AccueilLa UNEKais Saied et Hichem Mechichi, à leurs «rixes» et périls!

Kais Saied et Hichem Mechichi, à leurs «rixes» et périls!

En définitive, l’esprit de  malice et de chicane qui a prévalu tout au long de la crise ministérielle n’aura que peu servi les belligérants dans le bras de fer entre les deux têtes de l’Exécutif. Un épisode dont l’un  et l’autre ont rarement eu la lucidité de faire l’économie, laissant s’éterniser un chamaillis  auquel ils auraient pu et dû  trouver un épilogue beaucoup plus tôt.  Hichem  Mechichi s’est beau essayer à bien des biais sondés hâtivement et avec précipitation qui se sont avérés  sans issue. Kais Saied, intraitable devant l’éternel,  d’un commerce difficile et peu enclin au compromis, n’a de cesse  de déployer un juridisme d’autant plus inapproprié qu’il est sans commune mesure avec l’exercice politique qui est  ni plus  ni moins, l’art du possible.

A l’évidence, il ne s’agissait point d’une querelle de chapelle, les deux hommes  pensaient, dès l’abord, avoir d’irrécusables raisons d’en découdre eu égard aux enjeux  qui s’attachent  à cette empoignade et aux parties qui l’attisent. Le chef du gouvernement, notamment,  se trouvait comme sous l’emprise de la ceinture politique à laquelle il s’adossait, et toujours condamné à ne pas faire machine arrière sous peine d’être lâché, même au prix d’une crise politique encore plus désastreuse.  

Si infranchissable que puisse être le périmètre  où le chef du gouvernement se voit enfermé, il pense trouve le moyen d’en sortir et de découvrir une échappatoire. On l’a vu se démener,  consultant à droite et à gauche, et solliciter les avis et sans doute les soutiens de juristes et de politiciens pour faire pièce au mur érigé par le président de la République et sur lequel viennent  se jeter toutes les offres de bons offices et de médiations pas toujours désintéressées. Sans doute juridiquement plaidable, ce recours n’en serait pas moins politiquement cataclysmique  si jamais  il ne menait nulle part

La rixe, au départ, constitutionnelle, puis légale, a pris une allure épistolaire avec l’échange de correspondances et de missives, qui sans  réussir   à briser la glace, a cultivé cette touche rocambolesque  dont  la presse a fait ses choux gras et dont les Tunisiens ont épicé et égayé leurs bavarderies et commérages, d’habitude monotones en ces temps de covid et de couvre-feu.

Il faut siffler la fin de cette récréation d’école !

Mais les temps doivent venir pour que soit sifflée la fin de cette récréation d’école mais ô combien chargée de périls non seulement pour la classe politique, mais surtout pour un pays qui peine à sortir la tête de l’eau, assailli  par de lancinantes incertitudes, et relègué au rang d’un témoin malgré lui de ruades politiques où les trois présidents  s’infligent sans vergogne ni retenue.

Pourtant, les solutions existent. Elles sont possibles pour peu que l’on s’affranchisse des a priori  et des manœuvres, le plus souvent dilatoires  et parfois machiavéliques. Elles s’adosseraient à des propositions au nombre de trois.  L’une est présentée par Saied, et deux le sont par d’autres. Celle du président de la République  est acceptée et appuyée par les partis d’opposition et les groupes parlementaires  qui les soutiennent,  croit savoir le site Middle East Monitor. Elle comporte deux options : la première consiste à révoquer les ministres qui, selon lui, sont soupçonnés de corruption ou de conflits d’intérêts. Cette option est considérée comme l’une des plus faciles et des plus raisonnables pour résoudre la crise, mais elle n’y mettra pas complètement fin, car le président estime que le principal problème réside dans le remaniement ministériel, qu’il qualifie d’illégal, puisqu’il a entraîné un changement non seulement dans la composition du gouvernement, mais aussi dans sa nature, de technocratique à partisane. Par conséquent, cette option ne résoudra pas la crise, étant donné que le président estime que les procédures de remaniement suivies par le Premier ministre Hichem Mechichi violent la constitution.

Option complexe et concessions réciproques

La deuxième option prévoit la démission du gouvernement, ce qui implique trois possibilités qui lui sont propres : la démission volontaire de Mechichi et de son équipe, un vote de défiance du Parlement ou son renversement par des protestations populaires. C’est l’une des options les plus difficiles et les plus complexes sur la table pour résoudre la crise politique, pour de nombreuses raisons.

La plus importante est que le président et le chef du gouvernement  considèrent tous deux la crise comme une question de vie ou de mort. Par conséquent, leurs propositions sont fondées sur leur désir de prouver leur force, et non sur la logique de la prudence politique. Il est donc peu probable que Mechichi démissionne, d’autant plus que cette proposition est rejetée par la « ceinture parlementaire » du gouvernement et que sa démission permettra au président de nommer un nouveau premier ministre, comme cela s’est produit avec le gouvernement d’Elyes Fakhfakh.

La probabilité que Saied et ses partisans au Parlement réussissent à obtenir un vote de censure est très faible, voire impossible, compte tenu des alliances actuelles. Le gouvernement est soutenu par les blocs parlementaires « influents » – la « ceinture parlementaire » susmentionnée – composés de 120 députés sur les 217 répartis entre Ennahda (54 députés), Cœur de Tunisie (29), Bloc de la réforme nationale (18), Tahya Tounes (10) et le Bloc national (9). Un vote de confiance nécessite une majorité simple des députés, soit 109 voix, et celles-ci ne sont pas disponibles pour Saied et ceux qui le soutiennent.

La troisième possibilité que les protestations populaires puissent faire tomber le gouvernement est l’une des plus dangereuses, car elle pourrait ramener la Tunisie en 2013 et la violence dans les rues. La population est déjà divisée et tendue, ce qui signifie qu’un point de non-retour pourrait être atteint, ce qui conduirait au chaos.

Par conséquent, la première proposition exige des concessions de la part des deux parties. Le président devrait accepter que les ministres rejetés par lui soient remplacés par de nouveaux et aller de l’avant avec le serment d’entrée en fonction et un vote de confiance au Parlement. Les ministres pourraient également être nommés comme conseillers du chef du gouvernement.

Mais la voie la plus passante reste celle qui  appelle au dialogue, à des concessions et au traitement des différences dans le cadre institutionnel plutôt qu’à une personnalisation de la question. C’est la plus appropriée pour une solution politique à la crise actuelle. Toutefois, s’en tenir à des positions politiques aux dépens de l’intérêt public peut conduire à la déstabilisation des institutions de l’État, ce qui aggraverait et exacerberait la crise.

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