AccueilLa UNELes chiffres en Tunisie: Soit introuvables, ou inexplicables. Et toujours abscons

Les chiffres en Tunisie: Soit introuvables, ou inexplicables. Et toujours abscons

Il est un fait en Tunisie que la communication officielle souffre d’un déficit congénital. Il n’est certes pas le seul, lorsque s’y ajoutent les déficits économiques jumeaux. Mais devient plus grave lorsqu’on sait que ce déficit de Com touche presque tout l’appareil de l’Etat, et devient déficit de redevabilité auprès de ceux qui paient, par leurs impôts, les salaires de ces hommes d’Etat.

A Carthage, comme à La Kasbah, la communication, exception faite bien sûr de communiqués laconiques qui ne disent ne respectent que partiellement la règle des « Five Ws », ne répond pas aux cinq questions d’une information juste et complète, les fameuses questions du Who, What, When, Where, Why. Et parfois même ne disent rien du tout. Exemples :

  • La BCT serait-elle devenue une SUARL ?

Le vendredi 15 avril 2022, le président de la République tunisienne Kais Saïed recevait au palais de Carthage, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Al Abassi, qui lui avait alors remis les états financiers 2021 de la banque et le rapport des Commissaires aux comptes.

Quatre mois plus tard, ce rapport n’était toujours pas publié, comme si la BCT n’était juste qu’une SUARL (société unipersonnelle à responsabilité limitée), où seul le « propriétaire » a le droit d’en prendre connaissance, de connaître ses états financiers, ses gains, de ses pertes et autre ratios du secteur bancaire dont elle est l’unique régulateur. A la date du 19 août 2022, on ne trouvait sur le site de la BCT que le rapport de 2020.

Un manquement flagrant de communication, sans oublier que lorsqu’elle y pallie, ce que publie la BCT, comme à propos des banques qu’elle contrôle et notamment les sanctions contre les banques qui ne respectent pas les règlements en vigueur, ressemblerait presque plus à de l’Omerta qu’à de la transparence de celui qui gagne de l’argent avec celui des autres, tant le souci est grand de la BCT de ne citer aucune banque contrevenante, ni dire à combien elle a été condamnée !

  • Au ministère des Finances, c’est « silence, on tourne » … en rond !

Autre fournisseur exclusif d’information financière sur l’état de santé de l’économie tunisienne, le ministère des Finances (MF). Redevable auprès des contribuables qui paient ses salaires et ceux des autres, il fait dans le « goutte-à-goutte », lorsqu’il s’agit d’informer la  population maintenue sous le joug d’un taux  de pression fiscale de 25,4 %, sans compter l’inflation galopante qui érode chaque mois un peu plus le coût de la vie de cette population, vouée de plus au « silence des agneaux ».

Nous sommes la 19 août 2022, et on ne pouvait trouver sur le site du MF que les résultats de l’exécution du budget au mois de … mai 2022. A moins que ce ministère ne préfère travailler dans la non-transparence et la non-redevabilité, ses employés et fonctionnaires travaillent avec des ordinateurs, connectés à de base de données, dans un pays qui crie sur tous les toits sa réussite en matière de numérisation, ce retard pose question. D’abord sur les méthodes de travail et ses outils. Et ensuite sur l’explication de ces retards, répétitifs, qui en deviendrait presque institutionnalisée et voulue.

Les mauvaises langues diraient, à Dieu ne plaise, que cela servirait à accommoder certains chiffres et certains ratios, ou pour « noyer le poisson », du chiffre dans la mer des mois passant. Cela empêche dans tous les cas, le citoyen-contribuable de savoir à temps où a été dépensé son argent, et empêche les experts de faire analyse factuelle de ces chiffres, et d’alerter l’opinion sur de possibles dérapages.

  • L’INS : Des chiffres oui, mais abscons

L’Institut national de la statistique, fournisseur officiel des chiffres pour toute la Tunisie, est pingre et parfois mesquin, en explications. Il affirmait dernièrement que « la croissance économique s’est établie à 2,8 % en rythme annuel, après une progression annuelle de 2,4 % enregistrée au premier trimestre 2022. En termes de variations trimestrielles, le produit intérieur brut PIB en volume du deuxième trimestre 2022 s’est toutefois contracté de -1% par rapport au trimestre précédent ».

Qui est capable de comprendre comment la création de la richesse en Tunisie a-t-elle pu rebondir de 2,8 % après avoir reculé de 1 % d’un trimestre à l’autre ? Qui pourrait comprendre que le PIB réalise une performance proche des années fastes de l’ancienne Tunisie, alors que le pays est en crise économique ? Le tourisme dit-il. Allez donc parler aux professionnels du tourisme, vous entendrez leurs lamentations. Allez parler à Tunisair, elle vous dira sa part de marché (27,8 %) qui n’a pas augmenté, et ses résultats financiers qu’elle n’a depuis de longues années pas publiés.

  • Ministre qui bloque les commentaires sur les réseaux sociaux, et porte-parole qui ne parle pas

Qui est capable de comprendre que « au deuxième trimestre de 2022, la population active s’inscrit en hausse, s’établissant à 4080.5 mille individus contre 4046.4 mille au premier trimestre de l’année en cours, soit une augmentation de 34.1 mille individus » et qu’une économie en crise, sanitaire pour 2021, financière, d’investissements et de crédits, ait pu créer plus de 60 mille nouveaux emplois ? Qui peut comprendre que « le nombre de chômeurs est estimé à 626.1 mille, contre 653.2 mille au premier trimestre de la même année, soit une baisse de 0,8 points », comme le dit l’INS ?. Le tout alors que les jeunes diplômés continuent de quitter le pays, de manière régulière ou irrégulière, à la recherche d’emplois ailleurs qu’en Tunisie.

La réponse est chez le DG de l’INS, qui devrait tenir conférence de presse pour expliquer ce paradigme, et qui ne le fait pas. La réponse est aussi chez le ministre de la Formation professionnelle et de l’emploi qui interdit même qu’on commente ses statuts sur les réseaux sociaux, et qui est par ailleurs porte-parole du gouvernement, qui sourit certes, mais ne parle pas !

Ndlr : La BCT nous fait remarquer que ledit rapport annuel 2021 a été rendu public, mais que le site de la BCT serait assez « mal foutu » pour ne pas le rendre visible. En effet, chercher un rapport annuel, début par cliquer sur la rubrique « Catalogue » des publications. Et là, et jusqu’à 12 h de ce dimanche 21 août 2022, il n’y avait que le rapport 2020. Donc, Messieurs de la BCT, modernisez votre site internet, ou mettez à jour vos publications, dans les rubriques construites par vous-mêmes. Un rapport, si le navigateur lambda ne le trouve pas dans la rubrique des rapports annuels, c’est qu’il n’existe pas !

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