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La gestion du coronavirus préjuge de la suite pour le gouvernement Fakhfakh !

N’ayant pas eu, aux aurores de son mandat, l’allié idoine pour vaquer aux réformes dont le pays a un cruel besoin, le gouvernement formé au forceps par Elyès Fakhfakh, s’est trouvé vite lesté d’un immense écueil sous la forme d’une pandémie qui va dévorer d’incommensurables énergies et des fonds qui auraient dû être utilisés à d’autres fins en ligne avec les besoins et les attentes des Tunisiens.           Un registre où, pourtant, il ne donne pas l’impression d’être aux abois, semblant savoir où aller, se procurer les ressources nécessaires, rassurer la population et la délivrer de la panique qui était la sienne. En ce premier jour du confinement, tels paraissent être le tempérament général et le pouls des Tunisiens.

C’est à cette aune que devra être jugé le gouvernement en place dès lors qu’il entrera dans le vif du sujet des chantiers pour lesquels il a été choisi et voté par un Parlement, pourtant, divisé, voire fragmenté. Le nouveau gouvernement devrait alors « chercher à remporter des victoires à court terme pour renforcer la confiance de la population, pour devoir ensuite se concentrer sur quatre domaines clés dans lesquels il peut commencer à résoudre les innombrables problèmes sociaux et économiques auxquels sont confrontés les Tunisiens », estime le think tank Carnegie Middle East center dans une analyse sous le titre « Tunisia’s perennial priorities » (Les priorités perdurables de la Tunisie).

Il existe un scepticisme important quant à la capacité du nouveau gouvernement à apporter des améliorations économiques, voire à survivre une année entière (avec un mandat de cinq ans), compte tenu de son inexpérience et de l’énorme fracture de la scène politique, souligne-t-il, attribuant « une large part de la frustration du peuple à l’égard de la classe politique » à celle qu’il appelle «  l’incapacité des personnalités élues démocratiquement à apporter des changements sociaux et économiques positifs au peuple tunisien ». C’est que, en plus, les taux de croissance économique n’ont pas suivi la hausse de l’inflation, qui a atteint 7 % à la fin de 2018. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté à un taux de 7,3 % par an, le prix des légumes ayant augmenté de plus de 10 % et celui du lait de plus de 9 %. En outre, le chômage reste élevé, en particulier chez les diplômés universitaires, avec un taux de 28 %. Les femmes sont touchées de manière disproportionnée, avec 38 % de femmes diplômées de l’université sans emploi.

S’y ajoutent la disparité socio-économique entre les régions côtières et intérieures, les difficultés d’accès à l’éducation de base, une fuite des cerveaux sans précédent, avec quatre-vingt-quinze mille personnes qui ont quitté la Tunisie, dont 84 % étaient très instruites, des médecins, ingénieurs, informaticiens et professeurs d’université. Plus important encore, malgré de sérieux efforts pour lutter contre la corruption grâce à la création de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, les Tunisiens continuent de signaler des niveaux élevés de corruption dans leur pays.

Un mandat clair

Le nouveau gouvernement a un mandat clair pour relever les défis socio-économiques qui affligent le pays. Il y a quatre domaines dans lesquels il devrait concentrer ses efforts pour promouvoir la croissance et la stabilité économiques à long terme : l’éducation, la stabilité macroéconomique, l’amélioration des infrastructures et la lutte contre la corruption. Toutefois, chacun de ces domaines nécessitera des changements systémiques à long terme qui ne fourniront pas le type de rendement à court terme que les Tunisiens recherchent. Ainsi, le gouvernement devrait également identifier quelques solutions rapides dans ses premiers jours pour aider à établir la confiance.

Une mesure urgente et essentielle est, selon Carnegie, de combattre le taux croissant d’abandon scolaire en fournissant un transport gratuit aux écoles des régions éloignées. Au-delà de cela, le gouvernement devrait se concentrer sur la modernisation et l’amélioration des infrastructures de transport dans tout le pays, en mettant l’accent sur la facilitation de circulation entre la côte et l’intérieur.

Le gouvernement devrait également commencer à s’atteler à la réforme du système éducatif afin de combler le fossé entre les compétences enseignées et les besoins des employeurs, notamment en ce qui concerne les compétences techniques et les compétences professionnelles de base. En outre, le ministère de l’Education et celui de l’Enseignement supérieur devraient travailler ensemble pour investir dans la recherche et le développement dès le lycée afin d’aider les jeunes Tunisiens à trouver un emploi chez eux, mais aussi pour encourager l’innovation et développer l’esprit critique.

L’ALECA dans tout cela !

Sur le plan macroéconomique, la réduction de la balance commerciale actuelle est d’une importance capitale pour renforcer la stabilité macroéconomique du pays. Cela pourrait se faire par la ratification et la mise en œuvre de l’accord de libre-échange approfondi et complet entre la Tunisie et l’Union européenne (UE). Cet accord, estime Carnegie, pourrait apporter à la Tunisie plusieurs avantages, mais il a été entravé par la résistance de l’extrême gauche et du secteur privé. Une fois mis en œuvre, l’accord permettrait aux produits tunisiens d’être vendus sur le grand marché européen, avec ses 500 millions de consommateurs ou plus. L’accord permettrait également au gouvernement tunisien de bénéficier de l’assistance technique et scientifique de l’UE pour réformer, simplifier, harmoniser et numériser les procédures commerciales des douanes et autres agences commerciales. Cela devrait permettre de renforcer l’attrait du pays pour les investisseurs étrangers.

Enfin, le nouveau gouvernement tunisien a l’immense responsabilité de résoudre certains des problèmes socio-économiques que les gouvernements précédents n’ont pas réussi à résoudre. Pour y arriver, le gouvernement doit identifier et mettre en œuvre rapidement des mesures à court terme pour commencer à apporter des changements positifs dans la vie des citoyens les plus vulnérables de Tunisie et développer une stratégie de communication claire pour aider à combler le fossé grandissant entre le public et les dirigeants élus, conclut Carnegie.

Traduction & synthèse : AM

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