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La troïka: chronique d’une disparition annoncée

Au moment où la contestation change de nature en se radicalisant , se féminisant , et prenant l’aspect d’un élan irréversible , la troïka se perd dans des manœuvres sans lendemain . Rached Ghannouchi oppose une fin de non-recevoir aux revendications des forces vives du pays présentées par le secrétaire général de l’UGTT. Ettakattoul boycotte la manifestation grandiose organisée par la société civile, parallèlement aux festivités officielles du 13 Aout , donnant l’impression de se tenir à égale distance des deux parties , et préservant, de ce fait, une posture de neutralité seul garant de sa survie politique . Le Président Moncef Marzouki prend , quant à lui , le risque de s’attaquer aux députés démissionnaires , au large front de salut national qui se constitue petit à petit , et aux journalistes et médias . Rejeter les requêtes de l’opposition , stigmatiser ses positions et s’en éloigner dans la mesure du possible semble être la stratégie d’Ennahdha , mise en œuvre par ses militants et assumée par ses alliés politiques , dans le but de faire jouer le temps dans l’espoir de voir la contestation populaire s’émousser .

Ennahdha ne présente pas uniquement des signes d’essoufflement et d’isolement , mais affiche également une myopie politique qui l’empêche de saisir les éléments qualitatifs qui font la force des uns et la faiblesse des autres .

En effet, l’élan de protestation qui a vu le jour suite à l’assassinat de Chokri Belaid et a pris forme , après celui de Mohammed Brahmi le 25 juillet , a pu se structurer gagnant en vigueur et en énergie . Les réserves formulées contre l’adhésion de Nidaa Tounès au large front anti-nahdha se sont estompées , les leviers faisant la force des organisations et associations de la société civile ont été activés à plein régime , les forces syndicales et les différentes corporations , UTICA et UGTT en tête , qui étaient mises à l’écart par la troïka , reprennent l’initiative , et deviennent l’interlocuteur incontournable d’Ennahdha pour toute issue à la crise .

Ce large front , qui a désormais son assise populaire , ses structures d’encadrement et sa légitimité propre , porte des revendications de plus en plus claires et percutantes : dissolution de l’ANC , révocation du gouvernement de la troïka , formation d’un gouvernement de compétences , révision des nominations aux échelons local , régional et central .Et toutes les forces politiques et sociales prennent part à l’élaboration de ces revendication et à leur mise en œuvre .

Dans l’autre camp , les deux alliés d’Ennahdha sont en pleine décomposition et ne servent plus qu’à passer les suggestions ou les agendas du parti islamiste .La légitimité de l’équipe dirigeante et des instances représentatives a été sévèrement entamée par le retrait d’une soixantaine de députés , réclamant la dissolution de la constituante , et la proposition de Mustapha Ben Jaâfar de geler l’activité de l’ANC , jusqu’à ce qu’un dialogue national sérieux soit engagé sous l’égide de l’UGTT.

Ennahdha qui n’a pas vu venir ce tournant , paraît désarmée pour y faire face. Elle s’accroche à une légitimité qui s’est érodée au fil des jours et n’a jamais su trouver le moyen d’en réparer les défaillances . Elle se vante d’une majorité , qui ne lui a jamais fait défaut au sein de la constituante , mais ne s’est pas aperçue du raz de marée populaire qui met en cause son leadership dans la société et au gouvernement . Elle revendique une adéquation entre ses choix idéologiques et civilisationnels et la vocation arabo-islamique de la société , mais n’a pas décelé les signes du rejet de son agenda politique par les forces vives du pays, notamment les jeunes et les femmes .

Devant cette situation , le parti islamiste s’en tient à un discours désuet , à une tactique de diversion qui repose sur une séparation entre ce qu’il dit et ce qu’il fait , et à un victimisme qui exploite les évènements d’Egypte comme un épouvantail dans l’espoir de dissuader les Tunisien de remettre en question la mainmise de l’Islam politique sur la société et l’Etat tunisien .

Aboussaoud Hmidi

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