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Les analyses et prévisions de Crisis Group pour la Tunisie. Elles sont affligeantes !

Organisation non gouvernementale  dont les analyses font autorité partout dans le monde, l’International Crisis Group  (ICG) vient d’en livrer une sur la Tunisie « pays  aux prises avec un  ensemble impressionnant de défis économiques et sociaux, dont les  dirigeants disposent de moyens limités pour s’attaquer à ces problèmes ou répondre aux attentes élevées de la population ». La pression étrangère et la surenchère populiste pourraient exacerber la polarisation entre les forces pro- et anti-Saïed et pousser Saïed vers une répression croissante. Cette évolution pourrait à son tour attiser les tensions et la violence, augmentant le risque de troubles politiques, estime l’ICG.

Risques de violence et économiques

Le président de la République, Kais Saïed peut choisir d’accroître augmenter le volume de son discours patriotique et populiste sur la « souveraineté » pour détourner l’attention des questions économiques et sociales. S’il agit ainsi,, indique, ICG,  il pourrait déclencher des réactions incontrôlables au sein de la population, comme des manifestations devant les ambassades et les délégations étrangères, car les Tunisiens pourraient en venir à percevoir que l’UE et les États-Unis contribuent à l’asphyxie économique du pays. D’autres violences sont également possibles, notamment si Saïed bouleverse les équilibres de pouvoir locaux au nom de la lutte contre la corruption et dans l’intention de renforcer l’influence de ses partisans dans certaines régions, ajoute Crisis Group.

De nombreux Tunisiens sont réconciliés avec les autorités politiques et ont même encore de grands espoirs pour l’avenir, mais le marasme économique commence à éroder leur confiance. Les indicateurs laissent entrevoir le risque d’une grave crise budgétaire et bancaire à venir, qui pourrait réduire le niveau de vie de nombreux Tunisiens.

A court ou moyen terme, la Tunisie pourrait être contrainte soit de restructurer sa dette publique – en se pliant aux règles du Club de Paris (un groupe informel de pays créanciers qui cherchent à résoudre les problèmes de remboursement des pays endettés) – soit de se déclarer en faillite. Dans les deux cas, les retombées socio-économiques seraient douloureuses, prévoit ICG. La restructuration de la dette, même si elle semble moins onéreuse que la deuxième option, aurait un impact sévère sur la population. Les effets pourraient inclure, entre autres, la dépréciation de la monnaie, la privatisation des entreprises publiques, le gel des salaires dans le secteur public et les départs en préretraite forcés, la réduction drastique des importations (déclenchant probablement des pénuries chroniques de produits de première nécessité), une nette augmentation du chômage et de l’inflation, et le risque d’insolvabilité des banques publiques.

Entre-temps, rappelle Crisis Group  il est question au Congrès américain de conditionner la poursuite de l’aide financière et militaire à la Tunisie aux conclusions du Département d’État américain concernant le rôle de l’armée dans les abus commis après le 25 juillet. La question n’est pas tranchée. Mais si une législation en ce sens devait être adoptée et surtout si Washington devait effectivement réduire son aide, il pourrait y avoir des remous au sein des forces armées ainsi que de nouveaux troubles dans la rue.

Tous ces facteurs pourraient avoir un effet boule de neige et pousser le président Saïed sur la voie du populisme, ajoute l’ONG. Il pourrait notamment lancer une répression sélective de la corruption et multiplier les discours critiquant les étrangers et les riches du pays pour canaliser les frustrations de ses partisans, qui attendent de lui qu’il « assainisse » les institutions de l’État ainsi que les pratiques commerciales privées. Ces mesures, qui visent à tirer parti du ressentiment des secteurs défavorisés de la société, pourraient contribuer à engendrer des troubles au cours desquels les chômeurs ou d’autres personnes exprimeraient leur colère. Ces protestations pourraient devenir violentes, notamment si la police fait un usage excessif de la force pour rétablir le calme. Les politiciens et les hommes d’affaires de haut rang pourraient être plus souvent arrêtés et exhibés devant le public comme des symboles de la corruption. Au lieu de profiter à l’économie, de telles actions risqueraient de nuire aux entreprises en général sans pour autant donner un coup de pouce significatif aux fonds publics, estime ICG.

Favoriser l’intégration de la  Tunisie dans l’espace économique européen

L’UE considère la Tunisie comme un pays prioritaire pour l’assistance macrofinancière et le soutien au développement pour la période 2021-2027. Cependant, suite au coup de force du 25 juillet 2021, la Tunisie ne remplit plus les critères pour la poursuite du soutien économique de l’UE, fait remarquer Crisis Group, qui fait l’historique des déclarations et démarches des instances de  pour le  « retour au fonctionnement normal des institutions de l’État »,  « la reprise de l’activité parlementaire », dans le cadre d’un dialogue national, à la mise en œuvre d’une « feuille de route claire » et au rétablissement de la constitution de 2014 avant toute réforme constitutionnelle.

 L’UE devrait essayer  d’aider les gouvernements tunisiens successifs à répondre à la frustration du public,  affirme Crisis Group . Dans ce cadre, souligne-t-il,  elle devrait poursuivre sa coopération bilatérale conformément à l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale pour 2021-2027. Surtout, elle devrait tirer les leçons de ses échecs depuis la révolution de 2010-2011 en essayant d’aider les gouvernements tunisiens successifs à répondre à la frustration du public. L’UE devrait donner la priorité aux activités qui pourraient aider la Tunisie à s’attaquer aux problèmes qui sous-tendent le clientélisme, le marasme économique et la méfiance généralisée à l’égard des partis et des institutions politiques, qui ont permis au coup de force de Saïed d’être approuvé par de nombreux citoyens ordinaires. Elle pourrait, par exemple, mettre en place des programmes visant à encourager les autorités de Tunis à faciliter l’accès au crédit pour les personnes vivant à l’intérieur du pays ; éviter les mesures juridiques répressives qui restreignent les libertés, en particulier dans la sphère économique ; et introduire des règles claires concernant les nominations dans le secteur public afin de clarifier les relations entre l’administration de l’État et les partis politiques.

Enfin, si le président Saïed modifie sa feuille de route politique pour y inclure un dialogue national impliquant les principaux acteurs politiques du pays, les syndicats et les associations, de sorte que ce dialogue ait lieu avant le référendum du 25 juillet, l’UE pourrait offrir à la Tunisie de meilleures perspectives économiques. Par exemple, l’UE pourrait aider la Tunisie à s’intégrer plus efficacement dans l’espace économique européen et euro-méditerranéen ; préparer une conférence internationale sur la Tunisie réunissant les pays du G7 pour discuter de la conversion des dettes bilatérales en projets de développement ; permettre un nouveau programme quadriennal du FMI avec une forte composante sociale ; et aider le pays alors qu’il navigue dans les transformations technologiques et industrielles que la pandémie du COVID-19 a accélérées.

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