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Le marché juteux de l’inclusion financière bientôt encadré par une loi

Un habitant du Grand-Tunis, fonctionnaire de son état et d’un bon niveau d’instruction, a révélé dernièrement à African Manager n’avoir jamais utilisé sa carte bancaire pour payer des achats ordinaires, préférant les régler en espèces. Il l’utilise essentiellement pour retirer l’argent des distributeurs automatiques de billets.

En revanche, dans les pays européens, le paiement en espèces a pratiquement disparu au point que les ressortissants européens ont perdu tout contact direct avec l’argent. En France, selon les rapports de presse, 9 Français sur 10 règlent leurs achats par des moyens de paiement dématérialisés comme on dit, électroniques et chèques.
Ainsi, c’est le capitalisme qui tend à réaliser un des grands rêves de son ennemi historique, le système communiste : éliminer complètement l’argent, « source de tous les maux des sociétés humaines ».

Pourtant, comme le mentionnent plusieurs rapports et études, officiels et indépendants, la Tunisie bénéficie aujourd’hui de services financiers de base abordables pour les diverses catégories de la population, quels que soient leurs revenus, grâce au réseau postal, et à celui des banques et autres établissements financiers.

Toutefois, le taux de l’inclusion financière, c’est-à-dire l’accès aux services financiers, est resté en deçà des aspirations.

En dépit des 12 millions de comptes bancaires et postaux recensés, on estime que 30 à 40 % de la population adulte (soit 2,5 à 3,5 millions de personnes), et plus de la moitié des entreprises en Tunisie (soit entre 245 mille et 425 mille entreprises déclarées) n’ont pas ou que peu d’accès au secteur financier traditionnel.

Dans ce cadre, un projet de loi portant sur la lutte contre l’exclusion financière a été élaboré par le gouvernement et a fait l’objet dernièrement d’un Conseil ministériel. Il vise à faciliter l’accès aux services financiers de manière à promouvoir l’inclusion financière à grande échelle.
Outre son aspect « progressiste » et « moderniste » pour les usagers (particuliers et entreprises), l’enjeu est de taille et constitue un marché des plus juteux pour les acteurs du marché financier.

Une enquête menée à ce sujet, fin 2022, sous l’égide d’intervenants de premier plan dans ce domaine dont la Banque centrale de Tunisie et la Société financière internationale (IFC) a mis l’accent sur les grandes opportunités que l’inclusion financière offre aux acteurs du marché financier, les évaluant à 10 milliards de dinars.

« Saisir ces opportunités favoriserait la réduction des disparités et contribuerait au développement de l’inclusion financière au profit de 7,5 millions de particuliers, 694 mille entreprises formelles , 500 mille agriculteurs et 800 mille Tunisiens Résidents à l’Étranger (TRE), tout en générant près de 10,3 milliards de dinars (3,2 milliards de dollars) de revenus bruts pour les acteurs du marché », souligne l’enquête.

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Le document ajoute, dans le même esprit, que « ces opportunités proviennent principalement des services d’accès aux comptes, des paiements et transferts digitaux, du financement, de l’assurance et des services non financiers. Afin d’atteindre le plein potentiel du marché tunisien, les acteurs du marché gagneraient à adapter leurs offres aux besoins spécifiques des particuliers et des entreprises ayant un accès et un usage financiers limités. Le développement de l’usage des canaux digitaux et la digitalisation des services et des processus permettraient aux institutions financières et autres acteurs du marché de réduire leurs coûts de distribution et d’exploitation et leur donneraient par conséquent plus de marge pour réduire leurs tarifs. De même, des efforts accrus de communication et de sensibilisation contribueraient à l’amélioration du niveau d’éducation financière et à la réduction du déficit général de confiance. La mise en place de partenariats entre acteurs du marché contribuerait également à stimuler les ventes croisées et permettrait ainsi aux institutions financières d’atteindre de nouveaux segments de marché ».

Une coordination efficace entre les différents acteurs publics et privés est par ailleurs primordiale, note le document, estimant par ailleurs que « Bien que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et le ministère des Finances aient lancé plusieurs initiatives au cours des dernières années, des efforts additionnels s’avèrent nécessaires pour améliorer la gouvernance de l’inclusion financière à travers une étroite coordination entre les parties prenantes. Il est aussi question d’accélérer les réformes en cours et d’assouplir certaines contraintes réglementaires pour favoriser l’émergence de nouveaux acteurs disruptifs. La conjugaison de tous ces efforts stimulerait l’inclusion financière, offrirait davantage d’opportunités aux acteurs du marché, et renforcerait ainsi l’économie tunisienne ».

S.B.H

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