AccueilLa UNELe coronavirus va-t-il fonder la Tunisie à se réinventer ?

Le coronavirus va-t-il fonder la Tunisie à se réinventer ?

Le nouveau coronavirus connu sous le nom de COVID-19 a frappé diversement les pays du Maghreb, singulièrement la Tunisie, l’Algérie et le Maroc  mais pas aussi ravageusement que chez  leurs voisins du nord, comme l’Italie, la France ou l’Espagne. Depuis lors, on n’a pas cessé de  spéculer sur les effets de cette pandémie sur la société, l’économie et la vie politique, tant à court terme, avec les habitudes des populations, qu’à long terme, avec les mesures prises par les gouvernements pour contenir le virus.

Comme le Maroc voisin, la Tunisie a mobilisé ses riches ressources humaines pour aider à la lutte contre le coronavirus, constate « Fair Observer », le site de journalisme citoyen mobilisant 2000 contributeurs dans 80 pays. Il souligne que des  étudiants en ingénierie et en médecine ainsi que des innovateurs technologiques travaillent sur divers équipements et programmes informatiques pour renforcer les capacités du pays en matière de lutte contre le coronavirus d’anti-virus. Par exemple, à l’instar du  Maroc, les Tunisiens disposent désormais de ventilateurs, d’équipements de protection individuelle (EPI) et d’autres ressources essentielles pour la protection et le traitement fabriqués localement. L’Institut Pasteur de Tunis a déjà décodé la souche locale de COVID-19, ce qui est essentiel pour la mise au point d’un vaccin, et les techniciens s’emploient à appliquer l’intelligence artificielle à l’identification des premiers signes du virus par les rayons X.

Si le nombre d’infections confirmées est actuellement faible en Tunisie, les rapports arrivent maintenant dans les zones rurales et intérieures où les infrastructures et le personnel professionnel sont limités. L’économie est cependant la plus touchée, car le tourisme, les envois de fonds, l’hôtellerie, les transports et les services souffrent du verrouillage des frontières en Europe et des restrictions de circulation. Cela a obligé le gouvernement tunisien, aux prises avec  un déficit et une faible croissance au cours des cinq dernières années, à adopter un programme de soutien aux pauvres, aux PME et à divers secteurs de l’économie.

Le plan de relance économique prévoit  quelque 450 millions de dinars (155 millions de dollars) d’aide aux familles pauvres ou à celles qui ont perdu leur emploi en raison de l’épidémie de coronavirus. Outre un report des impôts sur les PME, les remboursements des prêts aux salariés à faibles revenus sont également retardés. Le Fonds monétaire international a accordé un prêt de 745 millions de dollars, l’Union européenne a promis une subvention de 273 millions de dollars, l’Italie une subvention de 55 millions de dollars et un prêt de 280 millions de dollars de la Banque islamique de développement.

Lenteurs et impréparation

En Algérie,  le gouvernement a peut-être été le plus lent à mettre en place les outils nécessaires pour détecter et combattre COVID-19. L’indice de sécurité sanitaire mondiale 2019, qui mesure les diverses capacités du secteur de la santé dans les pays du monde entier – y compris la préparation à la gestion des pandémies – place l’Algérie au 173e rang sur 195 pays et au 17e rang sur 21 États arabes (ne dépassant que Djibouti, la Syrie, le Yémen et la Somalie) ».

Avec la chute de la demande mondiale de gaz et de pétrole, l’Algérie est particulièrement vulnérable aux chocs économiques qui perturbent sa capacité à fournir des subventions et des services. Les coupes budgétaires nationales annoncées de 30 % ne peuvent que retarder l’inévitable ponction des réserves de change, obligeant le gouvernement à solliciter une aide extérieure, qui peut s’avérer très onéreuse si elle bouleverse les accords existants entre les grandes entreprises, l’armée et les responsables gouvernementaux.

Au  Maroc, le gouvernement dispose de peu de ressources pour soutenir les petites et moyennes entreprises et les grandes sociétés, et ses réseaux de services sociaux et de santé sont mis à rude épreuve. Selon les chiffres officiels, 700 000 travailleurs ont perdu leur emploi et quelque 113 000 entreprises ont fermé leurs portes entre le 20 mars et le 1er avril. Cette situation a gravement affaibli le filet de sécurité de l’État, malgré les fonds des donateurs internationaux destinés à soutenir les PME dans cette transition difficile. Des questions sont posées non seulement sur le redressement du Maroc, mais aussi sur sa chaîne d’approvisionnement et ses liens avec les clients – principalement en Europe – qui sont eux aussi sous pression et ne laissent entrevoir aucune perspective d’avenir.

Capables de se réinventer à court terme

La façon dont ces pays sortiront de la pandémie COVID-19 déterminera leur avenir économique, social et politique, avec peu de garanties que les contrats sociaux – qui ont été mis à rude épreuve au cours de la dernière décennie – survivront sans modifications majeures, estime Fair Observer. Comme l’affirme Carnegie Middle East,  » les conséquences de la pandémie de COVID-19 devenant plus claires, elles risquent de mettre en évidence les échecs politiques qui ont rendu les nations d’Afrique du Nord si fragiles et si sensibles au virus en premier lieu. La mauvaise gestion économique et le sous-investissement dans les infrastructures et le développement humain ont entraîné la mise en place de systèmes caractérisés par l’inégalité et la précarité sociale. Les gouvernements des trois pays pourraient être capables de se réinventer à court terme, mais au-delà, les conséquences de leurs erreurs sont potentiellement déstabilisantes ».

Le Maroc a un système politique faible, de grandes disparités de richesse, trop de promesses non tenues de la part du gouvernement et une importante population de jeunes ayant besoin d’emplois. Ces conditions sont également valables pour la Tunisie, sauf qu’elle ne dispose pas d’une autorité nationale unificatrice et qu’elle souffre d’un système politique toujours dysfonctionnel et d’une économie chancelante.  L’avenir de ces trois pays  sera largement déterminé par le niveau de confiance que les gouvernements seront capables d’établir avec leurs électeurs en fonction de la manière dont ils combattront le coronavirus, protégeront les personnes dans le besoin, développeront des secteurs de santé plus complets et travailleront de manière transparente pour promouvoir la reprise économique. Il s’agit d’un phénomène mondial, mais particulièrement critique dans les pays qui luttent pour leur survie, conclut Fair Observer.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -