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Les nouvelles révélations dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaid sont-elles utiles?

Le journal « Akher Khabar  » vient de révéler l’arrestation d’un élément du groupe qui a tué Chokri Belaid . Il s’agit d’un certain Abou Qatada , nom de maquis d’un certain Chaker dont le journal ne dévoile pas l’identité complète.

Abou Qatada, dit le journal, était, la semaine dernière, sur le point de quitter le territoire tunisien par l’aéroport de Monastir, pensant que le contrôle y est moins strict, mais il est tombé dans le filet.

Le nom d’Abou Qatada a été mentionné par le coiffeur installé à Hay El Khadhra dans la capitale, Mohamed Ali Dammak, interrogé dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaid . Abou Qatada voulait partir en Turquie, mais après l’échec de sa tentative, c’est Mohamed Ali Dammak qui le prend en charge , et l’héberge chez un ami à Al-Menzah V , à l’instigation de Ali Harzi , adepte d’Ansar Chariâa , accusé dans le meurtre de l’ambassadeur américain en Libye ,extradé de Turquie et libéré provisoirement , depuis le 7 janvier 2013, contre l’avis des Américains .

D’après les recoupements et le visionnage des images vidéos prises par satellite ,et par des caméras de surveillance installées dan le périmètre où a été commis le meurtre , Abou Qatada a repéré les lieux du crime , en compagnie de Mohamed Ali Dammak, à 3 reprises. Tous les deux (Abou Qatada et Mohamed Ali Dammak ) faisaient partie du groupe chargé d’accompagner Kamel Gadhgadhi après son forfait .

Ce nouvel élément lève un coin du voile sur le dispositif qui a rendu possible l’assassinat de Chokri Belaid et empêché l’arrestation du principal accusé, de sorte que le puzzle demeure incomplet .

Le journal « Akher Khabar  » a fourni plusieurs éléments pertinents qui ont donné la preuve du professionnalisme des enquêteurs : avancer la date de la reconstitution du crime, au 26 février 2013, , en l’absence du premier accusé et de l’arme du crime , avait pour but de déjouer un plan conçu par les djihadistes pour brouiller les pistes et faciliter la rétractation des inculpés de leurs aveux. La cellule incriminée fait partie de la nébuleuse Ansar Chariâa aux contours toujours flous , mais qui conduit directement à Abou Iyadh , sans qu’il ait émis lui-même la fatwa de l’assassinat de la victime . Cette fatwa, indispensable pour la commission de tout acte de cette gravité aurait été édictée par un subalterne qui répond au nom de Yasser Mouelhi , imam à Hay El Khadhra , propriétaire de la voiture Fiat Siena , utilisée dans l’opération , et membre du groupe qui a surveillé Chokri Belaid et sa résidence les jours précédant le crime .

L’enquête a révélé que tout ce qui se rattache aux préparatifs, et l’exécution de l’assassinat a été fait par un groupe compact qui se connaît bien, mais qui est de rang subalterne. Ces seconds couteaux renvoient, il est vrai , à une cellule affiliée à Ansar Chariâa , installée à Douar Hicher , mais ils restent tout de même hébergés à l’étage inférieur . Il est donc de notre droit de nous poser la grande question : qui occupe les étages supérieurs ?

C’est à ce niveau qu’on devrait rechercher les commanditaires, ceux qui ont couvert l’opération politiquement , médiatiquement , et qui ont mis en place les pièces du puzzle.

On peut d’abord signaler que les liens entre les caches d’armes de Mnihla , Médenine et Ben Arous , l’assassinat du leader Watad , les évènements de Châambi ,et les connexions régionales allant de la Libye au Nord Mali semblent évidents , et on retrouve dans chacun de ces dossiers la signature de l’organisation Ansar Chariâa , et de la mouvance djihadiste en général : les armes proviennent de Libye , Kamel Gadhgadhi et l’arme du crime se retrouveraient également en Libye , les djihadistes de Châambi étaient en partie chassés du Nord Mali après l’intervention française, en décembre 2012 .

L’assassinat devrait s’inscrire, selon ces éléments, dans une logique de déstabilisation de la région nord-africaine et du blocage du processus démocratique de la période transitoire en Tunisie, de même qu’elle était conçue pour que les djihadistes prennent la gauche radicale, ou du moins une de ses franges, comme cible.

Les commanditaires du crime qui devraient se retrouver dans les étages supérieurs, sont les principaux bénéficiaires de cette entreprise de déstabilisation de la région et du pays , et ont joué un rôle essentiel dans la couverture des criminels avant de commettre leur forfait et le brouillage des pistes devant les enquêteurs après l’exécution du crime : le principal accusé court toujours , l’arme du crime est introuvable , les versions avancées ne peuvent toujours pas coller les unes aux autres et aucune d’elles n’est parvenue à convaincre . Ali Laarayedh , alors ministre de l’Intérieur avait déclaré , le 26 février 2013, que l’arrestation de Gadhgadhi était imminente , Rached Ghannouchi, avant lui ,avait déclaré au journal français JDD : » J’attends de voir leur réaction (ceux qui accusent Ennahdha d’être moralement et politiquement responsable de l’assassinat de Chokri Belaid ) quand les vrais coupables auront été démasqués, ce qui ne devrait plus être qu’une question de jours si l’on en croit le ministère de l’Intérieur « . C’était dit le 23 février2013.

Mais, jusqu’à ce jour, ni Gadhgadhi n’a été arrêté, ni les résultats de l’enquête n’ont été dévoilés.

D’autres versions, celles du comité de défense du martyr Chokri Belaid, de beaucoup de journalistes d’investigation , soufflées ,paraît-il, par des responsables sécuritaires dissidents , apportent des informations parcellaires , qui , en fin de compte, ne résistent pas aux analyses et aux recoupements .

On a donc affaire à des étages supérieurs bien opaques , nantis de grands moyens et dotés d’un grand professionnalisme et de connexions très vastes .Ils se maintiennent dans le statut de ceux qui tirent les ficelles à distance sans qu’on ose les pointer du doigt .

Toutes ces données prouvent que le flou va envelopper encore cette affaire, et l’opinion publique doit attendre encore longtemps pour être édifiée sur les dessous de ce crime inédit.

On en arrive à se poser la question de savoir si toutes ces révélations pourraient servir à quelque chose, dès lors que l’affaire en son entier est presque rangée au magasin des accessoires.

Aboussaoud Hmidi

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