AccueilLa UNELa Sécu des Danaïdes (حلاب مقعور). 3 caisses qui s’enfoncent l’une l’autre

La Sécu des Danaïdes (حلاب مقعور). 3 caisses qui s’enfoncent l’une l’autre

Le mystère de la Sécu des Danaïdes, reste entier. Opérant  dans un système de retraite par répartition, c’est un système où « les cotisations versées par les actifs au titre de l’assurance vieillesse sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités, dans un système supposé reposer sur une forte solidarité entre générations », selon la définition.

Avec le renversement de la pyramide des âges en Tunisie, allongement de l’espérance de vie, tentatives de solution par les régimes de départs anticipés à la retraite, les caisses ressemblent de plus en plus à des tonneaux des Danaïdes qui « fuient » de partout. Mais aussi les décisions de prise en charge par l’Etat des cotisations, patronales pour encourager l’investissement, mais encore  même des employés pour les transformer en augmentations salariales, tarissent les réserves en argent des caisses. Un état des lieux qui met les retraités en danger de recevoir leur propre argent, pourtant simplement placé en « épargne pour les mauvais jours » dans les caisses sociales, pour des retraites taxées et imposées, comme s’ils étaient toujours actifs !

  • Un déficit de 1 Mds DT et une dette de 3,3 Mds chez la CNSS

En 2020, la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale) comptait 2,354 millions d’adhérents. Un nombre, en baisse de 48 mille adhérents en glissement annuel. « Cela revient à la conjoncture économique, la baisse de l’investissement dans les secteurs organisés, la baisse des recrutements dans le secteur privé et la hausse de 3,9 % des départs à la retraite, dont ceux en retraite anticipée ». C’est ce qu’explique un récent rapport du ministère tunisien des Finances (MTF) sur les entreprises publiques. A la même date, la CNSS comptait 4808 employés, pour une masse salariale de 147,2 MDT, ce qui ferait un salaire moyen annuel de 30.615 DT, ou un salaire mensuel moyen brut de plus de 2.551 DT.

En face, la CNSS enregistrait un résultat net déficitaire de plus d’un Milliard DT (-1.071 MDT selon le MTF). Un déficit, qui était en hausse de 442 MDT ou 60,5 % en glissement annuel (GA). Le rapport du MTF explique cette hausse du déficit par une baisse de 66,1 MDT de son résultat d’exploitation, dont il n’explique pas les raisons.

La CNSS était alors-et continue de l’être- déficitaire et très fortement endettée. Cette année-là, elle devait 3,364 Milliards DT au reste des caisses, et notamment la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie). Un endettement qui enfonce les deux caisses dans la bouse de l’incapacité financière par l’effet domino, et qui était déjà en hausse de 39 % par rapport à 2019.

  • La CNRPS ne payait pas d’impôts à l’Etat

En 2020 aussi, la CNRPS (Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale) comptait 776 mille 500 adhérents, en hausse de 12,1 % en GA. Pour 2021, il était prévu par le MTF que le nombre des actifs de la CNRPS baissait de 0,3 % seulement, « les autorités tunisiennes ayant décidé de baisser le nombre des recrutements », explique le MTF qui ne dit pas que cette décision (si elle était réellement appliquée) ferait certes pression sur la masse salariale dans le budget de l’Etat, mais ne ferait qu’aggraver la crise financière de la caisse qui verrait ainsi baisser le nombre des actifs par rapport à celui des retraités dans le système de répartition toujours appliqué en Tunisie.

Selon les chiffres officiels, il y aurait en Tunisie 398 mille 600 retraités, en face des plus de 776 mille cotisants, ce qui n’explique point le déficit de plus de 171 MDT. Théoriquement, en effet, le bilan de la CNRPS où il y a plus d’actifs cotisants que de retraités recevant nettement moins que la totalité de leurs retraites, devrait au moins être équilibré. Loin de là, dit le rapport du MTF sur l’état des lieux de la CNRPS, laquelle demeurait  en 2020 déficitaire, même si ce déficit a été divisé par presque quatre (-171,1 MDT en 2020, contre -651,6 MDT en 2019).

Mais ce n’est pour autant pas pour la bonne gestion de l’argent des autres, mais juste sous l’effet conjugué de la hausse du montant des cotisations et  de celle de l’âge de départ à la retraite. Et d’ailleurs, le MTF prévoyait pour la CNRPS un déficit de 538,5 MDT pour 2021 et une baisse de 214,8 % du résultat par rapport à 2020. Et ainsi « تعود حليمة لعادتها القديمة » les choses rentreront dans le mauvais ordre pour cette caisse des Danaïdes.

Et la CNRPS, comme le reste, était en 2020 redevable de 1,250 Milliards DT envers l’Etat. Une dette en hausse de 16,8 %. Une dette, dont 887,1 MDT en impôts et taxes impayés par la caisse. La dette envers l’Etat devrait atteindre 1,8 Milliard DT en 2021. La CNRPS devait aussi 140 MDT aux banques, et surtout plus de 2,104 Milliards DT aux deux autres caisses, dont 1,965 Milliard pour la CNAM, et 27,9 MDT pour la CNSS.

  • La caisse qui paie le mieux et fait même un bénéfice, mais c’est sans compter la dette !

En 2020, la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) comptait 3.951 mille adhérents (plus que le total des adhérents CNSS et CNRPS qui font un total de 3.165 mille). Cette caisse comptait 2.843 employés, avec une masse salariale de 121 MDT. Et donc un salaire moyen annuel brut de 42.736 DT, ou salaire moyen brut de 3500 DT, la mieux payée des 3 caisses. C’est aussi la seule caisse à avoir enregistré, en 2020, un bénéfice de 816 MDT. Un résultat net bénéficiaire, qui devrait dépasser le Milliard DT en 2021. Mais ce serait trop beau pour être vrai !

En effet, en face de ce bénéfice, il y avait en 2020 à la CANAM, une dette totale de plus de 1,528 Milliard DT, c’est-à-dire plus que le bénéfice. Dette en effet, de 5 MDT envers l’Etat. Dette de 987,3 MDT envers les entreprises publiques (Pharmacie centrales et hôpitaux publics notamment). Dette aussi, de 536,2 MDT envers les fournisseurs qui devrait augmenter de 22,2 % en 2021.

Trois caisses donc, toutes en passoires et qui déversent leurs pertes l’une sur l’autre, mettant en péril tout le système de sécurité sociales en Tunisie ! Souriez tout de même ; vous être dans le pays dudit « printemps arabe », transformé en « Tunisie de Kais Saïed »

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1 COMMENTAIRE

  1. Il faut que les dirigeants de cette entreprise publique et les autres soient jugées de leur mauvaise gestion et que l’Etat qui nomme les responsables de direction et des membres du conseil d’administration soit aussi jugé de leur mauvais choix si on veut être juste. Il ne faut pas juger seulement les voleurs et les corrompus, tout le monde sur le même pied d’égalité et personne n’est au dessus de la loi.
    Il est temps, plus que temps de procéder à appliquer les réformes de BOUDEN et de privatiser les entreprises publiques déficitaires sans avoir recours des subventions, il faut arrêter cette hémorragie une fois pour toute, cela ne doit se faire que par la compréhension de l’UGTT si non par la force. L’intérêt du pays est supérieur à celui des organisations politique et syndicale. Quand on est malade, il faut administrer de fortes doses de médicament pour éradiquer le mal si non procéder à l’ablation pour échapper à la mort. Bon courage pour le gouvernement et vive le Président KS

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