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L’exploit de résilience de la Tunisie en pied de nez au FMI !

Le crédit de 1,9 Md USD du FMI pour la Tunisie s’enlise dans le temps et l’incertitude. La Tunisie avait obtenu le LSA (Level Staff Agreement), et attendait les premiers versements dès la première réunion du CA du Fonds monétaire international.

Le chef de tout l’Etat tunisien Kais Saïed rejette désormais ce qu’il appelé le « diktat » de cette institution financière où la Tunisie est pourtant actionnaire, et refuse donc le crédit aux conditions des réformes exigées par le FMI. Désormais, le SLA pourrait être remis en cause, et la Tunisie pourrait en arriver à faire une nouvelle demande de crédit au FMI, et certainement en rediscuter les conditions.

Ce crédit conditionnait pourtant tout accès de la Tunisie à tout autre financement, tant sur les marchés internationaux que les financements bilatéraux, et même l’argent promis par l’Union Européenne en paiement de l’accord sur l’immigration clandestine.

Or, force est de constater que, même sans ce crédit, l’économie tunisienne et ses finances résistent toujours, et ont même développé une capacité à la résilience, inattendue pour tous les Cassandre, locaux et étrangers. Une résilience qui ferait presque « success-story », même s’il faut s’avouer qu’il n’est pas le fait de Kais Saïed, car il s’intéresse peu ou prou à l’économie et que son programme est avant tout politique.

Des indices de cette résilience, presqu’en pied de nez à un FMI, conservateur comme à son habitude et qui fait idiotement de l’ostracisme financier avec l’un de ses propres actionnaires, le Conseil d’Administration de la BCT, institution indépendante, n’en manque pas. « Les activités orientées vers le marché extérieur sont restées relativement dynamiques, soutenant ainsi l’activité économique et contribuant à la consolidation de la balance des paiements ». Nous en voulons pour preuve les derniers développements du commerce extérieur tunisien, où tant l’exportation que les importations ont permis à la Tunisie, soit d’engranger des devises, soit d’éviter d’en dépenser.

Et la dernière réunion du Conseil d’administration de la BCT de donner d’autres signes positifs de la résilience de l’économie tunisienne, malgré l’abstention du FMI à lui faire crédit.  Il cite ainsi « la poursuite de la contraction du déficit courant qui s’est établi à -2.814 MDT (ou -1,8% du PIB), à fin juillet 2023, contre -7.793 MDT (ou -5,4% du PIB) une année auparavant, soutenue par la baisse du solde commercial, la consolidation des recettes touristiques et la bonne tenue des revenus de travail ». Le tout, comme ne manque pas non plus de le souligner la BCT avec une nuance de fierté à peine cachée, « malgré un accès relativement limité aux ressources de financement extérieures pour le financement du budget de l’Etat, le stock des réserves de change ». Ces derniers s’étaient même raffermis, passant à 26,6 milliards de dinars, au 5 septembre 2023 (ou 117 jours d’importations) contre 22,9 milliards de dinars à fin 2022. La BCT l’explique certes par « la performance des secteurs pourvoyeurs de devises ». Mais il n’y avait pas que cela, comme nous l’écrivions mercredi dernier.

  • Le Crash-Down prévu n’a pas eu lieu. La Tunisie plie, mais ne rompt pas encore !

Et force est donc de dire que l’économie tunisienne fait peut-être une sorte de « Burnout », mais certainement pas encore un « Crash-Down », ou « Shutdown », comme le prédisaient certains « experts » de circonstance biberonnés par des analystes de la Banque Mondiale et du FMI.

La dette n’a pas arrêté d’être remboursée, les salaires sont payés, chaque mois rubis sur l’ongle, et la compensation est toujours d’actualité, comme ne le voulait pas le FMI.

