AccueilLa UNELa Tunisie solde son litige. Le FMI met le paquet

La Tunisie solde son litige. Le FMI met le paquet

Qui l’eût cru ? Alors que les relations entre la Tunisie et le Fonds monétaire international étaient au bord d’une rupture certaine, il a fallu qu’une contingence imprévisible et irrésistible (la pandémie du coronavirus) intervînt pour changer la donne et que l’on remette les compteurs à zéro, au propre comme au figuré. Contre toute attente, l’institution de Bretton Woods a entendu et exaucé l’essentiel des demandes introduites par le gouvernement tunisien dans une lettre d’intention en date du 2 avril 2020 signée du gouverneur de la Banque centrale et du ministre des Finances : une assistance financière au titre de l’instrument de financement rapide (IFR) de 753 millions de dollars. Il s’agissait d’aider la Tunisie à répondre aux besoins urgents en matière de finances publiques et de balance des paiements, dès lors qu’il ne restait pas assez de temps avant l’expiration du Mécanisme élargi de crédit le 19 mai pour convenir des révisions importantes des objectifs du programme requises en réponse au choc du Covid-19.

De fait, l’IFR fournira une marge de manœuvre budgétaire pour les mesures de réponse à la crise et protégera les réserves en devises qui seront maintenues au-dessus du seuil de trois mois d’importations, facilitera l’augmentation des dépenses de santé, le renforcement du filet de sécurité sociale et l’aide aux petites et moyennes entreprises pour éviter les retombées de la crise. En contrepartie, les autorités tunisiennes s’engagent à mener des réformes pour parvenir à une croissance plus forte et plus inclusive, à réduire les subventions à l’énergie et à maîtriser la masse salariale de la fonction publique. La Banque centrale de Tunisie, pour sa part, resserrera sa politique monétaire en cas d’accumulation des anticipations de dépréciation ou de poussée de l’inflation, et n’assouplira pas la réglementation du secteur bancaire dans le cadre de la réponse à la crise.

Des engagements précis et catégoriques

Au demeurant, dans leur lettre d’intention au FMI, les deux plénipotentiaires tunisiens ont assuré que pour réduire les risques pesant sur la stabilité macroéconomique et notamment sur la viabilité de la dette, les autorités prendront des mesures supplémentaires. Elles examineront chaque mois la nécessité des mesures d’urgence budgétaire afin d’éviter qu’elles ne deviennent permanentes. Elles se sont également engagées à relever deux défis structurels qui pèsent lourdement sur les finances publiques tunisiennes une fois la crise surmontée. Tout d’abord, elles prévoient de réduire durablement les subventions pour l’électricité et le gaz naturel tout en préservant les tarifs sociaux de l’électricité et en maintenant les subventions sur les bouteilles GPL. Deuxièmement, les autorités prévoient de réaliser des économies supplémentaires sur la masse salariale de la fonction publique, grâce à des négociations avec le syndicat UGTT, afin de maintenir les augmentations salariales pour 2021 et à moyen terme en dessous de l’inflation, et seulement s’il existe une marge de manœuvre budgétaire. Elles ont également l’intention de mener un audit de la fonction publique afin de détecter et de réduire l’absentéisme et les travailleurs fantômes.

Les obligations incombant à la Banque centrale se déclinent dans le resserrement de la politique monétaire en cas d’accumulation d’anticipations de dépréciation, de risques d’ajustement désordonné des taux de change ou d’une poussée de l’inflation. Cet engagement est important pour défendre la voie de la désinflation actuellement suivie par l’Institut d’émission. En outre, ce dernier, pour préserver ses réserves en devises, s’abstiendra d’intervenir à grande échelle sur le marché des changes et consultera les services du FMI au cas où il serait confronté à de fortes pressions sur le marché des changes. Afin de favoriser la prise de décision en temps utile dans un contexte d’incertitude importante, la BCT s’est engagée à poursuivre un dialogue politique régulier avec les services du FMI sur la base de données à haute fréquence, et suivra également de très près l’évolution du secteur bancaire, notamment en ce qui concerne la croissance du crédit et des dépôts, et la qualité des actifs. Les règles de classification des prêts et de provisionnement ne seront pas assouplies, et toute garantie de prêt et subvention sera fournie par le gouvernement plutôt que par la Banque centrale.

Garantie de prêt par le G7

Enfin les autorités tunisiennes ont exprimé l’intention d’appuyer la demande d’IFR en s’efforçant de mobiliser davantage de soutien de la part des donateurs extérieurs et de progresser en ce qui concerne les garanties. Les autorités s’adressent à des partenaires bilatéraux pour obtenir des financements et des subventions concessionnels supplémentaires afin de minimiser autant que possible les pressions sur le budget et les réserves en devises et de faire en sorte que l’IFR puisse jouer un rôle de catalyseur.

Le FMI a noté que l’émission d’obligations programmée de 750 millions de dollars US en 2020 pourrait être difficile à réaliser dans le contexte actuel, mais les autorités gardent l’espoir qu’une garantie de prêt d’un pays du G7 sera disponible pour soutenir l’émission obligataire. Si une telle garantie n’était pas disponible comme prévu, les autorités devraient chercher un financement alternatif qui pourrait impliquer un prêt syndiqué de banques internationales. En dernier recours, les investissements publics non prioritaires pourraient devoir être encore réduits. Les autorités éviteront les mesures ou politiques qui aggraveraient les difficultés de la Tunisie en matière de balance des paiements.

Il importe se faire remarquer que le gap budgétaire va créer un besoin de 1,7 milliard de dollars US (soit 4,7 % du PIB) pour la balance des paiements. Le déficit des comptes courants se réduira probablement à 7,5 % du PIB en 2020, contre 8,8 % du PIB en 2019, car la contraction des importations (effondrement des importations de biens d’équipement et de biens de consommation durables, diminution de la facture des importations d’énergie en raison de la baisse des prix internationaux du pétrole) surcompense la réduction substantielle des envois de fonds de l’Europe et des pays du Golfe, ainsi que la perte considérable de revenus des exportations et du tourisme. Dans le même temps, cependant, une forte baisse des investissements directs étrangers (IDE) et du crédit commercial ainsi que des émissions souveraines moins importantes que prévu pèseront sur le compte financier. Dans l’ensemble, le personnel prévoit une augmentation significative des pressions sur la position globale de la Tunisie en tant que balance des paiements.

L.M.

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