Le projet « El Msabb » du plasticien Atef Maatallah prend comme lieu d’action « la place El Kachekh »

Une conférence-débat sera organisée samedi 27 avril à 14h à Dar Bach Hamba (La médina de Tunis) pour présenter l’ébauche du projet « El Msabb » de l’artiste plasticien Atef Maatallah. Le projet « El Msabb » s’inscrit dans le cadre des résidences artistiques parrainées par l’association l’Art Rue depuis juin 2018. Le projet d’Atef Maatallah prend comme lieu d’action « la place El Kachekh » dans la médina de Tunis qui est devenue depuis dix ans une décharge anarchique.
Entouré d’un architecte, d’un botaniste et d’une historienne, Maatallah propose de transformer la décharge anarchique en un jardin public en l’aménageant avec des arbres, des plantes, du mobilier urbain, et de grandes fresques murales. La transformation est menée en étroite collaboration avec les habitants du quartier, leur implication étant la garantie qu’ils veilleront sur cet espace vert aménagé au cœur de la médina. Un espace rêvé par l’artiste comme un lieu à la croisée de la mémoire et de la fiction. Les ordures disparaitront mais l’artiste en gardera la trace, comme des reliques, peintes sur les hauts murs qui dominent la place ou comme terreau.
 » Nous rappelons son passé mais nous posons nos mains sur son présent. Nos mains de peintre, d’artiste botaniste et d’architecte. Ensemble, nous rêvons une hétérotopie organique et minérale, un nouvel éden coincé entre le béton et la végétation  » explique-t-il dans la note de présentation du projet.
La conférence-débat, organisée samedi prochain, est ainsi une occasion pour exposer les différentes dimensions portées par un projet entremêlant la peinture, l’architecture et la botanique. La rencontre sera ainsi l’opportunité de revenir sur le début de cette expérience et ce qu’elle représente. Elle réunira des habitants du quartier, des acteurs impliqués dans le processus et des invités venant du champ académique et du milieu associatif ou promouvant des initiatives citoyennes.
Les sujets qui seront abordés lors de cette rencontre évoqueront l’histoire du lieu, l’interpénétration entre la ville coloniale et la Médina dont il a été témoin au cours du vingtième siècle mais également les différentes démolitions qui se sont petit à petit mues en déchets amoncelés.
La question du rôle des responsables politiques dans la gestion des détritus et de la voie publique sera également posée.
La discussion donnera également lieu à des réflexions autour de la présence de l’art dans l’espace public et du lien qu’il entretient avec les éléments urbains et la végétation.
Rappelons que cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la manifestation « Printemps des arts » organisée par l’association l’Art Rue de mars à mai 2019. Cette manifestation a pour objectif de partager avec le public les créations des quatre résidences artistiques accueillies par l’association depuis juin 2018 grâce au soutien du programme européen « Tfanen ».
Depuis 2016, l’association l’Art Rue reçoit au moins cinq résidences artistiques chaque année afin de soutenir la création tunisienne mais aussi des artistes étrangers pour permettre l’élargissement du vivre ensemble, de la circulation, des échanges culturels et de l’enrichissement mutuel. Les artistes de toutes disciplines sont accueillis pendant des temps de travail allant de 2 à 12 mois selon leurs projets, condition sine qua non d’un travail de proximité et de frottement avec le territoire et d’échange avec les populations. L’Art Rue met à disposition des espaces de travail, et met en œuvre, artistiquement, financièrement et logistiquement, un accompagnement spécifique.
L’artiste plasticien Atef Maatallah est né en 1981 à Al Fahs, ville qui est au centre de son travail. Il est diplômé de l’Institut Supérieur des beaux-arts de Tunis. Revisitant les codes de la figuration narrative par une illustration rigoureuse des images du quotidien et hantée de personnages au regard incertain, l’œuvre de Atef Maatallah apporte une vision réaliste, parfois acerbe, sur le contexte sociopolitique de la Tunisie contemporaine et sur la condition humaine dans le monde actuel. Depuis 2010, il participe à de nombreuses expositions nationales et internationales notamment au centre National d’Art Vivant de Tunis, à la Galerie Talmart (Paris), à Art Dubaï ou à Abu Dhabi Art Fair.