Tarak Arfaoui
Les dispositions de la Constitution tunisienne promulguée à l’Indépendance ainsi que celles de la nouvelle mouture renferment dans certains articles une véritable honte indigne d’un pays qui aspire à la démocratie et dont la civilisation est trois fois millénaire. Au cours de l’antiquité la Constitution carthaginoise était un modèle de civisme, d’équité et de progressisme et avait même été louée par Aristote .Que dire deux mille ans après de la Constitution tunisienne actuelle, un véritable chef d’œuvre d’intolérance et d’insanité où des relents de racisme sont à peine dissimulés ?
Depuis l’indépendance, certains citoyens tunisiens, en principe égaux en droit et en devoirs, qui sont assujettis à toutes les lois tunisiennes, n’ont malheureusement pas le droit de postuler à la présidence de la République tunisienne ni de postuler aux carrières militaires et apparentées du fait de leurs convictions religieuses. Cette idiotie qui vise essentiellement les Tunisiens de confession juive ou chrétienne n’avait dans le temps par pure hypocrisie offusqué personne, du fait qu il s’agissait d’un sujet tabou qu’aucun parti ou organisation civile n’avait eu le courage de dénoncer. Des Tunisiens de pure souche qui puisent leurs racines depuis des millénaires dans ce vénérable pays, bien avant l’arrivée de l’ islam, sont considérés par des esprits rétrogrades comme des parias dans leur propre pays parce qu’ils ne sont pas musulmans .Cette insanité n’ a pas suffi à notre omnipotent César qui ,en rajoutant une couche ,vient de nous pondre dans sa nouvelle loi électorale, fruit de ses cogitations nocturnes, un décret d’exclusion des citoyens tunisiens qui ont une double nationalité les considérant comme des citoyens de seconde zone mettant en doute leur patriotisme en les privant de leurs droits civiques les plus élémentaires, à savoir participer a des élections sur le territoire national . Cette abjection s’adresse à des centaines de milliers de Tunisiens dont le tort pour beaucoup est d’avoir un parent de premier degré étranger et qui sont frappés d’opprobre bien qu’ ils soient enracinés depuis des siècles dans leur pays, qu’ils y soient partie prenante directement ou indirectement dans tous les domaines de la vie civile et qu’ils enrichissent par leur travail même s’ils sont à l’étranger , pour une grande frange d’entre eux, dont le transfert d’argent constitue la deuxième ressource en devises du pays . Par ailleurs, ne pas consacrer par la loi les droits égalitaires des femmes dans la vie politique est une autre ineptie établie par la nouvelle Constitution .Diviser les citoyens et les maltraiter , leur imposer sans aucune discussion des décrets rétrogrades en étant obnubilé par des considérations pseudo nationalistes et religieuses est indigne de personnes a fortiori responsables des destinées de ce pauvre pays qui n’a pas cessé, au cours de cette dernière décade, d’être malmené par des apprentis politiciens qui ne sont que des accidents de l’histoire.