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«L’ange Gabriel était descendu à Hira, non à Montplaisir». Dixit Kais Saïed le Sphinx !

Il a battu toute la machine électorale de Nabil Karoui, avec quasiment pas d’argent et sans que personne ne comprenne comment il a pu le devancer de 2,84 points. Personne ne semble arriver à décoder le candidat «mystère et boule de gomme» qu’est Kais Saïed et certains sont allés jusqu’à dire qu’il serait atteint du syndrome d’Asperger. Le candidat, il est vrai, ne parle que très peu et lorsqu’il le fait, il donne l’impression de toujours vouloir «noyer le poisson ». Il est clair dans sa tête mais pas pour les autres. Il n’a pas d’équipe de communication, et encore moins une personne chargée de ce sujet. Ceux qui l’entourent ou parlent en son nom n’y comprendraient rien en communication et n’en voient presque pas l’utilité. Ils sont convaincus des idées de leur professeur et cela leur suffit. Son véritable «Spin Doctor», le dénommé «Lénine», est une personne secrète, à la fois présente et absente, et demeure introuvable et injoignable.

Le programme du candidat, au sens traditionnel des outils des campagnes électorales, est tout aussi introuvable. Le seul document de référence reste l’interview accordée le 11 juin 2019 par le candidat Saïed au journal tunisien «Acharaa Al Magharibi» et que ses disciples conseillent. A la relire, on y trouve certaines choses qui feraient presque peu au commun des mortels et des néophytes en politique tunisiens.

D’abord cette affirmation qu’il «candidate malgré lui », en citant un verset du Coran relatif à l’obligation, faite par Dieu, de livrer combat. Et lorsqu’on lui demande de préciser pourquoi il compare la candidature au combat, Kais Saïed rectifie que «la responsabilité est une obligation », mais revient à l’exemple du soldat qui doit livrer combat pour ne pas être tué.

  • Les positions les plus controversées de Saïed

Saïed projette, à terme, la disparition des législatives, les élections devant, selon lui, être faites du bas vers le haut. Saïed évoque une «transition révolutionnaire» pour parler de son prochain mandat qui «sera conduit, non par moi-même, mais par le peuple, car je ne suis qu’un simple porteur de projet» et prédit la disparition des partis politiques. «Je ne les annulerai pas. Ils disparaitront d’eux-mêmes», dit-il. Kais Saïed ne serait pas pour l’énonciation de la Chariaa dans la Constitution. «En fait ce n’est pas cela exactement. J’ai demandé à ce qu’il soit dit que seul l’Etat est responsable de la réalisation des objectifs de la Chariaa», comme il le dit dans l’interview. Pour lui, l’Etat est une «entité morale qui ne peut pas avoir de religion». Saïed plaiderait, selon notre entendement, pour un Etat civil, et non laïque, parce que dans un Etat laïque, chacun peut faire ce qui lui plaît (écoles coraniques, etc…), alors qu’il voudrait éviter tout cela par un Etat civil, où personne ne doit parler au nom de la religion ou essayer de l’appliquer, hormis l’Etat. Pour lui «la Chariaa n’a que cinq missions, la sauvegarde de l’être humain, de son honneur, de ses biens matériels, de la religion et la liberté», si nous avons bien compris, et ce n’est pas une mince chose.
Interrogé s’il est pour ou contre le classement d’Ansar Chariaa en tant qu’organisation terroriste, sa réponse est évasive. «Il faut d’abord se poser la question de l’auteur de ce classement et que signifie-t-il ? Cela revient à la justice», dit le candidat. Une réponse qui n’est sûrement pas de nature à tranquilliser des électeurs, déjà échaudés par ce qu’avait essayé de faire ce groupe terroriste.

  • L’ange Gabriel était descendu à «Hira», non à Montplaisir

Même recours à la théorie du complot, lorsque le journaliste essaie de le faire parler de sa stratégie de lutte contre le terrorisme. «Il faut d’abord savoir ce qu’est réellement le terrorisme ? Il y a des parties étrangères derrière le terrorisme en Tunisie. Les forces de l’ordre sont capables de maîtriser toute parcelle du territoire tunisien». L’homme croit fermement à l’image des jeunes révolutionnaires, que la Tunisie grouille d’espions et que tout le monde complote contre le pays. Encore une réponse qui ne tranquillisera personne dans un pays où le terrorisme et la contrebande sont les principales menaces majeures à son économie surtout.

Sur l’égalité dans l’héritage, Saïed se prononce franchement contre, sans arriver à convaincre, ni savoir comment expliquer sa position, sauf en disant qu’il a des solutions qu’il saura quand et où annoncer et qui seraient en relation avec les sciences.

De la religion, on retiendra cette réplique où il répondait au journaliste de «Acharaa Al Magharibi» que l’ange Gabriel a fait la révélation au prophète dans la grotte de Hira et non à Montplaisir. Façon de dire aussi que l’Islam politique est une création de l’Occident, que l’Islam est une religion, de tout le monde et pour tout le monde et qu’il n’est pas l’apanage d’Ennahdha dont le siège est à Montplaisir.

  • Le Karcher et Omar Al Khattab

Notons qu’à la réponse à certaines questions, Kais Saïed ressemblerait presque, sauf incompréhension de notre part ou discours incompréhensible de sa part, à Mohamed Abbou lorsqu’il appelait à nettoyer l’administration au Karcher. Revenant sur les propositions qui lui auraient été faites, en 2014, d’occuper le poste de chef de gouvernement, Saïed indique avoir alors exigé qu’on lui permette d’ «épurer le pays, avant d’organiser les élections». On comprendrait que Saïed aurait pu être chef de gouvernement, en lieu et place de Mehdi Jomaa.

Il reste l’économie. Dans l’interview dont il s’agit, le candidat qui dit que «le seul qu’il considère comme homme d’Etat était le Calife Omar Al Khattab, ne semble pas avoir des idées précises. «Mon programme, économique et social, est de mettre les outils à la disposition du peuple», se limite à dire le candidat sphinx.

  • «الشعب يريد» Chaque région aurait son propre parlement et déciderait de tout

En fait, dès le début de l’interview, Saïed évoquait ce qu’il voulait faire. Si on l’a bien compris, il prêche la mise en place de parlements régionaux élus au niveau des régions, avec un parlement national composé de représentants des différents parlements régionaux. L’avantage de ce système, c’est que chaque région deviendrait responsable de son propre développement. C’est le parlement régional qui décide des affaires régionales, comme par exemple de décider d’un code d’investissement régional, ou d’un code de travail régional. Ceci devrait créer, entre autres, une certaine concurrence entre les régions. Pour le budget, ce serait la même chose que maintenant, mais au lieu de réfléchir seulement secteur, il faudra réfléchir aussi région. Le parlement national s’occuperait alors des affaires qui touchent toute la Nation, principalement les relations internationales, la sécurité nationale etc.

Il faut dire que l’idée n’est pas nouvelle et pourrait ressembler à ce qui existe en Allemagne et en Suisse. Cela aurait de quoi plaire et appâter ceux qui ne savent pas que pour mettre en place tout cela, il faudra d’abord changer la Constitution. Pour y toucher, selon ses propres textes, il faudra se lever de bonne heure et avoir un bloc parlementaire, irréductible et incorruptible. Le changement est tellement radical qu’il finira par essuyer le refus de l’establishment. Le peuple du guide Saïed pourrait alors, juste avec une petite pichenette, descendre dans la rue avec son slogan «Achaab Yourid », ou «le peuple exige » qu’arborent déjà les armoiries électorales du candidat au second tour des présidentielles anticipées de 2019.

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