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La Tunisie entrera dans un tunnel incertain, faute d’un compromis dans le jours à venir, selon Jomaa Guesmi

Imputant la responsabilité de ce qui ce passe aujourd’hui en Tunisie au gouvernement d’Ali Laarayedh, l’analyste politique Jomaa Guesmi, estime que les deux forces politiques du pays s’remploient à trouver une zone intermédiaire pour la situation actuelle que vit le pays et qui devient de plus en plus compliquée, depuis l’assassinat de Mohamed Brahmi et le drame de Jebel Chaambi.

Interview

Votre évaluation du contexte actuel de la Tunisie ?

La situation, à mon sens, est catastrophique, compliquée et devient de plus en plus préoccupante sur tous les plans. Au niveau politique, le paysage est difficile notamment avec les tiraillements politiques qui ont mis le feu aux poudres en présence de deux forces différentes. L’une qui croit encore à une légitimité « imaginaire » et l’autre qui prévoit la dissolution du gouvernement actuel à l’effet de former un nouveau gouvernement de compétences dirigé par une personnalité nationale indépendante afin de sauver le pays qui vit une crise sans précédent.

Les initiatives sont nombreuses et les tractations se poursuivent entre les différentes forces politiques du pays. Je pense qu’elles vont arriver, dans les prochains jours, à élaborer une initiative pour sortir de l’ornière.

Comment faire pour pouvoir réussir dans cette mission, jugée « impossible » ?

S’accorder sur une zone intermédiaire est, à mon avis, une solution adéquate pour gérer la crise actuelle et ce, pour deux raisons principales. D’abord, le poids important de la centrale ouvrière dans le paysage politique et son rôle stratégique à assurer cette initiative. L’autre raison a trait à la volonté de l’opposition à montrer une telle flexibilité afin d’éviter le choc.

Cependant, je pense que la réussite de cette initiative reste tributaire de la nature de la situation sécuritaire déjà en forte détérioration. Chose qui pourrait menacer la cohésion du front intérieur du pays et, par la suite, précipiter le pays dans le chaos, et la troïka au pouvoir sera la première bénéficiaire de cette situation.

Votre lecture du discours du ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou ?

Les révélations prononcées par le ministre de l’Intérieur sont des prétextes visant tout simplement à justifier l’échec du gouvernement actuel. J’aurais aimé une démission de Lotfi Ben Jeddou en assumant sa responsabilité politique et éthique pour les incidents survenus, ces derniers temps, allant de l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi jusqu’à la découverte des bombe artisanales et le massacre de 8 soldats tunisiens en mission à Jebel Châambi, lundi 29 dernier.

Je pense que le plus dangereux dans la récente déclaration du ministre est sa confirmation de l’infiltration de l’appareil sécuritaire par des salafsistes. A mon avis, c’est un élément qui devrait pousser ce premier responsable du MI à présenter sa démission en imputant la responsabilité de ce qui ce passe aujourd’hui en Tunisie au gouvernement d’Ali Laarayedh.

Un discours du premier responsable du ministère de souveraineté aura sans doute des effets ?

Les craintes sont multiples et je pense que ce discours aura un impact direct sur la rue tunisienne en tentant de la pousser vers une grave crise. Si ces évènements continueraient, je vous assure qu’ils auraient des répercussions sur les institutions de l’Etat. Cela devra être pris en considération par les dirigeants afin de transcender cette étape.

Une autre remarque, je pense que la somalisation de la Tunisie, par le ministre de l’Intérieur aura des effets non seulement sur le plan politique, mais aussi sur le volet économique. C’est un coup dur pour une économie incapable de supporter d’autres catastrophes. Il est utile de rappeler que la chaîne économique est déjà en berne avec la détérioration du secteur touristique et l’arrêt de la production dans plusieurs usines à l’instar du phosphate. Ajoutons à cela le recul des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger.

Comment agir donc ?

Les différents partis politiques devront prendre en considération la délicatesse de la situation actuelle du pays, déjà menacée, selon plusieurs experts, par la faillite économique et le chaos.

Pour l’instant, je pense qu’il est urgent de trouver un compromis entre la Troïka au pouvoir et l’opposition de manière à mettre au dessus de tout l’intérêt du pays dont chaque partie assume sa responsabilité pour pouvoir dépasser cette étape assez critique.

Ceci ne pourra se faire qu’à travers la mise en place d’une zone d’intermédiation approuvée par l’ensemble des acteurs. Dans ce contexte, je pense que l’initiative de la centrale ouvrière pourrait être considérée comme une solution adéquate pour y faire face.

Mais si les partis au pouvoir, Ennahdha, en particulier, et les partis de l’opposition n’arrivent pas à conclure un tel compromis, quel serait l’autre scénario ?

Si la classe politique n’arrive pas à trouver des solutions « appropriées » à la crise actuelle que vit la Tunisie en phase de transition, le pays sera entré dans un tunnel incertain dont les effets seront encore plus dangereux.

La classe politique devrait réagir de manière à réduire le fossé entre les différentes composantes de la société.

Votre message pour les différents acteurs surtout dans ces circonstances assez particulières ?

J’appelle les partis politiques à mettre de côté leurs différends et leurs convictions pour parvenir à s’entendre sur la formation d’un nouveau gouvernement. C’est utile pour apaiser les tensions, d’une part, et pour rassurer les citoyens dans ce climat assez tendu, d’autre part.

Wiem Thebti

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