il doit y avoir entre eux des aires communes pour affermir cette concordance. Au lieu de cela, on assiste à un agencement défectueux, et par le jeu des rôles inversés, l’homme des médias est réellement maintenu dans le flou, le citoyen marginalisé, alors que le décideur se voit attaqué de toute part .

Aboussaoud Hmidi

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