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Le nouveau talon d’Achille d’Ennahdha : rassurer

Les incidents qui ont émaillé la séance d’ouverture du dialogue national, samedi 5 octobre 2013 étonnent, parce qu’ils vont tous dans le même sens : ils ont émané d’Ennahdha et de ses alliés, et ont tous vocation à saboter, de manière méthodique, le projet de dialogue national ou au moins en réduire la portée.

D’abord, le coup d’envoi de la séance inaugurale a enregistré un retard de 3 heures. La cause en est imputée à la troïka , groupée jusqu’à la dernière minute , autour du parti islamiste ,qui a refusé de signer la feuille de route, une situation qui a fait dire à Sami Tahri , porte-parole de l’UGTT , aux moments cruciaux de cette attente, que le Quartet ne s’était pas attendu à une telle impasse .

Ensuite deux partis très liés à Ennahdha , le CPR et le Courant de l’Amour , ont refusé de signer le document , malgré l’introduction , conformément aux exigences d’Ennahdha d’un amendement de taille à son contenu . Ce refus a été perçu par les observateurs comme le prolongement du refus initial des premières heures, opposé par le parti islamiste.

Enfin , la signature conditionnée de Rached Ghannouchi visait , en fait, à réduire , à un moment si solennel , la portée de l’adhésion des partis en présence ( une vingtaine) à l’initiative du dialogue national . C’est vrai que le président d’Ennahdha s’est rétracté en signant une seconde fois , après y avoir été sollicité ,ce qui a amené à annuler l’effet de cette restriction , mais le geste a été consommé .

Si on ajoute à ces incidents celui provoqué , quelques moments plus tard ,par Ayman Zouaghi ,à la fin de la séance inaugurale , en remettant en question le critère de choix des leaders de partis qui ont pris la parole, au nom des leurs, on s’aperçoit que le parti islamiste au pouvoir ,parfois directement , parfois par le biais de ses alliés , ne veut pas voir la feuille de route aboutir.

En politique, les observateurs ne doivent pas faire de la casuistique, mais les politiciens doivent savoir rassurer. Or, Ennahdha qui a exigé une série de garanties dont la plupart ont été exaucées, n’a fait aucun geste pour rassurer ses partenaires politiques, et valoriser la neutralité des médiateurs.

En fait , l’opinion publique qui a suivi de près l’initiative du dialogue national, souhaitait que ce processus aboutisse et qu’émerge en Tunisie , en cette période transitoire qui souffre de l’absence d’institutions accomplies et efficaces, des forces intermédiaires , capables de modérer les exigences et revendications des uns et des autres , et dotées d’une autorité morale et d’une capacité de convaincre.

A cet effet , le Quartet était, aux yeux de l’opinion publique , ces forces intermédiaires , qui ont manqué aux premiers jours de la révolution , et que leur absence s’est fait sentir , créant une situation qui a rendu le coût des évolutions vécues par le pays très élevé , et donnant aux développements un aspect spontané et parfois même anarchique . Et devant l’échec de cette deuxième phase de la période transitoire, et le discrédit des institutions qui ont émergé du processus post-électoral, il ne restait plus ces organisations et associations de la société civile qu’à  prendre la relève et mener le pays à bon port . Répondant à ces exigences, le Quartet s’est employé, avec patience et ardeur , depuis sa formation à rassembler les forces , à unir les démarches et fédérer les énergies , en tenant à la neutralité qui va avec son statut .

Or , le parti Ennahdha , et depuis le lancement des premières initiatives du dialogue , a agi , et de manière constante , selon deux axes : œuvrer à faire échouer cette entreprise ,d’une part , et à discréditer les organisations qui parrainent le dialogue , d’autre part , en les accusant d’impartialité , et d’attachement à un agenda politique , et de connivence avec l’opposition .

C’est vrai que la tenue de la première séance du dialogue national , et l’orientation vers d’autres séances , et la limitation de cette entreprise aux prochaines semaines , sont de nature à réconforter l’opinion publique , les intervenants politiques et les opérateurs économiques , mais il y a encore du chemin à faire pour que cette dernière phase de la période transitoire soit achevée de manière concluante .

Aboussaoud Hmidi

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