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La Tunisie, un pays trahi par sa Révolution et une classe politique aux abois !

« Malheureusement, la Tunisie s’est faite piéger par un ‘’choc de méfiance ‘’. Au lendemain du 14 janvier, tous ceux qui ont misé sur la révolution pour le changement de leur quotidien se sont sentis trahis », a affirmé Moez Labidi, universitaire et conseiller économique auprès de l’intermédiaire en Bourse, MAC SA, dans une analyse récente de la situation financière du pays. Et d’expliquer que les Tunisiens grugés par l’amateurisme et les atermoiements de l’équipe dirigeante, les nominations (caractère politique), les divisions politiques et idéologiques qui ont déplacé les débats sur un terrain glissant, celui de la violence. « L’enthousiasme qui a accompagné les premiers mois de 2011 s’est très vite éclipsé. Fini la volonté du tunisien de troquer une partie de son confort quotidien contre la construction de la Tunisie démocratique. Le doute et les déceptions gagnent du terrain et plombent le climat des affaires. Bref, le « choc de confiance », tant attendu, tant espéré, a cédé la place à un « choc de méfiance », a-t-il fait remarquer.

Plusieurs facteurs ont alimenté la méfiance des Tunisiens, selon ses dires. Il s’agit du flou institutionnel et son cortège d’incertitudes politiques et de doute sur le sérieux du processus démocratique.

Il a évoqué, en outre, la montée de la violence politique qui s’est soldée par une série d’attentats terroristes et le tsunami des nominations à caractère politique qui ne cesse de nourrir un sentiment plus proche d’un partage de butin plutôt que d’une gestion de la chose publique.

L’impasse politique est devenue dévastatrice !

Moez Labidi a affirmé que l’impasse politique est devenue dévastatrice, soulignant qu’elle gangrène le climat sécuritaire, détériore les fondamentaux de l’économie, bloque les réformes les plus urgentes et plonge l’économie tunisienne dans une impasse financière, y ajoutant une classe politique qui s’avère incapable de rompre avec la culture du rapport de force et de renouer avec la culture du compromis. « Une classe politique, prête à sacrifier ce qui reste de nos performances économiques sur l’autel des prochaines élections, nous comprenons pourquoi le glissement vers l’impasse politique est devenu inévitable. Nous comprenons la cacophonie institutionnelle et la montée de la violence politique. Et nous comprenons aussi comment cette impasse politique qui, en empêchant le démarrage des réformes, a fini par pousser la Tunisie vers une impasse financière », a-t-il dit.

Et de préciser que plusieurs raisons témoignent de l’entrée de la Tunisie dans cette impasse financière, citant les vagues de dégradations successives de la note souveraine de la Tunisie qui ont rendu le recours au marché international presque inimaginable aujourd’hui. La Tunisie s’enfonce dans le « Speculative grade ». Et notre séjour dans cette catégorie semble s’éterniser (BB- chez Fitch Ratings ; B chez Standard & Poor’s et Ba2 pour Moody’s), a-t-il ajouté. S’y joint la piste d’une sortie sur les marchés avec des garanties américaines, japonaises ou françaises qui est de moins en moins évidente. L’incertitude politique, le flou institutionnel et la dérive terroriste alimentent aussi, selon lui, le risque-pays, et freinent l’enthousiasme des partenaires financiers pour soutenir l’expérience tunisienne.

Il a estimé, en outre, que le pouvoir de négociation avec les bailleurs de fonds multilatéraux s’affaiblit et le risque-Tunisie les rend plus réticents à soutenir l’économie tunisienne tant que le package des réformes les plus urgentes (Caisse de compensation, secteur bancaire, code d’investissement, réforme fiscale) n’est pas engagé. La Banque Mondiale ne cesse de réviser à la baisse ses promesses de dons, de 500 MD à 300 MD, et de 300 MD à 250 MD, … Le FMI, déçu par le retard pris dans le calendrier des réformes (caisse de compensation, secteur bancaire, fiscalité, …), retarde la deuxième tranche de son prêt. La BAD, soutien traditionnel de la Tunisie , a fini par renoncer à lui livrer les 250 MD, un prêt déjà budgétisé pour 2013.

A ne pas oublier non plus que les partenaires du Golfe ont montré plusieurs signes de réticence. Ils ont, semble t-il, choisi leur camp. Leur soutien au coup d’Etat en Egypte est un message significatif aux pays du « printemps arabe ».

La sortie de l’impasse n’est pas pour demain !

Tous ces éléments expliquent, selon lui, l’impasse financière, soulignant que la sortie n’est pas pour demain. Elle est de moins en moins évidente notamment avec les indicateurs macro-économiques qui demeurent sous pression : Les IDE n’arrivent pas à rattraper leur niveau de 2010. Ils enregistrent une hausse de 15,3% par rapport à 2012 (9mois) mais restent en baisse de 12,17% par rapport à la même période de 2010.

Le déficit courant, malgré une légère baisse par rapport à 2012, reste à un niveau inquiétant, 6,1% du PIB pour les neuf premiers mois de 2013 contre 6,6% un an plus tôt. Et le dinar continue de glisser surtout face à l’euro, en franchissant la barre historique de 2.240 TND. Le secteur bancaire reste à la merci des injections massives de la BCT.

Le secteur bancaire reste à la merci des injections massives de la BCT. Toutefois, une certaine détente a été observée tout récemment sur le marché monétaire. Le volume des injections a été ramené à 4,392 MD à la fin du mois d’octobre contre 4,715 MD en septembre. Et le taux du marché monétaire (TMM) s’est arrêté, provisoirement, de tutoyer la barre du taux plafond des facilités de prêt pour baisser à 4.66 % fin octobre contre 4.72 % fin septembre, a-t-il conclu.

Kh.T

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