Kais Saïed innove et renvoie tout aux calendes grecques.

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Le délai fixé par le président de la République, Kais Saïed aux partis représentés au parlement pour proposer des noms de personnalités à la primature prend fin aujourd’hui, jeudi 16 janvier 2020.  A cet effet, les formations politiques poursuivent les discussions interpartis mais également au niveau de leurs bureaux politiques respectifs pour trancher cette question.

Plusieurs députés ont assuré, dans leur déclaration à l’agence TAP, que les propositions seront présentées au président de la République en cours d’après-midi, après la fin des réunions tenues à cet effet.

Selon le député Samir Dilou, le mouvement Ennahdha a déjà choisi les noms qui seront proposés au président de la République. D’autres sources au sein de la même formation politique ont indiqué que le mouvement proposera la candidature de trois personnalités « non affiliées » au parti. D’après la députée Yamina Zoghlami, Ennahdha a désigné 10 membres pour former une commission pour mener les concertations avec le président de la république à ce sujet. Elle n’avait manifestement pas encore lu le dernier communiqué de Carthage !

Pour sa part, l’élu du Courant Démocrate, Ridha Zoghmi, a indiqué que le bureau politique du parti se réunira cet après-midi pour trancher cette question. Zoghmi a fait savoir, dans ce sens, que parmi les noms fortement pressentis pour briguer la primature, figure celui du secrétaire général du parti Mohamed Abbou. Il n’a pas non plus écarté l’éventualité de proposer d’autres noms.
Khaled Krichi, du mouvement Echaâb, a évoqué la possibilité pour son parti, en coordination avec le Courant démocrate, d’appuyer la candidature de Mohamed Abbou pour le poste de chef du gouvernement. Il a fait observer que son parti avait réfléchi à la candidature de plusieurs personnalités à ce poste, dont celles de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, et l’avocat Boubaker Bethabet (secrétaire général de l’instance électorale en 2011 et ancien secrétaire général de l’ordre des avocats).

De son côté, le député du parti Qalb Tounes, Hatem Mliki, a déclaré que son parti, cherche à soutenir des candidats bénéficiant d’un large consensus. Rafik Amara (Qalb Tounes aussi), cite la possible candidature de Wided Bouchamaoui, ex-présidente du patronat tunisien.

Marwen Felfel de Tahia Tounes, a indiqué la «forte possibilité» que la liste des candidats de Tahia Tounes comprenne le nom d’une personnalité féminine ». La blogosphère comprend par ailleurs, une liste plus large, parfois faite de revenant. Commentant ce qui se passe, un ministre compare la scène politique actuelle à Fallouja. «Ceux qui y sont voudraient sortir, et ceux qui sont dehors, voudraient y rentrer», dit-il à Africanmanager en riant.

  • Kais Saïed innove : Des concertations oui. Mais par courrier écrit !

Et alors que les 38 partis et parties, directement intéressés par ces consultations pour le choix d’un chef de gouvernement que le chef de l’Etat chargera de former le prochain gouvernement qui essaiera de ne pas tomber, comme l’avait fait lourdement celui de Jemli, la présidence de la République rend public un étrange communiqué.

Un communiqué surtout, qui innove en matière de consultations politiques. «Il convient de noter, que les consultations prévues au chapitre neuvième de la Constitution, sont une mesure nécessaire. Mais la constitution n’a pas spécifié en retour, la forme de cette procédure. Ces consultations pourraient donc être directes, elles pourraient être écrites, ce qui pourrait être beaucoup mieux à la lumière de la situation actuelle en Tunisie, que des consultations directes qui peuvent s’étendre, mais en vain», disait entre autres le communiqué du chef de l’Etat.

Il est ainsi clair, comme s’en était étonné le SG de l’UGTT, que Kais Saïed ne veut pas rencontrer les 38 personnes ou groupes de personnes, pour des séances de négociations directe et face à face. Saïed a lancé une demande, écrite, de manifestation d’intérêt ou de candidature, au poste de futur chef de gouvernement, et ne voudrait que des réponses écrites, et une possible discussion de son choix, uniquement par courriers écrits.

Il fera ainsi, certainement l’économie de tournées générales de thé ou de café. Il ferait aussi économie de temps, c’est sûr. Mais pas de papier, dans le jeu de question-réponse, par écrit qu’il engagerait ainsi, car il est sûr que les 38 partis politiques et parties intéressées, ne vont pas se priver de contester, tel ou tel choix, tel ou tel critère adopté pour le choix. 38 voitures sortiront ainsi, en direction des 38 intéressés, et pas qu’une fois. Mais on comprendrait, peut-être aussi, que Saïed voudrait garder des traces écrites de ces consultations qui pourraient se transformer en négociations mercantiles, et éviter ainsi que chaque mécontent aille dire des choses fausses, sur ce qu’il aurait proposé, et sur ce que le chef de l’Etat aurait dit ou commenté. Pas bête l’idée, après tout le cirque vécu lors des premières négociations avec Jemli !

Dans son communiqué, le chef de l’Etat propose aussi d’inclure dans ces consultations, la possibilité de prolonger la durée des consultations, au-delà des 7 jours définis dans la Constitution. «Cette période de consultation, pourrait être un surcroît de consultation sur les délais définis par la consultation. C’est le prologue qui précède le choix autant que l’épilogue. Et il n’y a pas lieu, dans cette conjoncture que vit la Tunisie, de placer l’épilogue avant le prologue», dit Saïed dans son arabe trop châtié à la manière d’El Ikhchidi.

Après ce juridisme du fonctionnaliste Kais Saied, on s’acheminerait donc vers une annonce du choix du chef du gouvernement désigné, au-delà du délai limite prescrit par l’article 89, et dans un temps pour l’instant indéterminé !

(Avec Tap)

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