AccueilLa UNELa grève générale, un gâchis partagé en parfaite égalité!

La grève générale, un gâchis partagé en parfaite égalité!

Au soir de ce jour de grève générale qui a frappé de paralysie le secteur public en Tunisie,  tous compartiments confondus, il doit être inévitable  que se pose la question de  savoir qui en a engrangé le plus gros dividende. Ce n’est en tout cas pas la Tunisie, ni son économie, encore moins ses finances.

Deux images  frappantes, voire hallucinantes se dégagent pourtant  de cette journée : d’abord, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, sur le perron du siège de la centrale syndicale, s’égosillant  à se féliciter que la grève a  réussi à  96,22%. Ensuite, une photo de la réunion du Conseil des ministres à la Kasbah, tout sourire et baignant dans une bonne humeur à nulle autre pareille dans ses annales. Deux scènes saisissantes  qui, dans les conditions que vivent en ces temps les Tunisiens, ne peuvent  que jeter l’émoi, alors qu’alentour et ailleurs, la plupart des entreprises  et établissements publics ont fermé leurs portes, les trains et les bus ont cessé de circuler, à l’enseigne d’un arrêt de travail  également destiné à paralyser les services administratifs, les aéroports et les grands secteurs de l’activité économique du pays. Mais aussi  sous les allures d’un défi majeur pour le président de la République,  Kais Saied, alors que la détérioration de l’économie alimente l’opposition à sa prise du pouvoir exécutif l’année dernière.

Le syndicat exige  que l’Exécutif accepte de discuter de la réduction des coûts croissants auxquels sont confrontés les Tunisiens,  des prix attisés par la guerre en Ukraine , alors que le gouvernement se prépare à réduire les salaires et à diminuer les subventions alimentaires et énergétiques dans le cadre de ses négociations avec le FMI.  Une dame de 55 ans, en route  pour rejoindre  le rassemblement syndical, citée par Bloomberg, a résumé  son ressenti en ces termes : « nous vivons dans des conditions difficiles et le gouvernement est indifférent ; le  président ne s’occupe que de la constitution. Est-ce que nous allons manger la constitution ? »

« Forcer l’Exécutif à capituler » !

La hausse des prix et la dégradation des seuils de pauvreté  en Tunisie  signifient que l’UGTT voudra obtenir des gains réels pour les travailleurs et revoir les plans de réforme soumis au FMI, a déclaré le  porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux Romdhane Ben Omar. « Ce ne sera pas la dernière grève » de cette année, a-t-il averti, cité par la même source.

Chaque grève générale appelée par l’UGTT depuis 2011 a forcé les autorités à capituler devant les revendications syndicales, a  indiqué, pour sa part, Youssef Cherif, qui dirige la section des Columbia Global Centers à Tunis. Cette fois, le résultat dépendrait de la participation.

Une forte participation, ou la menace de grèves répétées, pourrait persuader le président de négocier, a-t-il dit. 

 Des « réformes douloureuses » –

La grève générale intervient alors que la Tunisie s’apprête à entamer des pourparlers officiels avec le Fonds monétaire international sur un nouveau plan de sauvetage de son économie criblée de dettes.

Les Tunisiens sont confrontés à une inflation galopante, qui a atteint 7,8 % en mai, et l’UGTT a exigé un nouvel accord pour augmenter les salaires du secteur public, y compris rétroactivement pour l’année dernière.

Alors que ses opposants affirment que l’UGTT ignore les profondes difficultés financières du pays, le FMI a conditionné l’accord de renflouement au soutien des syndicats.

Le gouvernement a présenté au bailleur de fonds international un plan de réforme qui comprend un gel de la masse salariale du secteur public, des réductions progressives de certaines subventions et une restructuration des entreprises publiques.

Mais l’UGTT a mis en garde contre des « réformes douloureuses » destinées à plaire au FMI.

« Nous ne demandons pas une augmentation de salaire, mais une réinitialisation du pouvoir d’achat des travailleurs pour tenir compte de l’inflation », ainsi que l’abandon d’une taxe de sécurité sociale d’un pour cent introduite en 2018, a déclaré Taboubi.

Le syndicat a également demandé des garanties pour que les entreprises du secteur public, y compris certains monopoles et la compagnie nationale Tunisair, restent sous contrôle public.

L’économiste tunisien Fadhel Kaboub a déclaré que la grève était « le point culminant d’un échec collectif de plus de 10 gouvernements tunisiens, de l’UGTT, du FMI et des partenaires internationaux de la Tunisie » pour restructurer l’économie.

« Elle servira à rappeler au FMI que les travailleurs tunisiens ne peuvent supporter qu’une partie des écueils  économiques. »

Fadhel Kaboub, qui enseigne à l’université Denison aux États-Unis, a  souligné qu’une décennie de démocratisation n’avait pas permis de mettre en œuvre des réformes économiques essentielles, telles que le renforcement de la souveraineté alimentaire et énergétique et l’investissement dans des industries à forte valeur ajoutée.

« Il est temps pour le FMI, le gouvernement tunisien et l’UGTT de formuler une vision alternative pour le développement économique de la Tunisie », a-t-il déclaré, cité par Al-Monitor.

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