Une nécessité économique pour certains, une passion pour d’autres, la fripe est devenue un élément incontournable du secteur de textile en Tunisie. Selon des données officielles, ce secteur emploie directement entre 8 et 10 mille personnes, mais au total entre 300 et 400 mille Tunisiens travaillent dans ce secteur.
La friperie, ce sont ces vêtements, chaussures, sacs ou encore linge de maison de seconde main qui sont vendus dans d’énormes marchés dédiés à travers tout le pays, à prix censés être bas, voire raisonnables.
Avec la crise économique et la baisse de plus en plus importante du pouvoir d’achat des Tunisiens, les boutiques conventionnelles de vêtements neufs ont été désertées par les clients au profit des friperies.
Cependant, le secteur de la friperie traverse une mauvaise passe. Les commerçants cherchent, par tous les moyens, à trouver un équilibre entre la rentabilité de leurs projets et la fidélisation de leur clientèle.
Le président de la Chambre syndicale nationale des commerçants grossistes de friperie, Sahbi Maâlaoui, a fait état au micro de Mosaïque fm, ce mardi 29 octobre 2024, d’une baisse de 30% du taux d’affluence dans le secteur de la friperie, en raison de la détérioration du pouvoir d’achat.
Dans le même sens, il a assuré que ce secteur nécessite une attention de la part des ministères concernés, notamment celui du Commerce, pour modifier les lois qui le contraignent et qui limitent les professionnels du métier.
Maâlaoui a, également, fait savoir que la Chambre avait, en collaboration avec les professionnels du secteur et les propriétaires d’usines, élaboré un projet de loi qui mette fin à la marginalisation de l’activité de la friperie.
Sur un autre volet, il avait auparavant déclaré que les prix de la friperie, soumis à la règle de l’offre et de la demande, n’ont pas augmenté cette année en dépit de l’augmentation des taxes de 20% instaurée par la loi de finances de 2023.
« La friperie est un secteur économique de grande importance, exportateur vers le marché africain et employant directement et indirectement 200 mille personnes dont 8000 titulaires de diplômes supérieurs », selon ses dires.
Par ailleurs, il a tenu à saluer les efforts du ministère de l’Environnement qui a permis la transformation des déchets de la friperie en énergie renouvelable exploités par les usines de ciment.
A ce propos, il a réclamé un changement urgent de la législation régissant ce secteur, celle-ci étant devenue dépassée par le temps, selon lui, en citant l’exemple de l’interdiction des ventes entre les gouvernorats pour les grossistes qu’il estime « insensée ».
Plus de 90% des Tunisiens achètent leurs vêtements à la friperie
La friperie est devenue, depuis 2011, une composante essentielle du quotidien du tunisien, et pour preuve, selon Maaloui, l’attraction qu’elle exerce sur les bourses moyennes .
Les Tunisiens dépensent, selon lui, 8% de leur budget dans ces marchés. Le secteur constitue une véritable bouffée d’oxygène particulièrement pour la classe moyenne qui a du mal à joindre les deux bouts à la fin de chaque mois en raison des hausses répétitives des prix.
Certains vêtements, chez certaines marques (qu’elles soient tunisiennes ou étrangères), sont, cependant, hors de prix. La fripe constitue, de ce fait, une échappatoire pour de nombreux Tunisiens qui y trouvent ce dont ils ont besoin à des prix cassés.
D’autre part, le secteur nourrit 10 000 familles. Mais le principal fournisseur des usines de fripe en Tunisie, à savoir l’Europe, n’offre plus les quantités suffisantes.