Le candidat à la Présidentielle anticipée de 2019 est sorti de prison, et il rattrape le temps en communication. Un domaine où il excelle, car il sait bien s’y faire dès lors que c’est son domaine. Il l’a longtemps fait pour les autres. Hier sur la chaîne TV «Al Hiwar», il le faisait pour lui-même. Ce n’était pas «le grand Jacques» Chirac ou la force tranquille de François Mitterrand. Mais ce n’était pas non plus le Robocop, froid et distant.
- Deux styles de communication opposés
Les styles sont finalement différents. Entre le froid dictaphone débitant des mots synthétiques sur fond de visage impassible où il n’y a aucune démarcation entre sourire et mauvaise humeur, et le visage ouvert du «tycoon» où l’on pourrait tout voir, presque comme dans un livre ouvert. Entre l’homme d’affaires, fier d’avoir réussi et d’être riche, et le frêle fonctionnaire qui ne dit mot sur ses biens, ni sur le financement de sa campagne. Que choisiront dimanche les Tunisiens ?
Entre Karoui qui parle plusieurs langues, professionnel du marketing dans un pays qui en manque pour son image et pour son économie, dans un monde où les chefs d’Etat sont les premiers apporteurs d’affaires pour leurs pays, et Saïed dont le passeport avait expiré depuis 2015 et qui ne parle manifestement que l’arabe littéraire, avec un peu de français. Que choisiront dimanche les Tunisiens ?
Entre Saïed qui propose de mettre tout le mode de gouvernance dans le pays sens dessus-dessous, changer une large part de la constitution pour donner le pouvoir au peuple et rester lui-même leader sans plus, et Karoui qui promet et jure qu’il sillonnera la Tunisie pour prendre continuellement le pouls du pays et faire pression sur le gouvernement pour réaliser ses aspirations. Que choisiront dimanche les Tunisiens ?
- Deux projets, diamétralement opposés
Entre Karoui qui propose un pacte national contre la pauvreté et promet de sillonner le monde, en compagnie des hommes d’affaires pour apporter des projets, et Saïed qui ne promet rien et qui n’aurait aucun programme clair net et probant, sauf de refaire toute l’administration du pays en pyramide inversée pour donner au peuple les outils pour reprendre leur pays, dégager tout le monde et placer au pouvoir des jeunots sans aucune expérience à gouverner tout un pays. En guise de programme économique, il se limite à dire «Mon programme, économique et social, est de mettre les outils à la disposition du peuple». Une sorte d’apprentissage national, sur des dizaines d’années peut-être, à apprendre à pêcher, quitte à rester pendant de longues années à ne rien manger. Que choisiront dimanche les Tunisiens ?
Entre Saïed qui voudrait dissoudre l’ARP et, au mieux, faire obstruction au travail de l’ARP, en refusant de promulguer les lois lorsque l’ARP ne vote pas ses propres projets de loi, et Karoui qui propose de respecter la démocratie et d’y faire le bon et constructif opposant, s’il n’est pas élu. Que choisiront dimanche les Tunisiens ?
Entre Karoui qui promet des baisses de fiscalité aux entreprises pour les aider à créer plus de valeur ajoutée à redistribuer et aux citoyens pour leur donner plus de pouvoir d’achat, et Saïed qui promet d’assigner à chaque homme d’affaires, jugé corrompu, une région à développer à sa propre et unique charge. Que choisiront dimanche les Tunisiens ?
Les réseaux sociaux bruissent, depuis vendredi, de beaucoup de choses sur une prétendue fortune du candidat de Lénine. Vrais documents ou FakeNews ? Avant, les mêmes réseaux avaient parlé de l’affaire du contrat de lobbying, qui est actuellement sous enquête judiciaire. Qui se penchera sur le cas Kais Saïed pour voir s’il existe réellement et tranquilliser ceux qui voudraient croire qu’ils ont voté monsieur propre ?
