AccueilChiffreLa violence orpheline de ses parrains, mais fait toujours mal !

La violence orpheline de ses parrains, mais fait toujours mal !

Les évènements des dernières semaines ont remis le problème de la violence à l’ordre du jour. Tout indiquait, qu’avec l’avancée du processus de la transition démocratique, et l’unanimité qui se dessine contre le terrorisme, le pays a laissé dernière lui la violence, et que, désormais, les divergences politiques trouvent leur traitement dans le cadre du dialogue et de la concertation, et que l’émulation entre formations politiques trouve, de manière irréversible, sa solution à travers les urnes.

Or, on est en train d’assister à un renversement de la situation politique. L’irruption de la violence, ces derniers jours, les cibles qu’elle choisit et ses excès donnent à penser que rien n’est définitif , ni irréversible et que tout peut être remis en question .

Trois caractéristiques interpellent l’observateur dans ces derniers évènements. D’abord , leur aspect généralisé à tout le territoire , de Jendouba à Tataouine en passant par El-Guettar , Meknassy , Bouchebka , Beni Khiar et plusieurs quartiers de la capitale ; ensuite le caractère aigu de cette la violence dont le paroxysme a été atteint à Bouchebka où une centaine d’assaillants se sont attaqués au poste frontière du village , le pillant , et s’en prenant aux agents qui y exercent , en utilisant des armes blanches et à feu ; enfin, cet acharnement contre les symboles de l’Autorité et les entreprises publiques, donne à penser que ces actes criminels visent justement l’essence même de l’Etat .

Et si on met cette nouvelle donne dans son contexte politique caractérisé par les progrès du Dialogue national , on ne peut pas s’empêcher de penser que le consensus formé est la cible première de ces menées.

C’est vrai que la violence a son histoire en Tunisie postrévolutionnaire, mais elle a subi des transformations, pendant ces trois dernières années .

Hormis la violence politique des premiers jours de la révolution , commanditée et exploitée essentiellement par l’extrême-gauche pour imposer une Constituante et abroger la Constitution de 1959 , et la violence pratiquée conjointement par Ennahdha et les Salafistes , dans la capitale et à Menzel Bourguiba , le 15 juillet 2011, lors d’Al-Kasbah 3 , pour protester contre les orientations de la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution , on peut facilement constater que ce phénomène perd de ses adeptes à mesure que le processus de transition avance.

C’est vrai que l’article 15 du décret-loi n°2011-35 du 10 mai 2011, relatif à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) a été adopté dans sa version originale « grâce » à une surdose de violence, et plusieurs contestations violentes ont jalonné l’avant et même l’après 23 octobre 2011 , mais cette violence devient , avec le temps , de plus en plus orpheline : elle a des adeptes sans avoir des politiciens qui la revendiquent directement . Les formations politiques qui attisent la violence, le font en sous-main, et à voix basse, n’osant plus afficher un certain lien avec ces comportements qui ne concordent pas avec les choix démocratiques auxquels la quasi-unanimité des forces politiques adhèrent. La violence n’a plus arguments pour passer, et ne peut plus avoir de troupes parmi les bases politiques classiques des partis.

Donc, depuis les élections du 23 octobre 2011, les observateurs ont relevé que la violence, qui a toujours une fonction, recrute auprès de la grande délinquance et des trafiquants de tout acabit. Le grand banditisme a saisi le ballon au vol et compris ce besoin naissant, et a cherché à y répondre. Ces criminels qui ont adhéré en masse aux groupes salafistes , avaient besoin d’une double couverture, politique et juridique. Et les politiciens qui ont encore besoin de cette violence, se voyaient obligés de la lui fournir sans hésiter.

La couverture juridique a été trouvée dans la légalisation des Ligues de la Protection de la Révolution (LPR) en juin 2012. Quant à la couverture politique, elle a été assortie d’un habillage bien spécifique : la défense de l’esprit et des acquis de la Révolution du 14 janvier 2011. Ces politiciens (essentiellement la troïka) ont dit haut et fort que la contre-révolution est à l’œuvre pour venir à bout de la révolution qui est la leur, et qu’ils sont en droit de la défendre. C’était l’époque de la loi de l’Immunisation de la Révolution, du grand silence sur les plans ourdis par les terroristes et l’amorce de la fusion entre criminalité et djihadisme , illustrée , en premier , à Jendouba à la Mosquée Bilal, à partir de février 2012 et surtout, lors des affrontements d’Al-Abdalliah, en juin de la même année.

Cette violence délibérée, planifiée et le plus souvent bien dosée, se pratiquait parallèlement à une autre, qui, elle, était spontanée et émanant des laissés pour compte des régions intérieures, qui ne voyaient pas les promesses du développement et du bien-être venir, et constataient une rupture de communication avec les gouvernants .

Les assassinats de Chokri Belaid et Mohammed Brahmi ont illustré hautement ce grand dérapage vers la violence , mais le terrorisme porté par les évènements de Chaâmbi et des hauteurs de l’Ouest du pays , de même que l’attaque de la représentation US à Tunis , et les allées et venues des djihadistes en Syrie , en Libye et au Nord Mali , montrent que le choix démocratique n’est pas le lot commun de toutes les formations politiques tunisiennes qui s’en réclament.

Pour revenir aux derniers évènements, on remarque que les forces de sécurité sont les seules à affronter, en ce moment, les attaques criminelles sur tout le territoire du pays. C’est vrai qu’aucune force politique n’est en train de les revendiquer, mais le peu d’empressement pour les dénoncer, et parfois le silence complice sont de nature à susciter la frustration de l’appareil sécuritaire. Or, ce dont sont redevables les politiciens, c’est une position claire et énergique qui appuie les efforts des hommes de la sécurité, tout en administrant la preuve irrécusable que la violence est bannie à jamais du système politique tunisien.

Aboussaoud Hmidi

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