AccueilLa UNEKais Saied perdrait son emprise sur la Tunisie!

Kais Saied perdrait son emprise sur la Tunisie!

est sans surprise que les Tunisiens  se sont rendus peu nombreux aux urnes, dimanche, pour le second tour des élections législatives, rééditant à quelques décimales près le maigrelet score du premier tour. Une issue qui s’inscrit dans le droit fil d’une campagne électorale terne, barbante,  centrée sur des enjeux prosaïques, à la limite locaux , mais sans réelle prise sur ce qui est le propre d’une assemblée législative, ayant vocation à faire des lois, et les bien faire , contrôler l’Exécutif dans ses deux composantes, et trouver des solutions vraies et convenues aux pléthoriques problèmes qui agitent le pays.

Après des années de remous politiques et de déclin économique, durant lesquelles le président de la République, Kais Saied a contrôlé le pays de manière quasi exclusive, rien n’a permis ou si peu  d’enrayer ces deux phénomènes, souligne  l’influent « Foreign Policy ». De plus, ajoute-t-il et « comme l’ont prouvé les chiffres lamentables de dimanche, il n’a pas gardé vif l’enthousiasme qui avait accueilli ses décisions du 25 juillet 2021, à savoir le limogeage du chef du gouvernement, et le renvoi du parlement ».

Cependant, pour une grande partie de la population tunisienne, fatiguée par les pénuries alimentaires, le déclin de l’économie et des salaires qui peinent à joindre les deux bouts, les manifestations  de l’opposition  ne font que rappeler  les divisions politiques passées qui ont conduit de nombreuses personnes à tourner le dos aux principaux partis politiques.

« Jusqu’à présent, c’est le mieux qu’ils aient pu faire en termes de mobilisation. Ils vont protester, ils vont faire beaucoup de bruit, mais c’est à peu près tout », a déclaré Aymen Bessalah, de l’Institut Tahrir pour la politique du Moyen-Orient, à Foreign Policy depuis Tunis, soulignant que la popularité de l’opposition ne s’étend pas nécessairement aux banlieues marginalisées des principales villes et aux zones difficiles de l’intérieur du pays.

Saied , « le moins détesté » du pays

Malgré tous les efforts des groupes de l’opposition officielle et des anciens partis, Saied reste « le leader politique le moins détesté du pays. Sa popularité dépend de la faiblesse de celle de l’opposition », a-t-il indiqué.

Cependant, selon lui, malgré le bruit et la fureur de la manifestation de l’opposition, un véritable sentiment de colère et de frustration couve dans le pays. Tout en évitant d’établir des parallèles directs entre la situation actuelle et celle qui prévalait avant la révolution de 2011, il prévient que « les gens ont moins aujourd’hui qu’à l’époque, et cela inclut l’espoir. Cela signifie que la menace est plus importante. »

Avec une inflation prévue en moyenne à 10,5 % cette année, les perspectives de la Tunisie pour 2023 restent sombres. Dans tout le pays, la vie devient plus chère, surtout pour ceux qui sont les moins nantis.

Selon le budget de cette année, les impôts doivent être augmentés de manière générale afin de tenter d’endiguer le manque de fonds, mais il manquerait encore au pays des milliards de dollars pour atteindre les dépenses prévues.

Néanmoins, malgré ces mesures génératrices de revenus, la croissance ne devrait pas dépasser 2,2 %, laissant un écart entre les revenus de la Tunisie et les paiements sur sa propre dette interne et externe. Dans ces conditions, la nécessité d’un renflouement par le Fonds monétaire international (FMI) devient inévitable, quelles que soient les conditions imposées, a déclaré Aram Belhadj, économiste à l’Université de Carthage à Tunis.

La longue histoire  entre la Tunisie et le FMI

Cette dernière tranche, estimée à 1,9 milliard de dollars à débourser sur quatre ans, était attendue, peut-être avec un peu d’optimisme, par les planificateurs tunisiens dans les premiers mois de l’année dernière, ce qui explique en partie les déficits actuels du gouvernement en matière de salaires et de subventions. Toutefois, malgré un accord initial sur les conditions du renflouement, la décision finale reste insaisissable, la rumeur voulant que le FMI s’inquiète d’une agitation sociale généralisée.

« Je pense que nous devons avoir un dialogue le plus rapidement possible avec tous les partenaires sociaux, principalement l’UGTT, afin d’établir une feuille de route claire et consensuelle pour l’avenir », a déclaré Belhadj, affirmant qu’un accord avec le FMI permettrait également de libérer des fonds détenus à l’étranger que la Tunisie pourrait utiliser pour équilibrer ses comptes.

Comme elle l’a fait précédemment, l’UGTT se retrouve dans un rôle décisif. Bien plus importante que la plupart des syndicats, avec une tradition de liaison entre les luttes sociales et les revendications politiques et nationales, l’UGTT reste l’un des rares pouvoirs politiques en Tunisie capable de rallier le soutien nécessaire pour contrôler ou du moins orienter la direction de la réforme du gouvernement. Les négociations avec le FMI s’adressent directement à la base traditionnelle du syndicat, avec pour enjeu la réduction des subventions alimentaires dont dépendent les plus pauvres du pays, ainsi qu’une vaste réforme de l’État et des secteurs d’emploi publics.

La volonté de l’UGTT de placer le bien national au-dessus de ses propres fins lui a valu, avec trois autres, le prix Nobel de la paix en 2015. Cependant, l’espoir qu’elle soutiendra finalement le statu quo est loin d’être garanti, comme elle l’a démontré en 2010 et 2011, lorsqu’elle a servi de paratonnerre à la colère populaire contre le pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali, après avoir précédemment coopéré avec le régime.

Entre-temps, alors que le vote de dimanche soulève des questions fondamentales sur l’avenir du pays, l’économie continue de tourner à vide, Saied n’étant pas contesté et l’ancienne classe politique étant perçue comme ayant préféré les querelles politiques et les luttes intestines à l’arrêt du déclin du pays. Dans les banlieues les plus pauvres et dans tout le pays, la faim devient une réalité pour beaucoup. La violence, pour ceux qui n’ont pas accès au pouvoir, risque de devenir une réponse de plus en plus courante, conclut Foreign Policy.

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