AccueilLa UNELa banlieue sud de Tunis gangrénée par la pollution marine!

La banlieue sud de Tunis gangrénée par la pollution marine!

Une consultation citoyenne a été organisée par l’Office national de l’assainissement deux mois après la chaîne humaine du 12 septembre le long des quatre plages les plus polluées de la banlieue sud de Tunis, avec  trois mille personnes appelant à l’arrêt du rejet des eaux usées non conformes dans la mer. En novembre, l’ONAS   a organisé une consultation citoyenne autour du projet d’un émissaire en mer à 7km du delta du Oued Meliane, soit un canal construit conçu pour transporter les eaux usées traitées à la station d’épuration vers la mer.

 Dressant l’état des lieux, le think tank Arab Reform Initiative (ARI) a  constaté que la population vivant sur ces côtes assiste à la dégradation de la mer et de son rivage depuis les années 90. Connue alors pour accueillir des vacanciers de tous bords, les hôtels de la banlieue sud regorgeaient de visiteurs. « Jusqu’aux années 80 à Ezzahra on ne nageait pas le week-end, faute de place comme l’a mentionné Ghazi, géologue retraité et activiste de 61 ans. Nader, Khaled et Ghazi trois militants et habitants de Rades, Hammam Lif et Ezzahra se remémorent la mer de la côte sud du Golfe de Tunis avant l’arrivée de la pollution:

« On pouvait apercevoir l’eau limpide foisonner de biodiversité et le sable, plus clair, abritait des coquillages qu’on ne retrouve plus désormais. A présent, on ne peut qu’espérer apercevoir des épisodes d’eau claire lorsque le courant marin est favorable, réduisant uniquement l’apparence trouble de l’eau. »

Actuellement, 95000 m3 par jour d’eau usées sont traités dans la banlieue sud. Une partie importante de cette eau non-conforme aux normes tunisiennes dont la NT.10602, relative aux rejets d’effluents dans le milieu hydrique, est rejetée directement dans la mer à plusieurs endroits (voir carte).

A la suite des analyses réalisées à l’institut Pasteur à la demande des habitants de la banlieue sud, et appuyées par des analyses faites par le ministère de la santé qui révèlent une contamination bactériologique accrue dont la source revient aux eaux usées, l’appel des manifestants est principalement adressé à l’ONAS. Étant l’unique organisme public chargé du traitement des eaux usées en Tunisie,  le traitement de tous les effluents ménagers et industriels relève de leur ressort. Pourtant, plusieurs acteurs interviennent sur le littoral tunisien : les ministères de l’agriculture, de l’aménagement du territoire, de l’environnement, de la santé, de l’industrie, les collectivités locales…

Un système de traitement des eaux usées défaillant

Le système de traitement des eaux usées est défaillant en Tunisie et ce, à plusieurs niveaux qui se manifestent en aval par la pollution engendrée sur le littoral. Il existe des quartiers entiers non raccordés au système d’assainissement sur le lit de l’oued Méliane dans les villes de Rades, Mornag, Fouchana et Zaghouan. A cela s’ajoute, dans la station d’épuration de Radès, une unité de traitement des effluents industriels détériorée par les eaux usées venant des industriels n’assurant pas le prétraitement, et cela malgré la législation en vigueur1 .

En effet, bien que les inspecteurs de l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL) et de l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) aient le pouvoir de mettre fin aux dépassements des usines polluantes, les amendes fixées restent dérisoires par rapport au coût économique et social de la dégradation du milieu. Certaines mesures radicales d’arrêt d’activité à l’encontre des industriels qui ne respectent pas l’obligation d’avoir une station de prétraitement, ne sont pas appliquées face à l’argument de l’emploi : l’interruption de l’activité industrielle pouvant engendrer le chômage de centaines de travailleurs.

Quant aux irrégularités dont il est fait grief à  l’ONAS,  cela représente une contradiction dans la législation qui place le ministère de l’environnement comme juge et partie. D’une part l’ONAS pollue, d’autre part les agences assurent la protection de l’environnement.

Recommandations des habitants pour le littoral sud :

Tant que les rejets sont quotidiens, qu’il n’existe encore pas de dépollution de la mer, la baignade dans les eaux de la banlieue sud présente un risque pour la santé et devrait être interdite. Des panneaux signalétiques sont nécessaires.

Le ministère de l’environnement a pour vocation de protéger l’environnement, l’ONAS apportant la plus grande quantité d’eau polluée à l’échelle du pays, son rattachement au ministère de l’environnement est paradoxal. Placer l’ONAS sous la tutelle d’un autre ministère permettrait de mieux faire le suivi de ses activités.

Tant que les industriels n’effectuent pas le prétraitement qui figure pourtant dans leur cahier des charges et que les décisions des agents de l’ANPE et de l’APAL ne sont pas exécutées, nous continuerons à avoir une contamination chimique irréversible et dangereuse de la mer. Qu’il y ait plus de rigueur à appliquer les réglementations contribuerait à l’atténuation de ce problème.

D’autres infrastructures sur la côte présentent une nuisance et devraient être éliminées comme pour les digues qui favorisent la prolifération d’algues (soula) produisant des odeurs nauséabondes.

Le contrôle du port de Radès est aussi nécessaire, l’interdiction des vidanges et des dégazages des bateaux entrants contribuera à l’atténuation de la pollution existante.

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