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Le coup de gueule du patron des patrons, à Sidi Bouzid, le jour de la fête de la révolution

Le 17 décembre 2018, un meeting a été organisé par l’association du «17 Décembre 2010» de Sidi Bouzid. Il réunissait de nombreux syndicalistes UGTT, la société civile locale et des personnalités de Sidi Bouzid, et dont le patron de l’UTICA était l’invité. Et plutôt que de se défiler et de tenir les propos convenus et aseptisés que tout responsable récite lors des anniversaires de révolution, Samir Majoul est au contraire monté au créneau et pris la parole et tout y est passé : les déficits du secteur public, l’entrepreneuriat et le travail plutôt que l’assistanat, le monopole de la STEG et la situation des entreprises publiques, ou encore la situation des investissements que le privé a faits dans les régions de l’intérieur. Courageux de le dire à Sidi Bouzid le jour anniversaire de révolution.

«Arrêtons de faire semblant, où en est-on de la révolution économique, industrielle, agricole, et surtout celle des mentalités?», dira-t-il au fil de ses propos. Evoquant la question de l’endettement des entreprises en difficulté, Samir Majoul a demandé que l’on sorte des schémas habituels, et d’oser : «L’Etat pourrait ne rien recevoir rien, les banques non plus et le projet ne pourra plus reprendre parce qu’on fait semblant que les entreprises en difficulté pourraient s’en sortir toutes seules» et d’interpeller les autorités, demandant “d’effacer ligne par ligne et redonner vie à l’entreprise et à ses emplois».

Et le patron des patrons d’entamer sa critique de la gouvernance et ses retards, à petits coups de griffe, mais incisifs. «Il faut décider à 5h35 quand un dossier arrive à 5h30, le jour même et non faire des commissions qui remonteront le dossier à Tunis, en espérant qu’ils ne seront pas arrêtés en chemin, et ne faire que tenir des dizaines de réunions. Entretemps, le ministre est changé, si ce n’est tout le gouvernement ou qu’il est rattrapé par les élections, ou que les réunions sont suspendues pour cause de canicule politique ou sociale en hiver, précisant que «cette canicule ne permet pas de faire de l’économie d’énergie».

Et d’apostropher les représentants régionaux du gouvernement, en leur lançant que «le gouverneur qui veut des investissements dans sa région, n’a qu’à aller voir comment ça se passe au Maroc et y prendre des leçons chez les Gouverneurs du Royaume pour y arriver».

Reprenant ensuite ses propres habits d’homme d’affaires, depuis la révolution, accusé de tous les torts et traité de tous les noms antinomiques du patriote, il se jette à l’eau devant le parterre de syndicalistes et d’habitants de Sidi Bouzid. «Nous voulons que nos enfants aient de quoi vivre décemment. Nous voulons garder nos richesses dans notre pays. Nous voulons que l’UGTT n’ait plus d’ouvriers à défendre parce que nous les aurons tous transformés en entrepreneurs ! Nous voulons que chaque diplômé ou issu de la formation professionnelle crée son propre projet, pourquoi pas avec l’aide de l’Etat, en lui accordant les garanties nécessaires comme il le fait pour les entreprises publiques qui perdent chaque année de l’argent, comme elles en deviennent spécialistes, et non quémander de l’emploi», leur dit-il en se retenant presque pour ne pas sortir de ses gonds. Il s’emporte pourtant encore un peu plus et interpelle. «Nous avons, en Tunisie, une politique, libérale, communiste et socialiste à la fois, qui prétend vouloir donner à manger à tout le monde gratuitement. Moi je ne veux pas d’un peuple qui mange gratuitement, mais d’un peuple qui vit bien qui génère des revenus et qui puisse acheter tout ce qu’il veut, au juste prix», dit-il avant de rebondir encore un peu plus haut dans sa réplique à ceux qui dénigrent les patrons. «On nous demande où sont les hommes d’affaires, tout en les traitant d’hommes à affaires. Il rappellera le projet laitier de Hamdi Meddeb, et bien d’autres, dépassant les volumes d’investissements de l’Etat à Sidi Bouzid. Et vous, qu’avez-vous fait ? Voudriez-vous que je travaille pour que vous puissiez vous nourrir gratuitement ? On doit, au contraire, tous, travailler, créer assez de richesses pour pouvoir léguer ce pays à nos enfants avec le moins possible d’endettement, avec une visibilité et des programmes clairs pour l’avenir et des projets d’investissements qui permettent à notre économie de rebondir. Nous voulons changer les mentalités et non venir chaque année célébrer la révolution, faire le plein des décorations et nous en aller».

Positif et essayant surtout de donner une autre perspective pour la région, en face de ses critiques, Samir Majoul affirme que «cette région [Ndlr : Sidi Bouzid] est capable de devenir le grenier de la Tunisie et son usine agroalimentaire. Elle a les terres et l’eau qu’il faut pour cela et peut aisément développer les énergies renouvelables». Il ne manquera pas l’occasion de s’arrêter sur le sujet qui est la préoccupation de tous les patrons, avec un «ça sera l’occasion ainsi de détourner le monopole de la STEG qui augmente les prix comme elle veut et quand elle veut. A quel titre je vous prie ? L’âne est désormais à terre et ne peut plus supporter plus qu’il n’en a fait».

Et de focaliser ensuite sur Bouzid, dont il assure que «ce n’est pas une zone sous-développée. Au contraire, c’est un énorme gisement de croissance. Je peux vous assurer que ce gouvernorat est capable d’être le meilleur de la République. Nous avons fait tous une révolution. Mais qu’en avons-nous fait ? Quand est-ce nous ferons une révolution économique, une révolution industrielle, une révolution agraire». Et Samir Majoul de conclure, sous les applaudissements d’une salle qui n’était pas conquise à l’avance, par «créons des richesses, ensuite nous saurons comment les partager».

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