AccueilLa UNELes Tunisiens profitent peu des eaux géothermiques du Sud

Les Tunisiens profitent peu des eaux géothermiques du Sud

Une autre ressource naturelle en Tunisie dont les bienfaits n’ont pas  amplement profité aux tunisiens, les eaux chaudes des sources souterraines géothermiques, dans le Sud tunisien.

On en tire, à El Hamma de Gabès, entre autres, des légumes et fruits de première qualité, succulents et très nutritifs parallèlement à leur utilisation en thermalisme.

Seulement, les légumes et fruits sont destinés à l’exportation vers l’Europe et les pays arabes pétroliers du Golfe, tandis que l’usage thermal, aussi vieux que l’homme dans ces contrées, est resté artisanal, et limité aux populations locales et aux quelques connaisseurs tunisiens et des pays voisins.

Outre leur qualité en raison des teneurs importantes en sels minéraux des eaux chaudes souterraines du Sud tunisien, comme celles de la localité de Ben Ghilouf, délégation d’El Hamma et de Stiftimi, gouvernorat de Kébili, les légumes et fruits produits par le système de serres chauffées et irriguées au moyen des eaux chaudes souterraines du Sud ont le grand mérite de la précocité sur la plan de la maturation, un mois par rapport aux serres traditionnelles. Aussi, ils sont vendus à des prix élevés en Europe. Il y a plus de 10 ans, les tomates précoces des eaux chaudes du Sud tunisien étaient  vendues à 4 euros le kg en France, un prix qui a triplé, dans l’entre-temps.

En 2016, une société tuniso-hollandaise basée dans la région d’El Hamma à Gabès a construit la première serre de verre high-tech en Afrique du Nord, produisant des tomates « cœur de bœuf », initialement sur 4,5 hectares avant d’étendre la superficie à 20 hectares.

Son projet est venu densifier le réseau des serres géothermiques dans cette zone dont le nom El Hamma signifie chaude ou source chaude en arabe. En 2018 déjà, ce réseau s’étendait sur 128 ha, avec 11 entreprises et 40 petits agriculteurs associés depuis en coopérative de services.

En effet, une partie de la production, quoique petite, est écoulée par ces petits exploitants sur le marché local, via le marché de gros de Bir el Kassâa, à Tunis, mais dans l’anonymat total, faute de pratique du système des appellations d’origine et des labels, y compris pour les fruits et légumes ordinaires.

Ainsi, le consommateur peut constater, en ce moment, dans les rayons des grandes surfaces des quantités de pêches plates proposées sous le nom « pêches plates de Chine », alors qu’il s’agit d’une production 100% tunisienne.

Les seules filières où l’on rencontre des appellations d’origine sont celles de l’huile d’olive et du vin.

10 mille tonnes

En revanche, les exportateurs des légumes et fruits produits au moyen des eaux chaudes du Sud tunisien, qui sont les promoteurs des projets, les écoulent à l’étranger sous des appellations d’origine dont ils tirent d’ailleurs leur valeur commerciale.  

Sur le site web d’une autre entreprise internationale plus ancienne, GéoFresh, opérant dans le domaine, on lit en substance : « Depuis 2010, la société agricole internationale Essafa, dénommée « Géofresh », cultive à un niveau de qualité à l’image de l’exigence de ses clients. Nos serres implantées dans la région d’El Hamma, gouvernorat de Gabès, au sud tunisien, irriguées et chauffées par les eaux géothermales produisent le meilleur des fruits et légumes tunisiens. Tomate, cerise et cocktail, en grappe ou non, melon, piments, etc. Nos fruits et légumes répondent aux critères les plus stricts ».

A titre indicatif, d’après les chiffres officiels de mai 2023, les exportations des tomates grappes, produites dans le cadre du projet tuniso-néerlandais « Farhet Sahara », dans la zone géothermique de Gabès , ont atteint, actuellement, 7 mille tonnes.

« Les estimations portent sur la réalisation d’un volume d’exportation de ces tomates de 10 mille tonnes pour la saison 2023, a indiqué, à l’agence TAP, une source de la direction chargée du projet.

Mené sur une superficie de 40 ha, ce projet porte sur la culture de tomates en serres géothermiques et assure l’emploi de mille personnes dont 86 diplômés de l’enseignement supérieur.

Un programme d’extension de ce projet prévoit la réservation d’une superficie de 120 ha à la localité de Oudhref, aux environs de la ville de Gabès, pour la production de tomates dont l’irrigation sera assurée à travers une station de dessalement d’eau de mer, a affirmé la même source.

Office des eaux sahariennes

L’utilisation des eaux chaudes souterraines en agriculture dans la région d’El Hamma de Gabès est très ancienne, du moins aussi ancienne que l’oasis et le village d’El Hamma connus depuis la haute antiquité. Mais, c’est à partir de 1980 que des forages d’eau géothermale chaude ont été lancés, permettant ,dans le sillage, le développement de la géoserriculture où l’eau chaude pompée (65 à 70°C) est utilisée pour chauffer des serres cultivée en tomate, piment, pomme de terre, melon, pastèque, concombre… A la sortie, l’eau refroidie est utilisée pour l’irrigation de ces cultures. Le chauffage des serres permet d’accélérer la maturation des plantes et l’obtention de légumes et fruits précoces très demandés à l’exportation. Ainsi, les serres en géothermie se sont rapidement développées aussi bien dans la région de Gabès, Chenchou que Tozeur et Kébili pour couvrir une superficie d’environ 200 ha.

Mais, bientôt, des rapports et actions de recherche ont mis en garde contre cette extension  en l’absence d’une stratégie générale, s’agissant de ressources d’eaux fossiles et épuisables, à l’instar des eaux souterraines normales froides menacées d’épuisement suite à la surexploitation.

Les nouvelles autorités envisagent, d’ailleurs, de créer un Office des eaux sahariennes.

L’usage thermal à destination du grand public, en dehors du cadre de la commercialisation touristique restrictive, a été, en outre, occultée, à part quelques initiatives dans la ville d’El Hamma.

Cependant, les eaux chaudes de Stiftimi, aux environs de Kébili, par exemple, sont  des eaux qui ont une teneur très grande en souffre, et ne sont exploitées que localement à travers des petits bassins en ciment et sont très peu connues.

Toutefois, une opposition farouche au niveau local a été manifestée depuis l’indépendance contre l’exploitation touristique de toutes ces eaux chaudes du Sud tunisien, oubliant qu’ entre le mercantilisme touristique, et l’état naturel, existent des nuances.

S.B.H

- Publicité-

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -