AccueilLa UNEK. Saïed projetterait de dissoudre l’ARP après les législatives de 2019 !

K. Saïed projetterait de dissoudre l’ARP après les législatives de 2019 !

Pendant plus d’une heure, jeudi soir sur la Wataniya 1, journaliste et candidat ont joué au chat et à la souris, le premier essayant d’arracher au second une réponse à la question qui lui était posée.

Manifestement Kais Saïed se croyait en mission d’explication de son idée-programme. On découvrira cependant que l’universitaire n’a que l’idée, et pas toujours de programme. Une idée, utopique qui pourrait plaire aux rêveurs de la «cité idéale» de Platon, où le peuple se gouverne par lui-même. Une idée, à laquelle il demande de croire et non d’en être convaincue.

A l’entendre, on aurait presque à l’esprit Karl Marx qui disait que «une idée devient une force, lorsqu’elle s’empare des masses». Et il semblait évident, pendant cette soirée du jeudi 26 septembre 2019, que Kais Saïed était venu pour essayer d’implanter l’idée d’un «gouvernement par le peuple», une sorte de régime de gouvernement du peuple par le peuple, où la pyramide du pouvoir est inversée, et non pour l’expliquer et en convaincre. On découvre ainsi le Saïed d’une idée, et non le candidat d’un programme, économique et social bien précis.

  • Son idée comme une obsession, sans autre programme, même en option

Une idée comme une obsession, toujours vaguement présentée par un candidat qui répèterait presque un discours appris par cœur, et qui coincerait à chaque fois que le journaliste essayait de le sortir de ses éléments de langage. Un candidat ruminant à l’envi le slogan de «je ne vends pas les rêves», et qui limite son rôle de chef de l’Etat à la mise à disposition des moyens permettant au peuple d’arriver à ses fins, la prise du pouvoir. Des moyens que le candidat appelle les outils. Des outils qui sont le nouveau modèle de gouvernance du pays. Un modèle, qui commence de la Délégation régionale qui décide de tout, absolument tout, jusqu’au parlement dont il prévoit la disparition.

Et à chaque fois que le journaliste lui pose la question de comment faire pour mettre au point ce nouveau modèle de gouvernance, qui suppose l’amendement d’une grande partie de la Constitution, il se bloque sur «chacun en portera la responsabilité». Une réponse qui donne à entendre plusieurs hypothèses, de la plus banale à la plus violente, sans qu’il n’ait jamais daigné préciser les conséquences d’un possible rejet de son idée par l’ARP ou de la soumettre à referendum.

A 61 ans, le candidat avait l’air, en cette soirée télévisuelle du jeudi qui aurait manifestement été beaucoup regardée sur YouTube, d’un étudiant hors du temps, essayant de haranguer dans un amphithéâtre, avec des slogans du genre «Achaab Yourid» et d’autres du genre scandés sur les campus universitaire des années 60 et début 70.

  • Faire obstruction à l’ARP, jusqu’au vote du changement de la Constitution

L’insistance à connaître le fin mot de l’histoire de Kais Saïed, dont le journaliste de la Wataniya n’avait pas su faire montre, on la retrouvera quelques jours après chez son confrère d’Express FM. Ce dernier tancera Saïed sur la question de savoir comment compterait-il concrétiser son idée, alors qu’il n’a pas de parti politique qui soutiendra son idée à l’ARP. K. Saïed tournera d’abord quelques minutes en rond avant de lâcher que si ses initiatives législatives pour amender la Constitution, presque de fond en comble, sont refusées par les députés, lui, chef de l’Etat, contre-attaquera en refusant de promulguer les lois votées par l’ARP avant la publication au Jort. Le candidat Saïed s’apprêterait ainsi à engager un bras de force avec l’ARP. Ce serait ainsi, ou l’ARP vote les projets de loi du chef de l’Etat, ou c’est lui qui bloquera toutes les lois votées par l’ARP.