A sa manière et à son rythme, la Tunisie met en place les réformes. La Tunisie connaît certes quelques privations, quelques pénuries, dont certaines continuent comme celle de l’eau malgré le changement de Pdg.  Et pourtant, « vogue la galère » pour la barque Tunisie, dont certaines voiles sont déchirées par la conjoncture internationale, d’autres mises en berne par les autorités monétaires tunisiennes, mais qui résiste, malgré le refus du FMI de lui prêter main forte, comme elle devrait le faire pour tout actionnaire de ce fonds qui n’a pas toujours bonne presse. Les deux révoltes du pain, en Tunisie et en Egypte à la fin des années 80, le prouvent. Le récent refus de l’Egypte et le cas libanais, le confirme.

Et c’est même une Libanaise qui dit désormais que « Tunisia Was Right to reject the IMF deal ». Traduisez : « La Tunisie a eu raison de rejeter l’accord avec le FMI ». Selon Alissa Pavia, « ce plan de sauvetage n’apportera pas de garanties à long terme à l’économie tunisienne et exacerbera les inégalités ».

Nul ne peut remettre en cause  le bien-fondé des réformes à faire pour relancer l’économie. Des réformes comme celle de l’impensable compensation du tabac, du café ou des pâtisseries. Des réformes comme celles de certaines entreprises publiques, devenues des cadavres économiques et des carcasses financières. Mais des réformes à faire en temps et en heure, et à la manière tunisienne et au rythme de son économie et des spécificités de sa société.

  • Le FMI a raté le coche. Retrouvera-t-il ses esprits à Marrakech ?

Le FMI aurait pu aider la Tunisie, comme il l’a fait pour un pays toujours en guerre comme l’Ukraine, et comme pour d’autres économies qui vont plus mal que la Tunisie. Il aurait même dû le faire, la Tunisie étant actionnaire du FMI dont il connaissait les défis à relever depuis la révolution de 2011 qu’il saluait à l’époque, ainsi que la mauvaise conjoncture exogène qui l’accompagne depuis, et aurait pu ainsi contribuer à se constituer un exemple de véritable success-story de résilience pour contrebalancer son album d’échecs retentissants.

Deux rendez-vous s’annoncent pour y remédier, et que cette institution change son fusil d’épaule. D’abord en octobre 2023. La délégation tunisienne qui sera présente aux assemblées annuelles de la BM et du FMI à Marrakech au Maroc, ne manquera pas de renouer le contact avec les « oligarques » du FMI et son « Politburo » financier nourris par les actionnaires, pour leur expliquer la réalité de l’économie tunisienne et ses nouveaux défis qu’elle relève à sa manière et en dehors des solutions toutes faites s des mécanos financiers du FMI. Ensuite, la prochaine mission du FMI, en décembre prochain, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV. Les « Experts » du FMI pourront alors se rendre compte, sur le terrain, de l’exploit de résilience réalisé par la Tunisie à laquelle ils refusait de faire crédit, par ses propres moyens, locaux et amicaux, pour résister à la conjoncture internationale plus que difficile, et se remettre en ordre de marche, économique et financière !

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3 Commentaires

  1. Il faut accélérer les réformes :
    – privatisation de certaines entreprises publiques en mort cérébrale;
    – suppression progressive de la caisse de compensation;
    – accélérer le nettoyage de l’administration et des municipalités des incompétents ;
    – insertion du marché parallèle dans le système économique;
    – améliorer le service de l’administration par l’utilisation des TIC et assurer le suivi du programme ministère par ministère (prévoir le plan de réformes TIC);
    – accélérer le programme de l’énergie renouvelable afin d’exporter le surplus de la production de l’électricité, faire sortir les appels d’offre internationaux pour les investissements étrangers dans ce secteur;
    – changer les ministres incompétents loin du terrain et engager les jeunes diplômés ayant des expériences internationales dans le management;
    – faire appel aux compétences des retraités de l’administration ayant fait preuve de succès dans leur domaines;
    – développer davantage les centres de formation professionnelle avec l’attractivité des jeunes en leur accordant des avantages (diplôme reconnu, possibilité de poursuivre leur formation à l’étranger,…)

  2. Excellent article réaliste qui inviterait les tunisiens à serrer la vis encore une année ce qui aidera la Tunisie à ne plus demander ce maudit prêt !

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