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L’Adieu au Hindi

Avec le démarrage, ces derniers jours, de la nouvelle saison 2023 de cueillette et de vente des figues de Barbarie, beaucoup de Tunisiens se sont souvenus, avec une certaine amertume, du reportage « fracassant » sur ce sujet, diffusé le 5 mars 2021 sur la chaîne publique de la télévision française France 3.

Comme ils s’y étaient attendus, ce fruit national auquel la Tunisie profonde s’est identifiée, depuis longtemps, sous son  nom usuel de hindi, autant que les autres pays nord-africains, du reste, a fini par être happé, à leurs dépens, par la machine infernale du commerce international. Il est allé y rejoindre les nombreux produits cultes tunisiens déjà happés de la même manière, l’huile d’olive, les dattes, les agrumes, le thon, entre autres.

Le reportage de France 3 était consacré à des projets de transformation des figues de Barbarie en Tunisie, présentés comme étant des projets à haute valeur ajoutée. Mais le sont-ils réellement et à quel prix ?

Opérant à l’enseigne de la cosmétologie mondiale, où les leurres sont de mise, des promoteurs se sont lancés dans la réalisation de grands projets portant sur l’utilisation des graines ou pépins des figues de Barbarie pour la fabrication d’une crème ou huile anti-âge « aux vertus incomparables », dans certaines régions de la Tunisie. Toute la production est destinée à l’exportation vers la France. Les figuiers sont cultivés dans des champs propres.

Des projets analogues ont été montés au Maroc, suscitant la colère des fabricants de l’huile anti-âge d’argan, inquiets de voir leur produit longtemps un produit phare en la matière, détrôné par ce nouveau venu.

France 3 croyait vanter l’huile anti-âge des pépins des figues de Barbarie en la présentant comme l’huile la plus chère au monde, vendue à 1000 euros le litre, contre 5 euros pour le litre de l’huile d’olive.

Mais, il s’est avéré dernièrement que son prix réel se situait aux alentours de 350 euros.

Or,  là où le bât blesse, et France 3 ne l’avait pas caché d’ailleurs, c’est qu’il faut des quantités énormes de pépins de figues de Barbarie pour produire un seul litre d’huile à partir de ces pépins. Une figue contient une centaine de pépins.

Certains commentateurs ont comparé l’entreprise de ces promoteurs à celle du fameux bricoleur tunisien qui a eu l’idée de produire du pourpre pour le commerce, en réutilisant l’ancienne technique phénicienne de production de cette matière à partir du coquillage appelé murex. Justement, il a reconnu devoir « gaspiller » 45 kg de coquillages de murex pour obtenir quelques grammes de pourpre.

Effets collatéraux

Pour le moment, la libre entreprise, dans les limites permises par la loi, reste la règle.

Cependant, tant en Tunisie qu’au Maroc et en Algérie, les citoyens ont commencé à relever régulièrement les effets collatéraux.

Les prix à la consommation ont sensiblement augmenté, notamment en Tunisie, tandis que les grandes surfaces de distribution se sont lancées dans la commercialisation, à grande échelle, des figues de Barbarie,  tout au long de la saison. D’ordinaire, elles proposaient les figues de Barbarie violettes d’arrière saison, d’habitude beaucoup plus chères que les figues communes de pleine saison vendues par des petits revendeurs de rue spécialisés, à des prix autrefois abordables, mais devenus très élevés.

Une grande surface à Tunis propose ainsi depuis le début de la nouvelle saison dans son rayon consacré aux légumes et fruits, des figues de Barbarie communes à 6 dinars le kg. On se demande quel sera le prix des fruits d’arrière saison ?

Un citoyen marocain a écrit sur facebook en substance : la figue de Barbarie est très connue au Maroc, mais elle a été exploitée en excès pour son huile connue pour ses effets anti âge. Avant on en trouvait très facilement. Maintenant le prix a doublé et les arbres sont pour la plupart malades et trop traités. S’agissant des bienfaits et vertus au quotidien de ses fruits, les figues de Barbarie apportent 44kcal par portion de 100g. Elles sont riches en sucres ainsi qu’en fibres. Elles sont également une source de vitamine C (8 mg), de Magnésium (85 mg), et de Potassium (229mg) ».

De son côté, un citoyen algérien, après avoir énuméré les nombreux noms usuels donnés aux figues de Barbarie, en Algérie, Tunisie, Maroc et autres pays, a cru bon de rappeler que «  nos ancêtres ont appris à planter ces arbres intensément sous forme de haies autour des maisons et des champs, non pas seulement pour en manger les savoureux fruits aux nombreux bienfaits, mais aussi parce que les haies de figuiers de Barbarie sont d’excellentes protections contre les incendies et la propagation du feu. Aussi, il serait indiqué de revenir à cette coutume et d’en élargir la pratique afin de protéger nos habitations, autant que nos champs et forêts contre les risques d’incendie ».

En Tunisie, selon des chiffres de 2021, les superficies plantées de figuiers de Barbarie s’étendent sur  600 mille hectares dont 118 mille  ha sont cultivés pour des fins commerciales. La production annuelle minimale, en provenance des plantations cultivées, s’élève à 552 mille tonnes.

La figue de Barbarie est une baie charnue dotée d’une centaine de graines. C’est un fruit  juteux et parfumé, possédant une saveur douce et délicatement sucrée. Il s’en dégage un arôme floral subtil.

Reste que la signification du nom usuel des figues de Barbarie, en Tunisie, soit « hindi » et l’origine du figuier de Barbarie, une variété de cactus, restent encore très mal connues, de manière incontestable, malgré tout ce qui a été dit et écrit, à ce propos.

S.B.H

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