Le journaliste d’Express Fm le pousse alors dans ses derniers retranchements, en l’obligeant à répondre à la question de savoir quelle serait sa réaction en cas d’obstination de l’ARP à refuser ses projets de loi pour revoir la Constitution. Kais Saïed commence par énumérer les principales parades qu’il aurait déjà élaborées. «Refuser de promulguer les lois votées, les renvoyer pour une deuxième lecture et si l’ARP insiste, il ne restera que l’application de la loi. Je signerai si cela est nécessaire. Mais lorsque je présente un projet de loi et que l’ARP le refuse, le peuple aura son mot à dire et il n’y aura d’autre choix que d’appliquer la Constitution (…). Si je présente un projet de loi pour amender la Constitution et que l’ARP le refuse quelle sera la sanction politique qui s’en suivra ? Dans ce cas, Dieu et le peuple seront le dernier recours. L’ARP sera libre de refuser, mais il est du droit de la population de prendre position, dans cinq ans ou en cas de crise gouvernementale, dans ce cas, il ne restera que la dissolution» [Ndlr : du parlement, selon l’article 89, sans qu’il le dise explicitement], finit par lâcher le candidat aux présidentielles anticipées.

Le journaliste n’a pas essayé de s’appesantir sur cette option, ou peut-être ne la connaissait-il pas, mais on comprendra que Kais Saïed compterait jouer le tout pour le tout, pousser son bras de force avec l’ARP jusqu’au bout, jusqu’à l’amener à dissoudre le parlement. On comprendra que le possible prochain chef de l’Etat, Kais Saïed, compterait utiliser tous les artifices de l’actuelle constitution (Articles 86, 89, ou 99) et tout faire pour arriver à ses fins ! Une vraie pagaille et une période de haute instabilité donc en perspective, si Saïed est élu !

C’est peut-être tirer des plans sur la comète de la part de Saïed, mais il semble clair que le candidat préparerait quelques entourloupes légales et constitutionnelles pour arriver à ses fins. Citer le cas de crise sur le vote de confiance au gouvernement, lors de l’interview sur Express FM, n’était en tout cas pas fortuit. A le comprendre, il préparerait une prochaine opposition par le biais de certains groupes qui le soutiendraient au prochain parlement, au vote du gouvernement qui naîtra de la prochaine ARP. Le pays serait ainsi tenu en haleine et dans l’attente pendant 4 mois (Art. 89), jusqu’à ce que Saïed organise de nouvelles législatives dont il espèrerait un plus fort soutien à son projet d’amender une grande partie de la Constitution. Bonjour les dégâts, politiques, économiques et tutti-quanti !

  • La Tunisie cherche la transition politique, Saïed planifie la «transition révolutionnaire»

On ne finira pas sans évoquer sa position hostile à l’égalité successorale , qu’il expliquait par le fait que dans son islam, l’homme est déjà tenu de subvenir aux besoins de la femme, ou lorsqu’il dit en substance que le citoyen pourrait faire tout ce qu’il voudrait, comme ne pas jeûner ou être gay, uniquement dans son espace privé et non en public où l’interdiction prévaudra. «Le problème n’est pas le fait de ne pas jeûner, mais la provocation». Les islamistes intégristes avaient utilisé le même argument pour le voile et le Burqa !

Sinon, pour lui, le programme économique, qu’il ne semble pas avoir et qui ne semble d’ailleurs pas être sa priorité, reste directement lié à son idée de la «nouvelle transition révolutionnaire» dont il parlait en juin dernier. Une interview passée alors inaperçue, où il revendiquait «une opération d’épuration du pays» lorsqu’on lui aurait proposé La Kasbah en 2014.

Son entourage parle, en guise de programme économique, de nationalisation des «richesses qu’il faut rendre au peuple». Lui, il ne dément pas et enfonce le clou, dans le dos des hommes d’affaires, en confirmant son idée de trier les hommes d’affaires selon leurs richesses, et de charger chacun d’une région, pour pouvoir accéder au quitus populaire et la réconciliation.

Après les jeunes et les médecins et autres compétences, grâce à cette proposition du candidat Saïed, on devrait voir dès 2020, des vagues d’hommes d’affaires faire leurs valises, liquider leurs affaires, et partir à l’étranger.

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