AccueilLa UNELa Tunisie financièrement au bout du rouleau ? وقفت الزنقة للهارب ?

La Tunisie financièrement au bout du rouleau ? وقفت الزنقة للهارب ?

La visite du « super » ministre des Finances et du développement à Washington se serait terminée, bien que Kooli ne soit pas encore arrivé à Tunis. De cette visite, dont des rencontres se seraient en partie déroulées en mode visio-conférence et non en présentiel à Washington [Ndlr : Dilapidation d’argent public ?], le « super » ministre qui monopolisait la communication en déni total du représentant officiel de la Tunisie au FMI qu’est le gouverneur de la BCT, déclarait à la Wataniya que « ils ont bien reçu nos propositions, et nous ont promis qu’ils seront à nos côtés ». Il ne précisera pas qui étaient les « ils », mais s’épanchera, et toujours sans autre forme de précision, sur une Tunisie qui « parle clairement, a des orientations claires et de véritables réalisations, très importantes faites par le gouvernement ».

–          La BM s’en tient aux 400 MUSD déjà annoncés

Dans la réalité, la visite a été nettement moins positive que ne le disait le « super » ministre Kooli. En effet, avec la Banque Mondiale, elle n’apportait rien de nouveau que ce qu’elle avait déjà annoncé, bien avant la ballade américaine du « super » ministre de toute l’économie tunisienne.

Sur sa page, le représentant de la BM pour la région du MENA s’était borné à rappeler « l’urgence de la mise en œuvre des opérations de financement accordées en avril pour les vaccins et la couverture sociale: 400 millions de dollars qui doivent en urgence être mis à la disposition des citoyens Tunisiens ». Il s’agissait en fait des 300 MUSD pour le budget de l’Etat, annoncés en mars dernier devant le chef de l’Etat, ajoutés aux 100 MUSD pour la campagne de vaccination, annoncés un jour après devant le chef du gouvernement.

 Mais surtout et comme un rappel à l’ordre de la part d’un connaisseur de la réalité des résultats du voyage, « l’urgence de reformes équilibrées et séquencées pour assainir les finances publiques, en prenant pour priorité d’assurer la dimension sociale de ces réformes, et l’urgence de mise à exécution des engagements pris dans la cadre de la matrice d’actions pour la relance de l’économie ».

De plus, la BM (Banque Mondiale) n’est qu’un suiveur (Follower) du FMI, un bailleur de fonds, qui suit généralement l’avis du Fonds Monétaire International (FMI) en matière de crédits. Un avis qui conditionne généralement aussi l’avis et la décision du reste des bailleurs de fonds, pour la Tunisie, comme pour le reste des pays demandeurs de crédits.

–          Le non, politiquement correct, du FMI

Lors d’une conférence de presse virtuelle, entièrement transcrite le 6 mai 2020 par les services du FMI, Gerry Rice, du département Communication du Fonds qui répondait à la question de faire le point sur la visite de la délégation tunisienne, a indiqué que « je peux donc confirmer que les services du FMI ont rencontré les autorités tunisiennes à Washington au début de la semaine et qu’ils nous ont effectivement fait part de leur programme de réforme économique. Et nos discussions techniques se concentrent actuellement sur la compréhension des détails de leurs plans pour ce programme de réforme économique ».

Et d’ajouter que « je n’ai pas de calendrier sur ces discussions à venir. Juste pour dire qu’elles ont lieu, et que bien sûr, nous sommes prêts à soutenir la Tunisie et le peuple tunisien pour faire face à l’impact de la crise et aller de l’avant vers une reprise inclusive et fertile en emplois et rétablir des finances viables. Ces discussions sont donc en cours depuis cette semaine. Je confirme cela, mais je n’ai pas de calendrier pour arriver à une conclusion ».

Et lorsqu’un journaliste de Reuters insiste et lui pose la question si le FMI considère que le programme mis sur la table par la Tunisie est une évolution positive, et s’il peut confirmer le montant que le pays recherche, soit environ 4 milliards de dollars, Gerry Rice répond que « je n’ai vraiment pas grand-chose à ajouter au-delà de ce que j’ai dit. Je n’ai pas de détails sur les discussions qui ont eu lieu ces derniers jours. Et je n’ai pas de chiffre sur quel pourrait être le financement si l’accord de financement allait de l’avant (…) Les discussions sont en cours ».

La réponse alambiquée, interprétée comme un non au volume demandé par la Tunisie, et un nouveau programme d’aide s’il venait à obtenir l’accord du prochain conseil d’administration du FMI, ne serait pas signé en temps voulu pour la Tunisie, entre juin et juillet 2021.

En annonçant le montant de 4 Milliards USD, le chef du gouvernement tunisien aura ainsi placé la barre très haut, et a manifestement effarouché son bailleur de fonds, qui connaît un peu trop la réalité des choses en Tunisie. 

–          L’ARP refuse le crédit local en devises

Entretemps, il n’est plus exclu que l’ARP dise non à un accord qui pourrait être signé, en septembre ou octobre 2021, avec le FMI, « s’il y a des conditions qui mettraient en péril la paix sociale », avait dit le rapporteur de la commission des finances il y a quelques jours sur une TV privée tunisienne. Fayçal Derbel faisait référence à une des recommandations du FMI de revoir le système de la compensation des prix, et mettait en exergue l’impact d’une telle révision sur les prix en 2024, citant  en exemple le gros pain qui serait de 0,640 DT, selon une simulation faite par lui-même, ou encore la bouteille de gaz domestique, dont le prix grimperait autour de 21 DT.

Rappelons encore que le 18 février 2021, le « super » ministre de l’économie tunisienne signait un accord de mobilisation d’un crédit syndiqué en devises auprès de 14 institutions bancaires locales pour un montant total équivalent à 465 millions de dollars (150 millions de dollars + 260 millions d’euros).

Devant avoir l’accord de l’ARP, cet accord était d’abord passé à l’étude chez la commission des finances. Et cette dernière a refusé il y a quelques semaines ledit accord, pour non-respect de la théorie du taux équivalent. De plus, les députés de la commission ont fait remarquer que les banques locales se feraient rémunérer sur des dépôts en devises, non rémunérées pour leurs clients, tout au plus rémunérées au Libor (London Interbank Offered Rate, ou le taux auquel les plus grandes banques du monde peuvent emprunter de l’argent) de 0,4 %, alors qu’elles les vendent à l’Etat au taux de 3,70 %). C’est donc, au moins, un crédit en local, qui risque fort de ne pas aboutir.

Des situations (FMI et banques locales), qui risquent fort aussi en cas de non-déblocage, de battre en brèche les réserves tunisiennes en devises (20,861 Milliards DT au 7/5/21), affecter le pouvoir de remboursement de la dette, et affecter directement le cours de change du DT sur les marchés extérieurs.

Dans un article appelé « Tunisie : La seconde révolution imminente » le magazine français le Point écrivait que « l’état de ses finances publiques va obliger la jeune démocratie à bouleverser son mode de vie économique si elle veut obtenir l’aide du FMI ». Le média français est peut-être un peu trop cassandre, mais pas trop loin de la vérité !

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